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Liban - Partis

Rencontre Geagea-Frangié : pas imminente, mais de plus en plus inéluctable

Cette réunion vise « à tourner une page douloureuse de l’histoire », mais « n’est dirigée contre personne ». Et pourtant, son timing ne manque pas de susciter des interrogations...

Samir Geagea.

Au milieu du vide laissé par le retard dans la formation du gouvernement, une information est venue secouer la léthargie politique actuelle : des informations sur une possible rencontre « imminente » entre le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, et le président du parti des Marada, Sleiman Frangié. L’affaire est peu banale, puisque les origines de l’adversité, voire l’animosité, entre les deux parties remonte aux jours noirs de la guerre civile, plus précisément à l’assassinat de Tony Frangié, père de Sleiman, et de sa famille à Ehden en 1978, dans le cadre du conflit qui opposait en ce temps-là les Marada et les Kataëb, dont Samir Geagea était déjà un cadre militaire.

Cette rencontre, si elle a lieu, revêtira donc plus qu’une simple signification politique, une véritable symbolique historique permettant de tourner une page très sombre de l’histoire du Liban. Son timing aussi ne manque pas de susciter des interrogations, puisqu’elle intervient à un moment où les deux partis ont des relations pour le moins tendues avec le parti du président de la République Michel Aoun, le Courant patriotique libre, et son chef, le ministre Gebran Bassil. Faut-il comprendre ce rapprochement, même s’il n’est pas soudain et qu’il est en préparation depuis des mois, comme dirigé contre une tierce partie ?

C’est une information publiée sur le site de la MTV qui a mis le feu aux poudres. Elle est intitulée : « Une rencontre entre Frangié et Geagea dans quelques jours… et le leader des Marada annonce être le prochain président ». Dans cette information, où des sources proches de Sleiman Frangié (des « visiteurs ») sont citées abondamment, le leader des Marada aurait déclaré que « le terrain est désormais fertile pour des retrouvailles entre les deux parties, il suffira de mesures très simples pour que la rencontre ait lieu, et elle peut survenir à n’importe quel moment ». Et d’ajouter : « Les contacts avec les FL ont commencé avant l’accord de Meerab (NDLR : entre les FL et le CPL, ayant débouché sur le soutien de la candidature de l’actuel président de la République, Michel Aoun). Nous resterons opposés dans les choix stratégiques, et différents dans notre vision politique, mais nous aurons enfin tourné une page du passé. »

Citant davantage de sources, la MTV souligne que la rencontre « aurait lieu dans un lieu neutre, dans les prochains jours ».

Une source autorisée des FL nuance ces affirmations, soulignant à L’Orient-Le Jour que « ces données manquent de précision ». « On ne peut parler d’une réunion imminente ces prochains jours, poursuit cette source. Il est cependant vrai que les contacts se sont intensifiés ces derniers temps, et qu’ils devraient déboucher, à terme, sur une réunion entre les deux hommes pour tourner une page douloureuse du passé. Mais cela ne signifie pas qu’elle est imminente. »


(Lire aussi : Le « petit pas » de Nadim Gemayel à Zghorta)


Des visions convergentes
Interrogé par L’OLJ sur les détails d’une potentielle rencontre entre Samir Geagea et Sleiman Frangié, le député FL de Batroun Fady Saad affirme ne pas avoir de détails, tout en faisant remarquer que « le dégel entre les deux forces politiques a commencé à un rythme régulier depuis trois à quatre ans ». Le couronnement de tels efforts servirait bien évidemment à « tourner une page douloureuse du passé », sachant que, fait remarquer le député, « les Marada et nous, malgré nos différences en politique, avons des points de vue convergents sur de nombreux dossiers ayant trait à la vie quotidienne des Libanais et à la lutte contre la corruption ». « Dans l’absolu, nous tentons toujours de cultiver des espaces d’entente qui soient plus vastes que les espaces de conflit avec toutes les forces politiques », poursuit-il.

Au-delà de l’entente sur ces dossiers, le timing de cette future réunion ne suggère-t-elle pas un rapprochement en rapport avec la formation du gouvernement, notamment un refus conjoint du gouvernement de majorité tel que suggéré par le président de la République ? « Avant tout, il faut préciser qu’il n’y a aucune possibilité de former un gouvernement de majorité, pour la simple raison qu’il est impossible de dire quelle est cette majorité, affirme le député. Contrairement à l’époque des deux grands camps politiques du 8 et du 14 Mars, les blocs parlementaires s’entendent et divergent suivant les dossiers. Et dans le processus de formation du gouvernement, chaque bloc a des revendications qu’il a communiquées (aux responsables concernés), et qui sont fondées sur les résultats des élections. »


(Lire aussi : Nadim Gemayel : Il est temps de réaliser le rêve de Bachir)


Pas de front contre le CPL
Beaucoup avaient compris l’accord de Meerab (conclu le 18 janvier 2016) comme une volonté de bloquer la candidature de Sleiman Frangié à la présidence de la République. Une rencontre Geagea-Frangié aujourd’hui serait-elle dirigée contre le CPL, un parti avec lequel les deux formations entretiennent des relations en dents de scie ? « Il n’est pas vrai que les FL ont appuyé la candidature de Michel Aoun pour fermer la route à celle de Sleiman Frangié, affirme M. Saad. Nous nous y sommes engagés dans l’espoir de voir un président chrétien fort s’installer à Baabda et d’assister au renforcement de l’État. Malheureusement, ce n’est pas ce que nous observons depuis. »

Sur la création d’un éventuel front contre le CPL, notamment au vu du rapprochement perceptible des deux formations avec une tierce partie, le Parti socialiste progressiste (PSP) de Walid Joumblatt, Fady Saad insiste : « Nous ne désirons l’isolement d’aucune partie. Mais pour ce qui est du CPL, pouvez-vous nous dire de qui ils sont proches actuellement à part le Hezbollah ? Aucune de nos actions n’est dirigée contre eux, mais le problème se situe à leur niveau. »

Le député de Batroun explique le timing de ce rapprochement entre les FL et les Marada, et la potentielle future rencontre, par « l’urgence des dossiers socio-économiques ». « Nous n’avons plus le luxe d’attendre tranquillement que les choses empirent, affirme-t-il. Nous ne pouvons voir le pays s’effondrer sans réagir et sans briser cette stagnation ambiante. Et les contacts entre toutes les parties doivent être placés dans ce même cadre. »

Par ailleurs, une autre source bien informée confirme à L’OLJ que la réunion n’est pas imminente, bien qu’elle soit de plus en plus probable au vu du progrès effectué dans les contacts entre les deux parties, en précisant que le dialogue engagé entre elles est « très sérieux ». Selon cette source, l’objectif premier de cette réunion reste de tourner une page noire du passé et de purifier encore plus la scène chrétienne des ressentiments liés à la guerre, sans pour autant être dirigée contre quiconque.


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Au milieu du vide laissé par le retard dans la formation du gouvernement, une information est venue secouer la léthargie politique actuelle : des informations sur une possible rencontre « imminente » entre le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, et le président du parti des Marada, Sleiman Frangié. L’affaire est peu banale, puisque les origines de l’adversité, voire...

commentaires (6)

Il n'y a pas de passe-droit , geagix fera la queue comme tout le monde et attendra que le pressenti Sleimane ibn Tony ibn Sleiman veuille bien lui accorder une audience . Le Liban d'aujourd'hui, et je l'ai toujours dit ne se positionne plus par rapport à son appartenance religieuse communautaire , mais à son adhésion à la résistance ou pas .

FRIK-A-FRAK

13 h 19, le 02 octobre 2018

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Commentaires (6)

  • Il n'y a pas de passe-droit , geagix fera la queue comme tout le monde et attendra que le pressenti Sleimane ibn Tony ibn Sleiman veuille bien lui accorder une audience . Le Liban d'aujourd'hui, et je l'ai toujours dit ne se positionne plus par rapport à son appartenance religieuse communautaire , mais à son adhésion à la résistance ou pas .

    FRIK-A-FRAK

    13 h 19, le 02 octobre 2018

  • Encore des...si...probablement...peut'être... Allez, Messieurs, continuez de danser avec vos déclarations ! Nous le petit peuple, pendant ce temps, avons aussi beaucoup de pages à tourner: sans travail, donc sans salaire...comment payer notre loyer, les frais d'école de nos enfants, quoi manger aujourd'hui, etc., beaucoup de pages ! Mais vous, Messieurs, pendant ce temps, n'êtes occupés que de vos soucis de comment partager le gâteau du futur gouvernement. Une question, Messieurs, savez-vous encore que nous existons ??? Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 50, le 02 octobre 2018

  • UNE BONNE INITIATIVE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 42, le 02 octobre 2018

  • rencontre difficile , mais pas impossible, vu que M.Aoun avec qui M.Geagea a passé un formidable accord qui se retrouve ainsi dans le meme camp que Mr. Frangieh malgré leur appui aux interventions divines iraniennes et par extension a celles de la syrie via hezbollah, avec une différence de taille : celle qui veut que mr. Frangieh se déclare ouvertement et ostensiblement ami intime avec bachar assad. Comment contourner ce "TOUT PETIT HIC " ? Mr Geagea nous le fera gober pour sur.

    Gaby SIOUFI

    08 h 34, le 02 octobre 2018

  • MALHEUREUSEMENT GEAGEA COURT À GAUCHE ET À DROITE ET N'ARRIVE QU'À DES CATASTROPHES. MAINTENANT IL RÉALISE CE QU'IL NOUS A FAIT AVEC CE PRÉSIDENT FORT. AU LIEU DE SE RÉVEILLER DE SON RÊVE EN COULEUR, IL SE RAPPROCHE DE SLEIMAN 2 COMME SI C'ÉTAIT PAS ASSEZ AVEC SLEIMAN 1ER. VIVE L'IGNORANCE.

    Gebran Eid

    01 h 51, le 02 octobre 2018

  • Chaque rapprochement de partis libanais est à saluer.

    Sarkis Serge Tateossian

    01 h 47, le 02 octobre 2018

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