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À La Une - Liban

Hariri : Je citerai nommément ceux qui entravent la formation du gouvernement

La part du chef de l’État est une constante, affirme Bassil.

Le Premier ministre désigné Saad Hariri présidant la réunion de son bloc parlementaire, mardi 28 août 2018, à la Maison du Centre, à Beyrouth. A côté de M. Hariri, sa tante la députée Bahia Hariri. Photo Dalati et Nohra.

Le Premier ministre libanais Saad Hariri, désigné il y a trois mois pour former un nouveau gouvernement mais sans succès jusqu'ici, a prévenu mardi qu'il comptait citer nommément ceux qui entravent la naissance du nouveau cabinet, alors que le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, campait sur ses positions.

"Accélérer la formation du gouvernement est une responsabilité qui incombe à toutes les formations. Et le moment venu, je citerai nommément ceux qui entravent la formation du cabinet", a prévenu M. Hariri, à l'issue de la réunion de son groupe parlementaire.

Le Premier ministre s'est une nouvelle fois dit "en faveur d'un gouvernement d'union nationale, à condition que toutes les formations se sentent gagnantes, sans qu'une partie n'ait défait une autre".

"Je suis le Premier ministre désigné et je connais mes prérogatives. Si quelqu'un a des remarques, qu'il me les adresse", a ajouté M. Hariri. "Je ne suis pas concerné par les avis formulés par tel ou tel ministre. Je suis le Premier ministre désigné et je le resterai. Je forme le gouvernement en coopération avec le président de la République, point final". M. Hariri a fait savoir dans ce contexte qu'il a contacté par téléphone lundi le chef de l’État et qu'il s'est mis d'accord pour se réunir avec lui "prochainement", sans préciser de date. "Je vais me réunir avec plusieurs formations politiques, et si Dieu le veut, dans les deux ou trois prochains jours, quelque chose en sortira", a fait savoir Saad Hariri. En soirée, il s'est entretenu à la Maison du Centre avec les anciens Premier ministres Fouad Siniora et Nagib Mikati. L'ex-chef du gouvernement Tammam Salam était, lui, absent en raison d'un déplacement à l'étranger. La teneur des discussions n'a pas été rendue publique.


La part du président, "une constante"
Gebran Bassil a pour sa part répété mardi que la part du chef de l’État dans l'attribution des portefeuilles ministériels est une constante, au moment où cette question est l’un des obstacles à la formation du nouveau cabinet.

"Plusieurs ambassadeurs m’ont interrogé sur la formation du gouvernement. Je leur ai répondu à chaque fois, avec courtoisie et diplomatie, qu’il s’agissait d’une question d’ordre interne, et nous souhaitons que cet esprit prévale dans la formation du cabinet", a déclaré M. Bassil, à l’issue de la réunion hebdomadaire de son groupe parlementaire.

"La part ministérielle du président de la République ne dépend pas d’une période déterminée, et il ne faut pas répéter les erreurs stratégiques commises depuis l’accord de Taëf (1989) dans le but de réaliser des gains politiques", a mis en garde Gebran Bassil.

Le chef de l’État, Michel Aoun, est le fondateur du CPL qui est aujourd’hui dirigé par M. Bassil. De ce fait, les adversaires politiques du chef de l’État et du ministre sortant des Affaires étrangères s’opposent à ce qu’il y ait une distinction entre la part du CPL et celle du chef de l’État dans l’attribution des portefeuilles ministériels. Cette question est l’un des obstacles qui a jusque-là empêché Saad Hariri de former son gouvernement.


(Lire aussi : Vous avez dit « normalisation » ?, l'édito de Michel Touma )



Le retour des réfugiés syriens
Sur un autre plan, Gebran Bassil a estimé que la question des réfugiés syriens présents au Liban depuis 2011 "ne peut pas être réglée sans une décision nationale indépendante, et l’initiative russe consacre un équilibre au niveau international afin que ce retour ne soit pas lié à une solution politique". "Nous œuvrons pour le succès" de cette initiative, a ajouté M. Bassil. "Nous sommes appelés à chercher l’intérêt du Liban et de son économie, ainsi que celui du peuple syrien dans le cadre de ce retour, loin des intérêts régionaux", selon lui.

Saad Hariri a de son côté affirmé que "nous n'avons pas fermé les portes à la Syrie. Nous avons accueilli les réfugiés, et les partisans du régime (syrien) voyageaient à travers les aéroports (notamment celui de Beyrouth, ndlr). Que personne ne fasse de surenchère à ce sujet".

La question du retour des réfugiés divise la communauté internationale et suscite l'inquiétude de l'ONU et des organisations humanitaires qui ont mis à plusieurs reprises en garde contre tout retour forcé ou subi. La Russie, soutien indéfectible du président syrien Bachar el-Assad, a estimé la semaine dernière lors d'une rencontre avec la chancelière allemande Angela Merkel, que tout devait être fait pour permettre le retour des réfugiés en Syrie.

Le mois dernier, Moscou avait lancé une initiative pour le retour des réfugiés installés au Liban et en Jordanie. Dans ce contexte, Beyrouth a annoncé le 6 août la création de centres chargés d'enregistrer les demandes de Syriens souhaitant retourner chez eux. Damas a également dévoilé la création d'un comité chargé d'organiser le retour des réfugiés.

"Il y a une initiative russe et nous sommes en contact avec Moscou et M. Bassil. Nous voulons tous le retour des déplacés. Mais ce retour doit se faire de manière volontaire et avec l'aide internationale, mais aucune partie internationale n'est prête en ce moment à débourser un seul sou, et cette question demande du temps. Le débat ne se fait pas en dialoguant avec le régime (syrien) ou tout autre régime", a conclu M. Hariri. Les formations politiques libanaises favorables au régime du président Bachar el-Assad appellent ces dernières semaines à rétablir les relations avec Damas, une option rejetée par les forces politiques libanaises souverainistes, dont fait partie M. Hariri.


(Lire aussi : Pour le Futur et les FL, aucun lien entre le TSL et la formation du gouvernement)


Le TSL
En outre, le Premier ministre désigné a commenté les récents propos du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, concernant le Tribunal spécial pour le Liban qui juge les assassins de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri.

Le leader du parti chiite avait mis en garde dimanche contre les velléités de lier la formation du gouvernement au verdict attendu du TSL et conseillé à ses adversaires politiques de "ne pas jouer avec le feu".

"La position du Hezbollah concernant le TSL est claire depuis longtemps, il n'y a rien de nouveau à ce sujet. Ma position est également connue, depuis que j'ai annoncé depuis (le siège du Tribunal à) La Haye mon attachement au pays, en affirmant que la stabilité du Liban est l'essentiel", a affirmé Saad Hariri.

Le TSL avait annoncé mardi dernier avoir fixé du 11 au 21 septembre 2018 le dépôt des mémoires en clôture des parties et des victimes. Pour la première fois, l’accusation situe les motifs politiques des accusés dans le cadre de leur appartenance au Hezbollah. Mais contrairement à ce qu’avance Hassan Nasrallah, l’énoncé du verdict devra attendre la délibération de la chambre, qui devrait prendre quelques mois.


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commentaires (4)

Quand Mr. Hariri affirme qu’ il est en faveur « d’un gouvernement d’union nationale, à condition que toutes les parties se sentent gagnantes, sans qu’une partie n’ait défait une autre », c’est exactement là où le bat blesse! L’axe irano-syrien avec le CPL considèrent qu’ils ont gagné les élections législatives et ont défait l’axe Saudi-Occidental et les autres opposants, et donc ont droit à un gouvernement majoritaire et au blocage de toute initiative opposée: logique d’autocrates têtus qui n’ont aucune vision nationaliste et équilibrée pour l’avenir du pays ni de sens du dialogue! Mr Bassil est vraiment champion de la langue de bois quand il prétend en face des ambassadeurs que la formation du gouvernement est une question purement interne alors qu’il s’en remet aux russes pour le retour des réfugiés et à renouveler les contacts avec le despote de Damas... Non, je ne vois pas un gouvernement de sitôt!

Saliba Nouhad

00 h 55, le 29 août 2018

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Commentaires (4)

  • Quand Mr. Hariri affirme qu’ il est en faveur « d’un gouvernement d’union nationale, à condition que toutes les parties se sentent gagnantes, sans qu’une partie n’ait défait une autre », c’est exactement là où le bat blesse! L’axe irano-syrien avec le CPL considèrent qu’ils ont gagné les élections législatives et ont défait l’axe Saudi-Occidental et les autres opposants, et donc ont droit à un gouvernement majoritaire et au blocage de toute initiative opposée: logique d’autocrates têtus qui n’ont aucune vision nationaliste et équilibrée pour l’avenir du pays ni de sens du dialogue! Mr Bassil est vraiment champion de la langue de bois quand il prétend en face des ambassadeurs que la formation du gouvernement est une question purement interne alors qu’il s’en remet aux russes pour le retour des réfugiés et à renouveler les contacts avec le despote de Damas... Non, je ne vois pas un gouvernement de sitôt!

    Saliba Nouhad

    00 h 55, le 29 août 2018

  • ALLEZ CITEZ-LES ! MAIS EN EST-IL BESOIN PUISQUE TOUT LE MONDE CONNAIT GENDRISSIMO-BEAUPERIEN... OU LEFRATA ...

    LA LIBRE EXPRESSION

    21 h 11, le 28 août 2018

  • Je dois être le doyen de ceux qui écrivent dans ce coin réservé, je suis né dans période de Charles Debbas (1926-1934). J'ai connu toutes périodes présidentielles et gouvernementales jusqu'à aujourd'hui. La part ministérielle du président de la République n'a jamais existé et ne doit pas exister. Le temps du Premier ministre "bach-kateb" inventée par Béchara el-Khoury, Camille Chamoun etc. est révolu à jamais. La Cour royale et familiale joue avec le feu avec des allumettes provenant de l'Extérieur. Ce n'est pas la peine que Saad Hariri les cite. Toute la République les connaît.

    Un Libanais

    19 h 52, le 28 août 2018

  • "La part du chef de l'Etat"...C'est du gouvernement du Liban qu'il s'agit ou d'un gâteau qu'on se partage?

    otayek rene

    19 h 15, le 28 août 2018

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