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Liban - Gouvernement

Pour le Futur et les FL, aucun lien entre le TSL et la formation du gouvernement

Aoun met un bémol à ses allusions concernant une intervention de Baabda dans la crise ministérielle.

Saad Hariri, Melhem Riachi et Ghattas Khoury à la Maison du Centre, hier. Photo Dalati et Nohra

Il est vrai que le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah a fixé les grandes lignes de la prochaine phase en accordant la priorité à la formation du cabinet, loin de toute éventuelle normalisation précipitée avec la Syrie. Un objectif pour lequel le numéro un du parti chiite, le chef de l’État Michel Aoun et le Courant patriotique libre ont exercé un forcing durant les deux dernières semaines.

Mais c’est surtout l’appel de Hassan Nasrallah à « tous ceux qui expliquent le retard à former le gouvernement par l’attente du prochain verdict du Tribunal spécial pour le Liban » à « ne pas jouer avec le feu » qui risque de modifier la donne et de ralentir le processus gouvernemental. Voilà donc que le TSL est associé, en dépit du bon sens, au processus de mise sur pied du cabinet. Dans certains milieux politiques, on va même jusqu’à souligner que par ces propos, Hassan Nasrallah aurait tenté de mettre le Premier ministre désigné, Saad Hariri, au pied du mur, en le poussant à former une équipe taillée à la mesure du Hezbollah.

Dans un entretien à L’Orient-Le Jour, Farès Souhaid, président du Rassemblement de Saydet el-Jabal, connu pour sa farouche opposition au parti chiite et ses choix stratégiques, explique que cette position de Hassan Nasrallah intervient dans un contexte d’escalade iranienne pour faire face aux prochaines sanctions américaines contre la République islamique. « Le Hezbollah exerce un forcing pour une équipe ministérielle conforme à ses propres conditions, sous peine de chercher un substitut à Saad Hariri », souligne M. Souhaid, avant de poursuivre : « Mais il reste que le Premier ministre ne peut aucunement se plier aux conditions du parti de Hassan Nasrallah, dans la mesure où il risquerait de perdre sa crédibilité face à la communauté internationale. » Et d’ajouter : « Les conditions de formation du futur cabinet ne sont pas favorables à M. Hariri, d’où l’impasse actuelle. »


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Sauf que dans les milieux souverainistes, notamment chez le Futur et les Forces libanaises, on ne perçoit pas les choses sous cet angle. Loin de là. On n’établit aucun lien entre le TSL et les tractations gouvernementales. « Nous tenons à un gouvernement d’entente nationale. Sauf si M. Hariri décide un jour de ne pas intégrer ceux qui ont assassiné son père (Rafic Hariri) à son équipe », confie à L’OLJ un proche du Premier ministre. Il s’empresse, toutefois, de préciser que « Hassan Nasrallah a voulu préparer sa base populaire au verdict du TSL. D’autant que si le Hezb est officiellement accusé d’avoir assassiné Rafic Hariri, il fera face à un blocus généralisé ».

De même, le chef du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt a répondu à Hassan Nasrallah, tout en établissant une nette distinction entre le TSL et les négociations gouvernementales. S’exprimant à l’issue d’un entretien avec le président de la Chambre Nabih Berry à Aïn el-Tiné (tenu en présence de Teymour Joumblatt, député du Chouf), le leader de Moukhtara a rappelé que « le TSL existe, et le gouvernement libanais le finance depuis sa formation ». « Ce tribunal a accusé des gens. Mais cela ne peut arrêter le cours de l’histoire », a encore souligné M. Joumblatt, soulignant que « les échéances financières et économiques sont tout aussi importantes que le TSL ». « Laissons le tribunal accomplir son travail », a conclu Walid Joumblatt.

À son tour, Achraf Rifi, ancien ministre de la Justice et farouche opposant au Hezbollah, a répondu à Hassan Nasrallah. Il s’est adressé à lui, via Twitter, en ces termes : « Cessez de nous intimider. Celui qui joue avec le feu n’est autre que l’assassin de nos martyrs. Quand nous demandons que justice soit faite, nous plaidons pour la sécurité et la stabilité de notre société. L’opposé de la justice c’est de léguer la rancune et la vengeance à nos enfants. Et nous ne pardonnons pas quand il s’agit du sang de nos martyrs », a ajouté M. Rifi avant de poursuivre : « J’ai accompli mon devoir national et j’ai présenté au TSL les premiers indices sur l’assassinat (de Rafic Hariri). Mon accusation n’est pas politique, mais basée sur des preuves concrètes, à la faveur de mon poste sécuritaire (ex-directeur général des FSI). »


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Entre Moukhtara et Meerab…

La question du TSL n’est pas le seul élément à même de compliquer la mission de Saad Hariri. Il y a aussi les accusations lancées par le camp du 8 Mars contre l’Arabie saoudite qu’il soupçonne de s’ingérer dans le processus de formation de l’équipe Hariri. C’est dans ce cadre que s’inscrit le tweet posté hier par Jamil Sayyed, député de Baalbeck-Hermel, proche du Hezbollah. « Le 8 Mars et ses alliés ont gagné les législatives et chargé (Saad) Hariri de former le gouvernement, a souligné Jamil Sayyed. À l’étranger, on lui a demandé de retarder la mise sur pied du cabinet sous le prétexte de satisfaire les revendications de (Samir) Geagea et de Walid Joumblatt. Le fait de s’associer au comploteur l’encourage dans sa manœuvre. Il est de notre intérêt de ne pas participer (au gouvernement) et de leur permettre de former un cabinet sans nous. Laissons-les gouverner le pays comme ils veulent et ils échoueront », a écrit M. Sayyed dans ce qui sonne comme une critique à peine voilée aussi bien à Riyad qu’à M. Hariri.

Parallèlement, les négociations gouvernementales continuent de buter sur les nœuds chrétien et druze. Il s’agit du différend opposant le CPL aux FL autour de leurs quotes-parts gouvernementales respectives. Il y a aussi la querelle entre Walid Joumblatt et son principal rival druze, Talal Arslane, le premier soulignant que les résultats des élections législatives lui confèrent le droit de nommer les trois ministres de sa communauté. Une position qu’il a réitérée hier depuis Aïn el-Tiné. « Il n’y a pas de nœud druze. Nous avons remporté la bataille électorale et c’est un fait. Sauf s’ils veulent réorganiser le scrutin », a déclaré M. Joumblatt.

Le leader druze a par ailleurs tenu à adresser un message fort aux FL. « Il y a des choses illogiques. À titre d’exemple, lorsque les FL avaient huit députés, elles étaient représentées par quatre ministres. Il est illogique de leur accorder la même quote-part ministérielle avec un bloc parlementaire de seize députés », a-t-il dit, soulignant que « le poste de vice-président du Conseil n’existe pas dans les textes constitutionnels ».

Conscient de l’ampleur des résultats du scrutin de mai dernier, le parti de Samir Geagea campe sur sa position : « Nous ne ferons plus de concessions face aux tentatives de nous marginaliser. Nous voulons quatre portefeuilles, dont un régalien, ou quatre ministères consistants », souligne à L’OLJ un cadre FL, assurant que les contacts se poursuivent à ce propos avec le Premier ministre désigné, ainsi qu’avec les joumblattistes.


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Baabda temporise

Face à ce tableau, le président de la République, Michel Aoun, s’est contenté de souligner hier devant son homologue suisse, Alain Berset, qu’en vertu de la Constitution, le chef du gouvernement désigné devrait remettre au chef de l’État une mouture de la composition ministérielle. « Nous sommes encore dans la phase de la formulation des demandes devant le Premier ministre. Et j’attends qu’il mette sur pied une formule », a-t-il dit. Pour certains observateurs, M. Aoun se serait ainsi rétracté par rapport à une position antérieure, dans laquelle il avait déclaré qu’il pourrait intervenir personnellement pour accélérer le processus gouvernemental, à partir du 1er septembre.

Mais à Baabda, c’est une autre explication que l’on présente à L’OLJ. Le 1er septembre n’est pas une date définitive, mais un délai d’incitation, dit-on, soulignant que les modalités d’action du président sont à l’étude et que Michel Aoun attend l’issue d’une nouvelle phase de contacts que devrait mener Saad Hariri. Ce dernier a reçu hier le ministre sortant de l’Information, Melhem Riachi (FL) à la Maison du Centre, en présence du ministre sortant de la Culture Ghattas Khoury (Futur).



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08 h 00, le 28 août 2018

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    08 h 00, le 28 août 2018

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