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Liban - CPL-FL

Que reste-t-il de l’accord de Meerab ?

Pour Eddy Abillamaa, c’est la « convoitise » de Gebran Bassil qui a anéanti l’entente conclue le 18 janvier 2016.


Michel Aoun et Samir Geagea coupant le gâteau de la réconciliation interchrétienne, le 18 janvier 2016. Photo d’archives

Il ne manquait aux rapports perturbés entre le Courant patriotique libre et les Forces libanaises que leur différend autour de leurs quotes-parts respectives au sein de la future équipe ministérielle pour que la boucle se boucle. Ces tiraillements ont pris tellement d’ampleur qu’ils ont poussé le chef du CPL, Gebran Bassil, à déclarer en juillet dernier que « l’accord politique (de Meerab avec les FL) est caduc ». Il reste que d’aucuns s’attendent à un réchauffement des rapports entre les deux partis après la formation du gouvernement.

L’accord conclu le 18 janvier 2016, en vertu duquel le leader des FL avait appuyé la candidature de Michel Aoun à la première magistrature, stipule un partage égalitaire des portefeuilles chrétiens entre le CPL et ses alliés, d’une part, et les FL et leurs alliés, d’autre part. Sauf que, depuis le début des tractations gouvernementales, les deux partenaires se disputent les 15 sièges chrétiens (dans un cabinet de trente), loin des termes de cet accord. Le parti de Gebran Bassil a estimé qu’avec un bloc parlementaire de 29 députés (regroupant les candidats CPL et leurs alliés), il devrait avoir une quote-part ministérielle qui ferait le double de celle des FL (15 députés).

En face, Meerab a longtemps plaidé pour une représentation ministérielle égale à celle des aounistes (avec les alliés respectifs), conformément à l’accord de Meerab, dont la teneur a été dévoilée pour tenter de mettre fin à la querelle, sans succès. Conscient de l’ampleur des résultats qu’il a enregistrés lors des législatives, le parti de Samir Geagea a même demandé la vice-présidence du Conseil et cinq portefeuilles ministériels, avant de se limiter à quatre – dont un régalien –, sur demande du Premier ministre désigné, Saad Hariri.


(Lire aussi : Et si le « compromis présidentiel » était visé ?)


La part du président

Mais c’est surtout la dispute autour de la quote-part qui devrait relever du chef de l’État au sein de la future équipe ministérielle qui a détérioré les rapports CPL-FL.

Après avoir mené sa campagne électorale sous le signe de l’appui à la présidence, le CPL établit une nette distinction – quoique peu convaincante pour plusieurs protagonistes, dont les FL – entre sa propre représentation ministérielle et celle de Michel Aoun en sa qualité de président. Dans certains milieux politiques, on rappelle d’ailleurs que M. Aoun avait mené sa campagne présidentielle à partir de son positionnement en tant que « représentant le plus fort des chrétiens », dans la mesure où le courant aouniste représentait une écrasante majorité des chrétiens, à l’issue des législatives de 2005 et 2009.

En face, le parti de Samir Geagea estime que la quote-part présidentielle devrait être calculée avec celle des aounistes, sachant que l’entente de Meerab accorde trois ministres (dans une formule de trente) au locataire de Baabda.

La démission de Hariri, principal point de rupture

La querelle gouvernementale entre les deux formations chrétiennes, doublée d’accusations de marginalisation lancée contre Gebran Bassil, s’ajoute à d’autres désaccords qui ont rythmé les rapports entre les deux partis depuis le 18 janvier 2016. Il y a, bien entendu, les positions contradictoires quant au plan de production de l’électricité élaboré par le ministre sortant de l’Énergie, César Abi Khalil (CPL), auquel les FL ont exprimé une farouche opposition. Une position que les milieux aounistes interprètent comme une grave infraction à l’accord de Meerab, qui stipule l’appui au mandat actuel. Les formations de MM. Geagea et Bassil ont également échoué à s’allier lors des dernières législatives. Un choix qu’elles expliquent par les minutieux calculs dictés par la nouvelle loi électorale et le vote préférentiel.

Mais c’est surtout l’épisode de la démission surprise de Saad Hariri, annoncée le 4 novembre 2017 depuis Riyad, qui a porté un sérieux coup aux relations des partenaires chrétiens.


(Pour mémoire : Gouvernement : Bassil et Geagea plus que jamais à couteaux tirés)


Dans un entretien accordé à L’Orient-Le Jour, Eddy Maalouf, député CPL du Metn, souligne que « la démission de M. Hariri est la raison majeure de la querelle avec les FL. (Ce parti) n’aurait pas dû se montrer favorable à un épisode qui aurait anéanti le pays ». « Les attaques FL contre Gebran Bassil et le CPL font du tort surtout aux partis chrétiens du 14 Mars, à l’instar des Kataëb et du Parti national libéral », ajoute-t-il, assurant que « le retour à la normale avec les FL suppose une révision de l’entente de Meerab. Mais cela ne peut avoir lieu avant la mise sur pied d’un cabinet qui respecterait un critère unifié ».

M. Maalouf tient, toutefois, à assurer que la réconciliation interchrétienne scellée par l’accord de 2016 est irréversible, en dépit des querelles liées à la politique politicienne.

Cette distinction est également de mise chez les FL. Dans une interview accordée à la Voix du Liban 93,3, le ministre sortant de l’Information, Melhem Riachi, a affirmé que les rapports entre sont parti et le chef de l’État sont « bons ». « Le président, le Dr Geagea et le patriarche maronite tiennent à la réconciliation qu’ils considèrent sacro-sainte », a-t-il assuré. « Ceux qui tentent d’anéantir cette réconciliation seront maudits par l’histoire (...) parce qu’elle concerne tous les chrétiens », a encore dit M. Riachi.

Eddy Abillama, député FL du Metn, estime dans une déclaration à L’OLJ que « c’est la convoitise de Gebran Bassil qui a anéanti l’accord de Meerab ». « Pour normaliser les rapports, il faut que ce texte soit appliqué comme cela se doit », souligne M. Abillama, notant que « le chef du CPL s’est contenté de la mise en application du point relatif à la présidentielle ». Mais « la réconciliation tient toujours. Et nous espérons que Michel Aoun jouera un rôle positif pour l’amélioration de nos rapports avec le CPL », conclut-il.



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commentaires (4)

Qui a cru à cet accord ? seuls les naïfs !!!!!!!

FAKHOURI

00 h 12, le 28 août 2018

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Commentaires (4)

  • Qui a cru à cet accord ? seuls les naïfs !!!!!!!

    FAKHOURI

    00 h 12, le 28 août 2018

  • La verite derriere tout cela c'est la Presidence dans quelques annees ( Que Dieu prete vie a M Aoun ) Bassil la veut surement mais en fait c'est au tour de Geagea de la prendre d'ou les difficultes de constituer un gouvernement en c emoment De toute facon ce n'est ni l'un ni l autre qui decideront , .C'est evident qui decidera si rien ne change entre temps dans le pays

    LA VERITE

    12 h 20, le 27 août 2018

  • BIEN SUR QU'IL EN RESTE QQ CHOSE, BEAUCOUP MEME : L' AMERTUME , LA DECEPTION .

    Gaby SIOUFI

    10 h 15, le 27 août 2018

  • NAPOLEON A DIT : CHERCHEZ LA FEMME ! ICI ON VOUS DIT : CHERCHEZ LE GENDRISSIME-BEAUPERIEN ! LE MAL A UNE RACINE !

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