Nouvelle attaque au vitriol hier de Talal Arslane contre Walid Joumblatt. Photos ANI
La discorde entre le chef du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt, et le ministre sortant des Déplacés et chef du Parti démocrate, Talal Arslane, au sujet de la répartition des portefeuilles druzes au gouvernement s’est envenimée ce week-end, M. Arslane allant jusqu’à menacer M. Joumblatt de publier une liste des personnes que ce dernier aurait ordonné de tuer durant la guerre civile. « Des dizaines voire des centaines de familles dans la Montagne sont témoins du meurtre d’innocents et nous sommes en train de préparer une liste nominative des victimes de Hasbaya au Chouf en passant par Aley, Beyrouth, Rachaya et le Metn. Ils ont été liquidés sur une décision dont seul Joumblatt est le responsable », a déclaré Talal Arslane hier dans un communiqué incendiaire.
Interrogé par L’Orient-Le Jour, un proche de M. Arslane a assuré que les propos du député du Chouf étaient « une réaction à la campagne menée contre lui par M. Joumblatt et ses proches aux niveaux personnel et politique, campagne qui constitue une tentative de l’annihiler ». « Les membres du PSP passent leur temps sur les réseaux sociaux à s’en prendre à M. Arslane avec des propos insultants et irresponsables, sur ordre de M. Joumblatt », a poursuivi le responsable. Une source du PSP contactée par L’OLJ a refusé pour sa part de commenter les propos du chef du Parti démocrate, dans une tentative manifeste de ne pas provoquer de montée aux extrêmes.
L’ancien député druze Wi’am Wahhab s’est invité hier dans le débat et a appelé Talal Arslane au calme. « Rien ne justifie la discorde que M. Arslane est en train de réveiller. Les druzes ont besoin de recouvrer leurs droits, pas de disperser leurs rangs », a-t-il écrit sur Twitter.
Le député druze de Hasbaya Anouar el-Khalil a pour sa part pris position en faveur de M. Joumblatt lors d’une rencontre hier après-midi avec des habitants du caza de Hasbaya. « Le nœud technique (dans la formation du gouvernement) est celui du conflit interchrétien, et vouloir faire croire qu’il y a un nœud druze est une tentative de fausser les pistes. Les druzes se sont exprimés lors des législatives et ont fait savoir quels étaient leurs députés et quelle était la partie qui devait les représenter dans le prochain gouvernement », a-t-il estimé.
(Lire aussi : Face à Bassil, Geagea rompt avec la politique d’apaisement)
Riachi monte au créneau
Les accusations de M. Arslane sont intervenues alors que les deux formations druzes s’écharpent sur leurs quotes-parts respectives au sein du gouvernement en gestation. Quant à la polémique entre les partis chrétiens, le ministre sortant de l’Information, Melhem Riachi (Forces libanaises), est monté au créneau samedi soir dans un discours prononcé à Jbeil pour la commémoration des 13 ans de la remise en liberté du chef des FL, Samir Geagea. « Nous n’accepterons pas moins que cinq ministres (…). Tout ce qui nous importe, c’est que chacun soit représenté selon son poids », a-t-il déclaré à l’adresse du Courant patriotique libre.
« Samir Geagea, que j’ai l’honneur de représenter lors de cette rencontre à Jbeil, m’a appris que même si mon frère m’a énervé, qu’il soit musulman ou chrétien, il restera mon frère (…). Il m’a appris l’importance de la réconciliation », a-t-il dit, en allusion au conflit entre les deux partis chrétiens. « Il est vrai que l’accord de Meerab a subi des dégâts majeurs, mais nous avons insisté sur le fait que ces dégâts ne doivent pas affecter la réconciliation chrétienne que Michel Aoun et Samir Geagea ont qualifiée de sacrée et d’historique, car cette entente persistera alors que les accords politiques sont temporaires », a-t-il ajouté.
Même son de cloche chez le député FL de Jbeil, Ziad Hawat. « Nous n’accepterons pas de gouvernement sans une juste représentativité des FL (…). Gebran Bassil est en train de saper les accords en vigueur et de mettre des bâtons dans les roues », a souligné M. Hawat dans un entretien samedi à Radio Liban libre.
Commentant la relation en chute libre entre le CPL et les FL, le député CPL de Beyrouth Nicolas Sehnaoui a pour sa part affirmé, dans un entretien dimanche sur Radio Liban, que le courant aouniste « ne refuse pas un ministère régalien aux FL, mais à condition que ce ne soit pas à ses dépens, surtout que l’accord politique entre les deux parties est terminé ». Concernant la discorde druze, M. Sehnaoui a estimé que « le poids électoral » de Walid Joumblatt est de deux portefeuilles au lieu de trois et que Talal Arslane a le droit d’être représenté au gouvernement. Enfin, face aux propos tenus dernièrement sur la possible mise à l’écart de Saad Hariri, Nicolas Sehnaoui a assuré que le dialogue est toujours d’actualité entre le chef du CPL, Gebran Bassil, et M. Hariri, et que ce dernier doit appliquer la même règle à tous au sujet de la formation du gouvernement.
(Lire aussi : La semaine prochaine sera « décisive » pour la formation du cabinet, selon Aoun)
Les députés du Akkar défendent Hariri
Prenant la défense du Premier ministre que d’aucuns accusent de « manquer de sérieux » et que d’autres menacent de destitution, les députés du Akkar Tarek Merhebi et Mohammad Sleimane ont affirmé samedi dernier que les prérogatives de Saad Hariri étaient intouchables. Ainsi, M. Merhebi a souligné dans un communiqué que le Premier ministre « est maître de lui-même et dispose de larges prérogatives que la Constitution lui a donné, en accord avec le président de la République ». « Ce qui est dit qui touche au statut du Premier ministre ne change rien au fait que M. Hariri est un leader national et le premier représentant des sunnites au Liban », a-t-il dit, dans une volonté de bloquer ce que d’aucuns dénoncent comme une dérive présidentaliste de la part de Baabda.
Mohammad Sleimane a pour sa part appelé à « respecter la Constitution et ne pas créer de nouveaux usages qui vont mener à plus de discordes ». « La sagesse de Saad Hariri et son comportement responsable ainsi que son souci de préserver l’unité nationale vont aboutir au final à la formation du gouvernement. La politique du chantage ne fonctionnera pas. Les prérogatives du Premier ministre dictées par l’accord de Taëf sont claires », a souligné le député lors d’une rencontre avec le directeur du waqf islamique, cheikh Malek Jdaidé, et des notables de la région hier.
Du côté du Hezbollah, le directeur exécutif du parti, Hachem Safieddine, a appelé les politiques à « se mettre au travail » au plus vite. « Il faut régler rapidement les problèmes économiques et sociaux dont souffrent les gens », a-t-il dit lors d’une célébration de la « victoire » de juillet 2006 dans le Sud. Le député de Tyr Ali Khreiss (Amal) a quant à lui appelé la formation rapide « d’un gouvernement d’union nationale qui réunira toutes les parties sans exclure personne et qui respectera les poids de chacun selon les résultats des législatives ». « Nous appelons tout le monde à faire des concessions pour le bien du Liban », a souligné le député lors d’une célébration partisane samedi dans le Sud.
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commentaires (7)
ARSLANE A PARLÉ D'UNE LISTE ......IL DOIT MAINTENANT PARLER, IL N,A PLUS LE DROIT AU SILENCE.
Gebran Eid
20 h 27, le 23 juillet 2018