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À La Une - Liban

HRW révèle les détails des allégations de tortures subies par Ziad Itani

Le dramaturge, faussement accusé pour intelligence avec Israël, a été retenu dans un centre de détention informel.

Ziad Itani portant un portrait du Premier ministre désigné Saad Hariri le jour de sa libération, le 13 mars 2018.. Photo Anwar Amro/AFP

L’acteur Ziad Itani, emprisonné pendant quatre mois après avoir été faussement accusé d'intelligence avec Israël, a été torturé dans un centre de détention informel pour le forcer à signer des aveux, affirme lundi l’organisation de Défense des droits de l’Homme Human Rights Watch, qui demande aux autorités libanaises d’enquêter sur les multiples accusations de torture de personnes arrêtées. Dans un communiqué, HRW précise que M. Itani lui a raconté par le menu son épreuve en mars, après sa libération, mais qu’il avait demandé à l'ONG de surseoir à la publication de ces détails jusqu’à présent.

M. Itani a déclaré à l’ONG avoir été emmené, après son arrestation en novembre 2017, dans ce qui semblait être un centre de détention informel, et conduit dans “une salle préparée pour la torture” peinte entièrement en noir et avec des crochets au mur. Dans cette pièce se trouvaient six hommes en civil, dont l’un l’a accusé de “parler aux Israéliens”. Il a indiqué ne pas avoir vu d’hommes en uniforme, de drapeau ou d’emblèmes officiels, ni d’autres détenus.
Pendant six jours, des hommes en civil l’ont battu de façon répétée, l’ont pendu par les poignets, lui ont lancé des coups de pied à la figure, lui ont marché sur le visage, l’ont menacé de viol et menacé sa famille de violences physiques et de poursuites judiciaires, a déclaré M. Itani à HRW. Selon l’acteur, il a été soumis à ces tortures par des hommes qui relèveraient de la Sécurité de l’Etat, jusqu’à ce qu’il signe des aveux et soit traduit devant le tribunal militaire. Le 28 novembre, les hommes l’ont remis à la police militaire, qui l'a placé à l'isolement pendant 54 jours. “Aucun médecin ne m’a examiné, j’avais le corps couvert de bleus et je crachais du sang, je n’arrivais plus à parler”, a-t-il affirmé à HRW.

Le dramaturge indique en outre avoir averti le premier juge d’instruction militaire, Riad Abu Ghaida, quand il l’a rencontré le 18 décembre, qu’il avait été torturé. Il lui a également montré des traces de violences, notamment aux poignets. Le juge a ordonné un examen médical par un médecin militaire, qui n’a cependant pas enquêté sur l’accusation de torture.

HRW indique avoir écrit à la Sûreté de l’Etat et au bureau du procureur général mais ne pas avoir reçu de réponse claire. L’ONG appelle les autorités libanaises à faire la lumière sur les allégations de torture de M. Itani, d’autant plus, souligne-t-elle, que le Liban a adopté en novembre dernier une loi criminalisant la torture.


(Pour mémoire : Affaire Suzanne el-Hajj : Itani affirme avoir été battu lors de son interrogatoire)


Human Rights Watch et des ONG libanaises ont pendant des années rassemblé des rapports crédibles de torture au Liban, souligne le communiqué, accusant les autorités libanaises de juger de façon routinière des civils, dont des enfants, devant un tribunal militaire, et d’obtenir des aveux sous la torture de civils traduits devant le tribunal militaire pour des cas de terrorisme ou d’atteinte à la sécurité du pays.

M. Itani, accusé d’intelligence avec Israël sur la base de fausses preuves fabriquées par un pirate informatique, avait été emprisonné à tort pendant quatre mois avant d’être libéré le 13 mars. L’ancienne directrice au sein des Forces de sécurité intérieure Suzanne el-Hajj est en effet accusée d’avoir "utilisé les services du pirate informatique Élie Ghabach pour fabriquer des conversations afin de faire accuser Ziad Itani d’avoir pris contact avec une jeune Israélienne". Suzanne el-Hajj avait perdu son poste à la suite du retweet d’un message ironique sur les femmes en Arabie saoudite. Un certain Ziad Itani avait diffusé la capture d’écran de son retweet et la fonctionnaire aurait monté l’affaire pour se venger, mais se serait trompée de victime en raison de l’homonymie. Elle a été arrêtée le 2 mars par les services de renseignement des FSI et est poursuivie pour pour fabrication de fausses preuves contre le dramaturge Itani et pour "cyberattaques et piratage visant des sites de ministères, d’institutions sécuritaires et de banques libanaises, de sites d’information et d’autres sites, au Liban et à l’étranger".


Pour mémoire
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