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Liban - Services

Affaire Itani : des accusations en justice et en politique

Le ministre de l’Intérieur, Nouhad Machnouk. Photo tirée de la page Facebook du ministre

Le récent rebondissement dans l’affaire Ziad Itani est digne d’un thriller hollywoodien truffé de tous les ingrédients du suspense et du sensationnalisme, sur fond d’une guerre de services et d’un bras de fer politique que le contexte électoral ambiant a contribué à exacerber à outrance.

Après le coup de théâtre de vendredi soir où l’on apprenait, suite à un tweet lancé par le ministre de l’Intérieur Nouhad Machnouk, que les accusations de collaboration avec Israël imputées à l’acteur Ziad Itani étaient « montées de toutes pièces » et que l’auteur de ce complot ne serait autre que l’ancienne directrice du bureau de lutte contre la cybercriminalité au sein des Forces de sécurité intérieure (FSI), Suzanne el-Hajj-Hobeiche, l’affaire s’est embrouillée lorsque les politiques se sont mis de la partie, enclenchant une valse d’accusations qui a fini par obscurcir un peu plus une affaire déjà assez complexe.

Arrêtée vendredi pour son rôle présumé dans la fabrication d’accusations à l’encontre de Ziad Itani, Mme el-Hajj a été entendue par les SR des FSI durant le week-end. Elle est soupçonnée d’avoir « utilisé les services d’un pirate informatique pour fabriquer des conversations afin de faire accuser Ziad Itani d’avoir pris contact avec une jeune Israélienne ». Le pirate, E. Gh., serait passé aux aveux, aurait reconnu avoir agi à la demande de Mme el-Hajj et confirmé les accusations portées contre lui. Selon des sources concordantes, les enquêteurs ont saisi les enregistrements d’une conversation qu’il aurait eue avec la commanditaire de l’opération.

En novembre, la Sûreté générale libanaise avait assuré que l’acteur aurait eu « pour mission de surveiller un groupe d’hommes politiques de haut niveau (...) et d’obtenir des détails sur leur vie et leur travail ». En décembre, il avait été déféré devant la justice militaire.


(Lire aussi : Tous les autres s’appellent Ziad, l'édito de Ziyad MAKHOUL)


Suzanne el-Hajj avait perdu son poste à la suite d’un retweet « malheureux » d’un message ironique contre les femmes en Arabie saoudite. Un certain Ziad Itani avait diffusé la capture d’écran de son retweet et, selon les informations qui ont fuité durant le week-end, Mme el-Hajj aurait monté l’affaire pour se venger, mais se serait trompée de victime en raison de l’homonymie.

E. Gh. aurait également avoué avoir été sollicité par Suzanne el-Hajj pour infiltrer d’autres comptes appartenant notamment aux ministères de l’Intérieur et des Affaires étrangères.

Une source qui suit de près ce dossier a affirmé à L’Orient-Le Jour que Mme el-Hajj « recourrait souvent à de jeunes hackers pour pirater les comptes de personnalités politiques publiques afin de les faire chanter. C’était pratique courante chez cette grande experte en informatique », commente la source.

Selon la chaîne LBCI, ce qui aurait mis la puce à l’oreille des membres des services de renseignements des FSI, qui se sont saisies plus tard du dossier sur ordre de la justice, est « l’informateur » qui avait fourni les premières informations à la Sûreté de l’État sur l’implication présumée de Ziad Itani, en novembre dernier, et qui n’était autre que le pirate E.Gh. aujourd’hui aux mains des enquêteurs des FSI.

Démarche inhabituelle, le procureur général près la Cour de cassation, Samir Hammoud, est sorti hier de son mutisme à deux reprises pour clarifier certains points relatifs à cette affaire en s’adressant aussi bien à la LBCI qu’à la chaîne al-Jadeed. Il entendait notamment répondre aux accusations lancées par Wi’am Wahhab contre « les lacunes qui ont entaché l’instruction menée par le juge Riad Abi Ghida ». Auparavant, le juge Hammoud avait démenti les informations selon lesquelles il y aurait eu « pression » pour transférer l’enquête des mains de la Sûreté de l’État à celles des FSI. Le juge Hammoud a indiqué que lors de l’enquête, la justice a pu obtenir de nouveaux éléments et preuves « de nature technique ». « C’est ce qui a motivé ma décision de superviser personnellement ce dossier », a-t-il dit.


(Pour mémoire : Les interrogations autour de l’arrestation de Ziad Itani se multiplient)


Les politiques s’en mêlent
Samedi, le président Michel Aoun, le Premier ministre Saad Hariri ainsi que d’autres responsables politiques avaient appelé à ne pas politiser l’affaire Itani.  Ils réagissaient au tweet diffusé vendredi par M. Machnouk qui avait affirmé que « l’acquittement ne suffit pas » et que « tous les Libanais doivent s’excuser auprès de Ziad Itani ».

Dès son retour de Riyad, le Premier ministre a appelé à sortir ce dossier de la surenchère politique. « Cette question n’a rien à voir avec les élections. Je défie quiconque de pouvoir prouver que cette affaire est politisée », a lancé M. Hariri, en réponse à tous ceux qui ont vu dans l’annonce, faite vendredi par M. Machnouk, une exploitation à des fins électorales.

Saluant sur un pied d’égalité les efforts déployés par la Sûreté de l’État et par les FSI, ainsi que « la coopération » entre les deux services, le chef du gouvernement a toutefois reconnu que « des erreurs peuvent parfois se produire ». « Il faut cesser de dire tel service de sécurité relève d’untel », a-t-il ajouté, rejetant la thèse selon laquelle chaque service de sécurité relève d’un camp politique donné.

Entre-temps, une autre polémique a éclaté entre M. Machnouk et le ministre de la Justice, Salim Jreissati, qui a affirmé à l’adresse de son collègue de l’Intérieur que le « peuple libanais n’est tenu de présenter des excuses à personne, surtout lorsque cette demande consiste à présenter des lettres de créance électorales ». M. Jreissati a également critiqué le comportement hâtif du ministre de l’Intérieur qui, a-t-il dit, « n’est pas censé se prononcer sur l’innocence de Ziad Itani en lieu et place de la justice, qui est seule habilitée à le faire ».

La réponse de Machnouk
« Personne ne sait mieux que moi ce que c’est que d’être la victime d’un piège ou d’une conspiration et d’être, du jour au lendemain, accusé d’être un espion israélien », a réagi M. Machnouk dans une tribune distribuée aux médias locaux via l’Agence nationale d’information. « En ce qui concerne mes propos sur l’innocence de M. Itani, qu’on m’a accusé d’avoir tenus pour des considérations électorales, je dis que les oppresseurs ne savent pas ce qu’est l’injustice (...). Que les accusateurs reviennent à la raison. Pourquoi ceux qui me critiquent ne préfèrent pas exprimer leur soutien à Ziad Itani et à sa famille », ajoute également ce texte.


Le récent rebondissement dans l’affaire Ziad Itani est digne d’un thriller hollywoodien truffé de tous les ingrédients du suspense et du sensationnalisme, sur fond d’une guerre de services et d’un bras de fer politique que le contexte électoral ambiant a contribué à exacerber à outrance. Après le coup de théâtre de vendredi soir où l’on apprenait, suite à un tweet lancé par...

commentaires (5)

Le peuple doit offrir des excuses pour une erreur des politiciens... Et qui s'excuser à au peuple pour: Les ordures partout Le manque d'électricité La sécu sociale médiocre La guerre de 2006 L'immigration des jeunes La fuite des cerveaux Le manque de touristes Les tiraillements par les soi-disants forces régionales Le m'enfoutisme de s politiciens apprentis sorciers Et la liste n'en finit pas... Allah yesseiidna

Wlek Sanferlou

02 h 25, le 06 mars 2018

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Commentaires (5)

  • Le peuple doit offrir des excuses pour une erreur des politiciens... Et qui s'excuser à au peuple pour: Les ordures partout Le manque d'électricité La sécu sociale médiocre La guerre de 2006 L'immigration des jeunes La fuite des cerveaux Le manque de touristes Les tiraillements par les soi-disants forces régionales Le m'enfoutisme de s politiciens apprentis sorciers Et la liste n'en finit pas... Allah yesseiidna

    Wlek Sanferlou

    02 h 25, le 06 mars 2018

  • MAIS POURQUOI DONC TOUT CE TAPAGE ? Machnouk n'est certainement le 1er NI le dernier a demander a ce que le peuple presente des excuses ! plusieurs autres avant lui l'avaient fait sans voir des reactions de la part de ce/ces peuple(s). Apres tout C'EST LE PEUPLE QUI A LE 1ER ET LE DERNIER MOT dans toute democratie pas vrai ? Ceci dit- sur que LUI & beaucoup d'autres dont les 3 presidents devraient EUX AUSSI-EUX SURTOUT presenter leurs excuses a Z Itani & au PEUPLE !

    Gaby SIOUFI

    11 h 03, le 05 mars 2018

  • DU DOUBLET : L,HEBETUDE ET L,ABRUTISSEMENT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 08, le 05 mars 2018

  • Dommage qu'elle se soit brûlée si bêtement et si méchamment... L'être humain agit parfois sans penser une seconde aux conséquences de ses actes. On se demande à quoi lui servent son cœur et son cerveau...

    NAUFAL SORAYA

    07 h 49, le 05 mars 2018

  • au minimum, il faut une demission du patron de la surete de l'etat et du ministre de l'interieur. le premier parceque suzanne hajj releve de son service et le second pour sa gestion catastrophique du dossier....sans parler de sa demande a ce que le peuple Libanais s'excuse aupres de ziad itani...alors qu'on a rien a voir avec cela... yalla bon debarras a cette clique incapable et onereuse

    George Khoury

    06 h 29, le 05 mars 2018

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