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Culture - Entretien

Hiam Abbass à « L’OLJ » : L’identité arabe n’est pas une et unique

Après avoir présidé l’ouverture du Festival des cinés arabes à l’IMA, l’actrice et réalisatrice a repris la route d’Avignon pour présenter la pièce de Georges Bernanos, « La France contre les robots ». Un même combat qu’elle mène sur tous les fronts à travers un seul langage artistique, pour le bonheur des générations futures.

Hiam Abbass à l’ouverture du Festival des cinés arabes avec Jack Lang, président de l’IMA. Photo Thierry Rambaud

Au bout du téléphone, une voix éraillée, qui regorge de multiples expériences et de mille échos humains qui résonnent en elle, dans sa chair et dans son esprit. Actrice et réalisatrice au cinéma comme au théâtre, Hiam Abbass n’est pas une. Elle est multiple. Elle est un pont entre l’Occident et l’Orient. Une passerelle, qu’elle veut toujours accessible. Elle est simplement engagée pour l’humain. 

Née à Nazareth, la jeune fille suit des cours de théâtre durant sa scolarité, puis s’engage dans des études de photographie à Haïfa pour enseigner par la suite cette discipline à l’Université de Bir Zeit. Avant de s’installer à Londres, puis à Paris, elle devient comédienne de théâtre à Jérusalem. C’est ensuite que le cinéma l’interpelle. Elle joue dans plusieurs films, notamment Les Citronniers d’Eran Riklis, qui gagne le prix du public à Berlin et nombreux autres prix d’interprétation. Paradise Now de Hani Abou Assaad (nommé aux Oscars), Munich de Steven Spielberg, Désengagements et Free Zone d’Amos Gitaï, mais aussi The Visitor de Tom McCarthy, dans lequel elle donne la réplique à Richard Jenkins et Amreeka de Cherine Daabis sont autant d’œuvres qui s’ajoutent à son palmarès. Récemment, on a pu la voir dans Insyriated de P. Van Leeuw et dans Blade Runner de Denis Villeneuve. Hiam Abbass a aussi prêté sa voix à Jinane dans Azur et Asmar et surfe entre le cinéma et le théâtre où elle joue Carmen de Georges Bizet, Phèdre, les Oiseaux de Frédéric Boyer ou In the Eyes of heaven de Rachid Benzine. Mais l’artiste ne s’arrête pas là et passe souvent derrière la caméra. 

Après avoir exprimé son immense plaisir à avoir conçu la pièce de Bernanos avec Jean-Baptiste Sastre, qui se joue jusqu’au 29 juillet à Avignon (à ne pas rater...), Hiam Abbass se dit aussi ravie d’avoir présidé le Festival des cinés arabes qui lui tient à cœur. « J’avais été très peinée il y a dix ans par son interruption. Cela a été une grande joie pour moi quand j’appris que Jack Lang l’avait initié de nouveau. » 

 Porte-parole
 « Ce festival a une grande signification à mes yeux. Il a pour fonction de dissiper d’abord tous les amalgames actuels et possibles, notamment ne plus confondre nationalité et nationalisme, et définir ce qu’est exactement cette nationalité arabe, ce nœud inextricable. L’Arabe n’est pas une seule personne. Chaque pays a ses propres crises, rêves ou ambitions. Par conséquent tout Arabe n’est pas Daech, ou simplement musulman, comme l’Occident a tendance à le profiler », tient-elle à préciser. « Le Festival des cinés arabes est ainsi un lieu de rencontre des identités arabes et il est bon qu’il se tienne dans un pays neutre comme la France, où la seule identité serait cinématographique. Sur cette plate-forme commune, tous ces artistes venus de tous les pays arabes vont, à travers leurs questionnements, éclaircir le paysage sociétal de leur environnement. Petit à petit, ces talents posent les graines pour de nouvelles générations. Leurs projets sont parfois plus ambitieux et plus audacieux que ceux de l’Occident, et avec moins de moyens financiers. » Et d’ajouter : « Tous ces cinémas arabes sont une réponse proposée à toutes les interrogations, mais aussi forment un rempart contre les séries télévisées qui représentent l’opium des peuples. » 

 Ce cinéma arabe se porte donc bien ? Elle répond sans hésiter : « Je suis fière de ces cinés arabes qui se sont épanouis en ce mois de juillet à l’IMA et d’autant plus fière de présenter en même temps Bernanos à Avignon. Cet écrivain mort en 1948 et qui parlait déjà d’identité, d’humanité et de démocratie, a des paroles qui résonnent encore dans le monde de l’art. Une résonance bien particulière pour ce 7e art du Moyen-Orient, jeune et prometteur. » 

Enfin, avant de rejoindre le théâtre des Halles de la cité des papes, Hiam Abbass se hâte de conclure par ces mots : « Je ne suis pas là pour faire de la démagogie, ni pour lancer des slogans, mais pour préparer nos enfants à être heureux. Nous leur avons créé un monde destructeur et nous jouons aux innocents. Assumons nos responsabilités et tentons de transformer leur quotidien avec ce que nous savons faire de mieux : l’art. »



Pour mémoire 

Quand la guerre frappe à vos portes, qu’est-ce qui vous reste à faire ?

Au bout du téléphone, une voix éraillée, qui regorge de multiples expériences et de mille échos humains qui résonnent en elle, dans sa chair et dans son esprit. Actrice et réalisatrice au cinéma comme au théâtre, Hiam Abbass n’est pas une. Elle est multiple. Elle est un pont entre l’Occident et l’Orient. Une passerelle, qu’elle veut toujours accessible. Elle est simplement...

commentaires (2)

La France n'est pas un pays neutre , on écrit ici "un pays neutre comme la France" pour "un lieu de rencontre des identités arabes". En fait c'est une illusion la neutralité dans ce sujet, je crains.

Stes David

14 h 01, le 12 juillet 2018

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Commentaires (2)

  • La France n'est pas un pays neutre , on écrit ici "un pays neutre comme la France" pour "un lieu de rencontre des identités arabes". En fait c'est une illusion la neutralité dans ce sujet, je crains.

    Stes David

    14 h 01, le 12 juillet 2018

  • L,IDENTITE ARABE VIENT EN SECONDE CAR CHAQUE PAYS A SON IDENTITE PROPRE AVANT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 00, le 12 juillet 2018

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