Le prince héritier saoudien, Mohammad ben Salmane, lors d'une réunion avec le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, au siège de l'organisation à New York, le 27 mars 2018. REUTERS / Amir Levy/File Photo
El-Qaëda dans la péninsule arabique (Aqpa) a critiqué les réformes sociétales initiées par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane dans le royaume ultraconservateur estimant qu'elles constituent des "péchés".
"La nouvelle ère de ben Salmane a remplacé les mosquées par des cinémas", a ironisé Aqpa, la branche la plus dangereuse du réseau extrémiste au Yémen dans son bulletin de propagande Madad, cité par SITE, le centre américain de surveillance des sites jihadistes. "Il a remplacé les livres des imams par des absurdités d'athéistes et séculiers de l'Est et de l'Ouest et ouvert les portes à la corruption et à la dégradation morale", ajoute l'organisation jihadiste dans ce texte.
Aqpa dénonce en exemple le premier spectacle de catch en Arabie, qui a eu lieu fin avril à Jeddah (ouest) où des "lutteurs étrangers et mécréants se sont montrés à moité nus et portaient des croix devant un rassemblement de jeunes musulmans femmes et hommes".
L'Arabie saoudite, qui s'ouvre aux divertissements sous l'impulsion du jeune prince héritier Mohammed ben Salmane, a accueilli ces derniers mois une série de concerts et une semaine de la mode. Le royaume commence à ouvrir des salles de cinémas, après 35 ans d'interdiction, et a limité les pouvoirs de la police religieuse.
Nommé prince héritier en juin 2017 par son père le roi Salmane, celui que l'on surnomme "MBS" a engagé des réformes dans le cadre d'un plan appelé "Vision 2030" afin de transformer cette pétromonarchie du Golfe où la moitié des 31 millions d'habitants a moins de 25 ans.
Il a promis une Arabie "modérée et tolérante", en rupture avec l'image d'un pays longtemps considéré comme l'exportateur d'un islam radical.
L'Arabie saoudite dirige depuis 2015 une coalition militaire arabe qui intervient au Yémen pour restaurer le gouvernement internationalement reconnu et lutter contre les rebelles Houthis.
Aqpa a profité de l'affaiblissement du pouvoir central en 2011 à la faveur de l'insurrection populaire contre l'ancien président Ali Abdallah Saleh, pour renforcer son emprise dans le pays, surtout dans le Sud.
Le nouveau pouvoir du président Abd Rabbo Mansour Hadi a réussi à les en déloger en mai 2012 à la faveur d'une offensive militaire, les repoussant dans les zones montagneuses difficiles d'accès, aidés par les Etats-Unis, dont les drones ciblent régulièrement le groupe.
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14 h 05, le 02 juin 2018