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Culture - Exposition

Zéna Assi, Beyrouth au cœur...

A travers ses villes éclatées et ses ponts démolis cette artiste libanaise, installée à Londres, exprime la violence migratoire, urbaine et…beyrouthine. 

« La Vierge de Harissa au-dessus de ma ville » (120 x 120 cm).

On connaissait la relation passionnelle qui lie Zéna Assi à Beyrouth et à tout ce qui la constitue : ses habitants, ses enseignes, ses antennes, ses logos, ses ex-voto, son chaos et même sa violence… On savait qu’elle avait quitté cette ville de tous les (im)possibles pour offrir un avenir plus serein à ses enfants. Et qu’elle était confortablement installée en Grande-Bretagne, avec sa petite famille, depuis trois ans. Si elle assure être heureuse de baigner dans un environnement plus policé et propice à son art, dans la solitude de son atelier londonien, la jeune femme revient inlassablement vers Beyrouth. La preuve : une large part de sa dernière cuvée d’œuvres présentée à la galerie Alwane (36 mixed media et 13 giclées) décline une multitude de dessins et collages enchevêtrés évocateurs du quotidien tumultueux et bigarré de la capitale libanaise.

Dans les toiles de Zéna Assi, Beyrouth est vénéneuse et belle, charmeuse et odieuse, multiple et unique. Elle est comme ces surprenants bouquets que l’artiste s’amuse à peindre à partir de ses souvenirs : compositions florales faites d’un assemblage de sigles (si chères aux Libanais !), de symboles (dont, le crâne, récurent chez elle…) et de figures diverses dodelinant sur de longues tiges trempées dans des gobelets à café d’une marque américaine, des « mugs » anodins ou encore ces fameuses boîtes à thé anglaises…


(Pour mémoire : Zéna Assi, Hoda Baalbaki et les autres chez Alwane)


« Les passeurs »...
Elle est, certainement, l’une de ces villes éclatées surplombant des décombres de chars blindés ou suspendues sur des ponts démolis qu’elle alterne dans une seconde série de peintures. Elle se cache, sans doute aussi, dans ces vues urbaines intercalées entre troncs et feuillages des forêts de souvenirs de l’artiste… Elle s’immisce également dans ces fatras, ces balluchons de mémoires et d’émotions collectives et personnelles que Zéna Assi balade, comme tout émigré, ou comme tout migrant, au gré de son parcours. Et de toile en toile.

Justement entre émigré et migrant, il n’y a qu’un pas à franchir pour tomber dans l’horreur du dénuement suprême, la cruelle exploitation de la misère, la ségrégation et même la mort. Et ce pas est guidé par ces hommes loups qu’on appelle les passeurs… En intitulant son exposition à la galerie Alwane « Les passeurs », cette artiste, à la fois forte et sensible, a voulu porter les projecteurs sur la terrible situation de leurs victimes. Ces hommes, ces femmes, ces enfants embarqués dans la violence dévastatrice des civilisations aux passerelles rompues…

On savait Zéna Assi peintre de l’urbanité contemporaine. On la découvre à l’écoute des nouvelles du monde, sensible à ses bouleversements humains et sociétaux. Même si, dans ses toiles qui se prêtent à la contemplation pendant des heures, Beyrouth reste omniprésente à travers une foule de détails, émotionnels et déroutants. À voir jusqu’au 31 mai.

Saifi Village. Horaires d’ouverture :
de lundi à samedi, de 11h à 19h.
Tél. : 01-975250.

Quid du Giclée


Le giclée est un procédé d’impression digitale à la stabilité et longévité six fois plus importante qu’une simple lithographie.


On connaissait la relation passionnelle qui lie Zéna Assi à Beyrouth et à tout ce qui la constitue : ses habitants, ses enseignes, ses antennes, ses logos, ses ex-voto, son chaos et même sa violence… On savait qu’elle avait quitté cette ville de tous les (im)possibles pour offrir un avenir plus serein à ses enfants. Et qu’elle était confortablement installée en Grande-Bretagne,...

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