Retour des réfugiés et priorités socio-économiques, au menu d'une rencontre Berry-Nasrallah

Une rencontre a réuni dans la nuit de vendredi le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et le président du Parlement nouvellement réélu, Nabih Berry, en présence de leurs conseillers respectifs, Hussein Khalil et le ministre des Finances Ali Hassan Khalil. Si la situation régionale et les récents développements sur la scène palestinienne ont constitué une bonne partie des échanges lors de ce tête-à-tête, la situation interne et les dossiers socio-économiques ont été longuement examinés par les deux leaders chiites, ces derniers ayant réitéré leur détermination à combattre la corruption, un thème qui a prévalu lors de leur campagne électorale.

Selon des informations de presse, les deux responsables ont examiné notamment les mécanismes à mettre en place pour, d’une part, combattre la corruption, et d’autre part œuvrer en vue de trouver des solutions pour redresser l’économie et mettre un terme à la situation de crise dans laquelle se trouve le pays.

Auparavant, le chef du Hezbollah avait évoqué la détermination de son parti, en coordination avec ses alliés et « toutes les formations qui ont évoqué dans leurs programmes électoraux les problèmes de corruption, la décentralisation ou la crise des déchets », à joindre leurs efforts à cet immense chantier de réformes. Le leader chiite avait également insisté sur la nécessité de mettre en place un ministère de la Planification, en vue de rationaliser le travail du prochain gouvernement sur la base d’une vision bien établie.

Dans un entretien express à L’Orient-Le Jour, le député du bloc Berry, Yassine Jaber, a répercuté cet avis en soulignant la nécessité « d’une réforme structurelle de fond et d’une adoption de mesures radicales pour remédier à la situation économique inquiétante », un point suscité lors de l’entretien entre Nabih Berry et Hassan Nasrallah, a-t-il dit.  « Le dossier économique et financier, mais aussi, le problème de la dilapidation, de la corruption et de la non-application de lois pourtant votées au Parlement ont été au centre des échanges entre les deux responsables », a encore précisé M. Jaber. Et de citer à ce sujet l’exemple du dossier de l’électricité, déplorant l’absence à ce jour d’un conseil d’administration pour gérer ce secteur, mais aussi l’occultation des lois relatives à l’organisation du secteur des télécoms. Bref, dit-il en substance, « il est temps de remettre un peu d’ordre à une situation chaotique et de cesser de pratiquer la politique de l’autruche face à une situation dramatique à laquelle il faut remédier au plus tôt », dit-il en soulignant que les élections ont révélé avec acuité un taux de chômage alarmant.

(Lire aussi : Nasrallah : Les sanctions internationales contre le Hezbollah ne vont pas retarder la formation du gouvernement)

« Rétablir les ponts avec la Syrie »
Le second dossier évoqué par les deux leaders chiites est la question des réfugiés « qui doit désormais figurer en priorité des préoccupations du prochain gouvernement ». Les échanges ont ainsi porté sur le mécanisme à mettre en place pour le retour des réfugiés syriens dans les zones sécurisées « en collaboration avec l’ambassade de Syrie au Liban », mais aussi, celle de l’enregistrement des naissances, sachant qu’une procédure est actuellement mise en place par la Sûreté générale à cette fin. La question des rapports libano-syriens a également été abordée sous l’angle d’une « stratégie d’ouverture au monde arabe », la Syrie étant appelée à redevenir un point de transit de la marchandise libanaise vers les pays de la région, précise encore le député. Également à l’ordre du jour de l’entretien, la nécessité pour le Liban de « réserver, dès à présent, à l’instar de ce que fait la Turquie, une place dans l’immense chantier de reconstruction qui devrait démarrer d’ici à un an et demi en Syrie dès qu’une solution politique sera mise en place ».

Dans un entretien accordé à la MTV, le vice-président de la Chambre, Élie Ferzli, a appelé à son tour hier à rétablir les ponts avec la Syrie, « tant qu’il y va de l’intérêt du Liban, que ce soit pour exporter les produits agricoles, pour acheminer du courant électrique depuis la Syrie, ou encore pour régler le dossier des réfugiés ».

On apprenait également que M. Berry et Hassan Nasrallah ont examiné lors de leur entretien la répartition des portefeuilles au sein du prochain gouvernement, les deux hommes ayant convenu de se répartir à égalité les six ministères qu’ils réclament à eux deux depuis la fin des élections. Le Hezbollah, qui a affirmé à maintes reprises son souhait d’avoir des ministères de services, pourrait accepter un ministère d’État sur les trois qu’il espère se voir confier et qui pourraient être celui des Travaux publics, de la Santé, voire de l’Énergie ou des Télécoms, comme l’a laissé entendre un commentateur proche du parti. « Une chose est certaine : en tant que partenaire à part entière, le parti chiite entend assumer un rôle bien plus actif cette fois-ci au sein du prochain gouvernement. Il aura son mot à dire dans tous les dossiers, y compris concernant les accords conclus dans le cadre de la conférence de Paris », dit-il.

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