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Liban - Décryptage

Trois nœuds pour la formation du gouvernement, mais des tractations rapides

À l’iftar de Baabda mercredi, le message du président de la République Michel Aoun était clair : il faut former au plus vite un gouvernement pour préserver la stabilité du Liban face aux troubles qui secouent la région.

La relance des institutions permet en effet de réguler la vie du pays. Après les élections législatives et la nouvelle légitimité du Parlement, une institution-clé au Liban, il faut donc au plus vite doter le pays d’un exécutif capable de traiter au plus tôt les dossiers en suspens qui sont d’ailleurs urgents, notamment la situation économique et le dossier des déplacés syriens liés entre eux et liés aussi à la lutte contre la corruption. Face aux représentants de tous les blocs parlementaires, des diplomates et des dignitaires religieux, et en présence des principaux responsables et hauts fonctionnaires, le chef de l’État a donné les grandes lignes de l’étape à venir, dans une sorte de feuille de route politique et institutionnelle.

Et pour bien montrer qu’il a l’habitude de tenir ses promesses, il a rappelé aux personnalités présentes que lors de l’iftar traditionnel de l’an dernier, il avait promis aux Libanais l’adoption d’une nouvelle loi électorale et la tenue d’élections législatives dans le courant de l’année. Ensuite, soucieux de ne pas perdre de temps, le président Aoun a choisi de procéder au plus vite aux consultations parlementaires pour pouvoir annoncer le même jour le nom du nouveau Premier ministre. Le chef de l’État a ainsi préservé les usages et respecté la forme prévue par la Constitution, mais les concertations pour la formation du gouvernement avaient déjà commencé dans les tractations discrètes et les positions affichées des différentes forces politiques. À l’iftar présidentiel d’ailleurs, les moindres apartés, les boutades et les marques d‘attention étaient scrutés attentivement et interprétés comme des indices sur le prochain gouvernement.

Au cours des prochains jours, le Premier ministre désigné Saad Hariri devrait à son tour procéder à des concertations parlementaires pour permettre aux députés d’exprimer leurs revendications et leurs attentes au sujet du nouveau gouvernement. Mais selon des sources concordantes, les tractations gouvernementales ne devraient pas prendre beaucoup de temps. Certains parlent d’un mois, d’autres, plus optimistes, espèrent un cadeau gouvernemental pour la fête du Fitr. Ce qui serait une sorte de miracle puisque, depuis 2005, les gouvernements mettent plusieurs mois avant de naître.

Les plus optimistes estiment qu’en réalité, il n’y a pas de gros obstacles face à la formation du gouvernement, puisque les élections législatives organisées sur la base d’un mode de scrutin proportionnel ont donné une idée précise du poids politique des différentes forces en présence. Deux principes sont déjà acquis : la formation d’un gouvernement d’entente nationale, ou de coalition, qui regrouperait le plus grand nombre possible de forces politiques et qui devrait être de 30 ministres.

Mais le partage des parts pourrait être moins simple. Des sources qui suivent le dossier affirment qu’il existe en réalité trois nœuds importants, celui que représentent les exigences des Forces libanaises, celui qui consiste dans la volonté du courant du Futur de ne céder qu’un portefeuille sunnite aux autres formations, qui ont quand même obtenu 10 sièges sunnites sur 27 au Parlement, enfin le refus du PSP de céder un des trois portefeuilles druzes.

En principe, les quatre portefeuilles régaliens devraient revenir aux mêmes forces politiques qu’au sein de l’actuel gouvernement, selon le partage suivant : deux chrétiens, deux musulmans. Les chiites devraient ainsi conserver le portefeuille des Finances qui ne peut pas aller au Hezbollah pour des raisons évidentes et fera donc partie du lot d’Amal. La personne pourrait toutefois changer. Le ministère de la Défense devrait aussi rester au président en sa qualité de commandant suprême des forces armées. Restent donc le ministère de l’Intérieur et celui des Affaires étrangères. Selon toute probabilité, le premier devrait aller au courant du Futur et le second au CPL, pour poursuivre la politique lancée par le ministre Gebran Bassil avec la diaspora.

Mais il reste plusieurs portefeuilles considérés importants, comme les Travaux publics, la Santé, la Justice, l’Économie et les Affaires sociales. En principe, l’ancien ministre Fayçal Karamé devrait obtenir un portefeuille, mais d’autres personnalités ou groupes sunnites souhaitent aussi faire partie du gouvernement. Même chose chez les druzes où le camp de l’émir Talal Arslane voudrait un ministre alors que le groupe de Joumblatt estime qu’il n’y a pas droit. Ce qui risque de poser un problème.

Tout comme la volonté des Forces libanaises d’obtenir 4 portefeuilles dont un régalien. Les FL avancent comme argument le fait que dans l’actuel gouvernement, elles ont quatre ministres alors qu’elles n’avaient qu’un bloc parlementaire de huit membres. Aujourd’hui, elles ont un bloc de 15 députés et elles devraient donc avoir un ministre de plus et des portefeuilles importants. À cela, des sources proches du CPL répondent que dans l’actuel gouvernement, les FL avaient obtenu une part plus importante que leur poids réel, d’abord parce qu’elles avaient activement participé à ce qu’on appelle aujourd’hui « le compromis présidentiel », ensuite parce qu’elles avaient pris la part du parti Kataëb (un portefeuille) qui avait préféré rester en dehors du gouvernement.

La situation est différente aujourd’hui. De plus, toujours selon les mêmes sources, l’année écoulée a montré que les échecs sont lancés à la figure du régime alors qu’il n’a souvent pas les moyens d’exécuter sa politique. Si on veut donc lui demander des comptes, il faut lui donner les moyens d’agir. Les tractations s’annoncent donc compliquées, mais pas nécessairement longues.

À l’iftar de Baabda mercredi, le message du président de la République Michel Aoun était clair : il faut former au plus vite un gouvernement pour préserver la stabilité du Liban face aux troubles qui secouent la région. La relance des institutions permet en effet de réguler la vie du pays. Après les élections législatives et la nouvelle légitimité du Parlement, une...

commentaires (5)

Portefeuille régalien??? Politique Libanaise rigolante!!? C'est simple: une fois la répartition des 11 milliards de cèdre + manne potentielle de gas/petrole, est décidée les pourparlers seront conclus...

Wlek Sanferlou

14 h 02, le 25 mai 2018

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Commentaires (5)

  • Portefeuille régalien??? Politique Libanaise rigolante!!? C'est simple: une fois la répartition des 11 milliards de cèdre + manne potentielle de gas/petrole, est décidée les pourparlers seront conclus...

    Wlek Sanferlou

    14 h 02, le 25 mai 2018

  • 30 ministres pour un dé à coudre de 4 millions d'habitants ... Ca coûte combien tout ça, avec leurs corbillards blindés et tout le bataclan ?

    Remy Martin

    12 h 28, le 25 mai 2018

  • L'objectif principal du CPL est d'éliminer les Kataébs, le PNL, les Marada et maintenant les FL afin de s'emparer de toute la représentation nationale des chrétiens principalement des maronites. A cela je dirais poliment "fachar".

    Un Libanais

    11 h 36, le 25 mai 2018

  • Un casse-tête pas prêt d’être résolu aussi facilement que cela.

    Pierre Hadjigeorgiou

    10 h 12, le 25 mai 2018

  • UNE ANALYSE TRES OBJECTIVE DE LA TRES CHERE MADAME SCARLETT HADDAD !

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 43, le 25 mai 2018

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