Alors que le Liban célébrait samedi soir l'attribution du prix du Jury, par le festival de Cannes, à la réalisatrice Nadine Labaki et son film Capharnaüm, une journaliste d'al-Manar et un député du Hezbollah ont provoqué de vives réactions sur le net avec des tweets critiquant le vaste mouvement d'enthousiasme.
Une vague de félicitations déferlait sur les réseaux sociaux pour cet événement de taille. Et pour cause : le Liban n'avait pas été représenté à Cannes depuis 2015, quand le Libanais Ely Dagher, 29 ans, avait remporté la Palme d'Or pour son court métrage Waves'98. Avant lui, le Liban avait été primé en 1991, quand Maroun Bagdadi avait remporté le prix du Jury pour hors la vie.
Mais Manar Sabbagh et Nawaf Moussaoui se démarquaient avec des tweets au ton quelque peu différent.
La première a posté un premier tweet samedi soir dans lequel elle rappelle aux "fils de la Phénicie" et autres "intellectuels", que "la gloire" des "martyrs" du Hezbollah est "suffisante" pour le Liban. "A l'occasion des discussions à profusion sur les personnalités qui portent haut le nom du Liban pour avoir remporté un prix ou gagné une compétition, ci-dessous une photo des martyrs tombés lors du premier jour de la bataille de Qousseir (en Syrie) en 2013", écrit ainsi Manar Sabbagh, en référence à l'engagement militaire du Hezbollah en Syrie aux côtés du régime de Bachar el-Assad. Accompagnant son message d'une photo de dizaines de combattants du Hezbollah décédés, elle rappelle qu'il y a eu d'autres "martyrs avant et après eux" et affirme que "cette gloire est suffisante pour le Liban pour les siècles à venir".
La réponse des twittos n'a pas tardé.
"Ce parallèle est faux (...) La vie n'est pas limitée à l'activisme politique sous toutes ses formes tout comme elle n'est pas limitée aux activités culturelles et artistiques. La vie est un ensemble", a répondu le journaliste d'al-Jadeed Jad Ghosn.
La journaliste et ancienne candidate aux législatives, Joumana Haddad a affirmé que "nous continuerons à parler fièrement des réalisations des Libanais et Libanaises dans le domaine de l'art et de la culture parce que nous sommes les fils et les filles de la vie".
"Personne ne vous a demandé de prendre notre défense (...) ceux qui sont morts sont morts pour Téhéran (...). Nous avons l'armée libanaise qui nous protège", écrit un internaute.
"Chacun se bat dans son domaine (...). Nous prions pour les martyrs alors respectez notre façon de vivre", écrit une autre.
(Lire aussi : Nadine Labaki à L’OLJ : Il est temps que l’État libanais se réveille)
Dimanche, Manar Sabbagh a de nouveau twitté pour affirmer que "la mécréance culturelle est la chose la plus dangereuse". "Chaque jour qui passe, nos martyrs se voient arracher leur libanité et leur patriotisme et sont insultés (...). J'ai publié un tweet en faisant un parallèle qui, je le reconnais, était provocateur, mais il reflète la provocation quotidienne que nous subissions. Mon but n'était pas d'évaluer le succès de tel ou d'un tel et je leur exprime mon estime sur ce qu'ils font".
Après la journaliste d'al-Manar, c'est le député Nawaf Moussaoui qui est intervenu dans le débat en écrivant sur son compte twitter : "Pas de Labaki (jeu de mots, Labaki signifiant en arabe casse-tête) et pas de mal de tête : il n' y a que tes armes qui te protègent lorsqu'il le faut".
Une remarque qui lui a valu nombre de critiques.
"Vous voulez une guerre civile?", s’interroge un twitto.
"Lorsqu'il le faut, il n'y a que les armes de l'armée qui nous protègent et vous protègent", dit un autre.
"Les armes de l'armée libanaise suffisent", renchérit un internaute.
La question des armes du Hezbollah est un dossier qui divise la société et la scène politique libanaise.
Interrogé par un autre internaute, M. Moussaoui a déclaré que "la gloire du Liban a été donnée à la résistance", en référence à la formule consacrée par laquelle on salue Bkerké et le patriarche maronite, "la gloire du Liban lui a été donnée".
Tableau des laissés-pour-compte et des invisibles (les sans papiers), "Capharnaüm" suit les traces de Zain, 12 ans, un enfant des rues révolté, en guerre contre ses parents qui refusent de l'envoyer à l'école et lui donnent des coups à la place.
Un autre réalisateur libanais, Ziad Doueiri, nominé aux Oscars avec son film L'Insulte, avait pour sa part fait l'objet d'une offensive bien plus dur de la part du Hezbollah. Le parti avait en effet vertement dénoncé le fait qu'une partie d'un de ses précédents films, L'Attentat, ait été tourné en partie en Israël. "Lorsqu’un réalisateur libanais se rend en Israël pour tourner un film ; si cela n’est pas une normalisation, alors qu’est-ce que c’est ?" s'était notamment insurgé le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah.
Le 10 septembre dernier, la Sûreté générale avait confisqué, à l'aéroport de Beyrouth, les passeports libanais et français du réalisateur. Ce dernier rentrait de Venise où son film, L'Insulte, avait été primé. M. Doueiry avait comparu, le lendemain, devant le tribunal militaire pour justifier ses diverses visites en Israël pour le tournage de L'Attentat. M. Doueiri avait obtenu un non lieu.
Pour mémoire
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Quelle honte que Manar et Moussaoui ne se souviennent que des morts chiites du hezb alors que des martyrs de l'armée libanaise, chiites, sunnites, druzes et chrétiens sont tombés dans des guerres et des batailles contre des ennemis divers: des syriens, des israeliens, des palesitniens et tout recement dans les jurds. Est ce que le sang des martyrs chiites de l'armée ne vaut pas celui de ceux du hezb. Ces martyrs chiites n'ont ils pas de pères et de mères, des frères et des soeurs, des enfants, des amis... Des héros chiites sont toujours dans les prisons syriennes depuis des décennis à côté d'autres libanais. Un vrai martyr n'a pas de religion! et n'a pas besoin de défenseurs! Ayiib et cent ayiibs! ce sont vos martyrs autant que les notres! l'éducation et la culture sont les armes qui ont permis aux juifs de conquérir la palestine apres des millénaires de leur défaite par les romains. On parle de la vrai culture et non pas les chants et les symboles politiques qui ne profitent qu'à des maitres obscurs cachés derrière leurs turbans occupés à kidnapé l'âme d'une religion pour l'utiliser pour assevir dans l'obscurantisme ses adeptes. Réveillez vous les ami(e)s et faites le mieux de votre intelligence. Les moutons finissent dans les assiettes de leurs maitres même s'ils paradent en file ou qu'ils bêlent en unisson.
03 h 29, le 23 mai 2018