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Liban - Libertés

Une soirée pour dire non à l’homophobie et la transphobie

Hétérosexuels et membres de la communauté LGBT s’étaient donné rendez-vous pour partager leurs histoires lors d’une soirée storytelling.

Le public est venu en nombre pour écouter les histoires de chacun.

Un rideau rouge est tendu sur le fond de la salle et des tapis aux imprimés ethniques recouvrent le sol. Au milieu, seul, un micro.
S’il y avait autant de monde – quelque 200 personnes – à Station Beirut il y a plusieurs jours, c’était justement pour écouter ce qui allait être dit à ce même microphone. Cliffhangers, un collectif d’écrivains, organisait une soirée storytelling en soutien à la Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie, qui avait lieu le même jour.
Naya, une activiste LGBT (le mouvement LGBT désigne les lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres), a ouvert le bal. Née garçon, elle se sent femme. Vêtue d’un pantalon large, ajusté à la taille et portant de vertigineux talons aiguilles, son style traduit clairement son désir de féminité. Ses cheveux coupés court font ressortir la finesse de ses yeux. Pourtant, jusqu’à il y a peu, Naya arborait fièrement une longue chevelure brune. Elle a dû la couper. « Mes parents refusaient que je sorte avec des cheveux aussi longs. Je ne voulais pas les couper, pour moi c’était quelque chose d’important. »


(Lire aussi : La Beirut Pride annulée après l'arrestation, quelques heures durant, de son coordinateur)

Couper ses cheveux pour pouvoir sortir
L’une des amies de Naya est également transgenre. Il y a quelques jours, Naya a reçu un appel lui indiquant que son amie était en danger de mort. La condition pour pouvoir sortir la secourir était simple aux yeux des parents de la jeune femme : couper ses longs cheveux bruns. Naya n’a pas hésité, elle s’est rasé la tête pour pouvoir venir en aide à son amie. La voix tremblante, elle achève son histoire. Dans l’assemblée aussi, l’émotion est palpable. Plus tard, Dima Matta, présidente du collectif Cliffhangers et organisatrice de la soirée, dira : « On ne peut pas défendre les droits des femmes et refuser ceux des LGBT par exemple. On ne peut pas choisir et prendre, ce sont tous des droits humains, ça va ensemble. »
Entre certains témoignages, des poètes sont venus déclamer des poèmes ou lire des lettres d’amour destinées à eux-mêmes, qui avaient été rédigées dans le cadre d’un atelier de Cliffhangers et exposées du 2 au 10 mai à Station Beirut. L’exposition était intitulée « Love Letters to Meem ».
Dina a 29 ans, elle a grandi aux États-Unis. À 14 ans, elle découvre qu’elle est attirée par les femmes. Dans sa famille, son homosexualité n’est pas tolérée. « Je pense que ma mère aurait préféré que je sois violée par un homme plutôt que de m’imaginer embrasser une fille. » Expulsée de son école, Dina est envoyée dans une école militaire. « Grosse erreur de la part de ma mère, s’exclame la jeune femme. J’étais entourée de femmes, à leurs ordres, je ne demandais que cela à l’époque », dit-elle avec humour. Une fois de plus, elle sera renvoyée. « Mes parents ont installé une alarme sur ma fenêtre » pour l’empêcher de sortir. Sa mère prendra ensuite une lourde décision. La renvoyer au Liban car « c’était sûrement l’Amérique qui m’avait fait devenir gay, c’est ce qu’elle pensait ». Le déménagement n’a rien changé, Dina aime toujours les femmes. « J’ai vu la répulsion dans le regard de ma mère, son dégoût. » Pourtant, « je ne suis pas le diable. Être homosexuel n’est pas être le diable. Et c’est okay », conclut la jeune femme.


(Lire aussi : Quelques maux d’amour des LGBTQ)

Encore du travail à faire
Le performeur Khansa était présent, il a chanté une première chanson a cappella, en arabe, dédiée à l’amour. Ses mots ont fait frissonner l’assistance. Il a ensuite entonné un second chant, en soutien aux Palestiniens, tout en faisant défiler des photos témoignant de l’horreur de la situation dans les territoires occupés.
Dans l’assistance, Lisa a ensuite pris la parole. « À 16 ans, je pensais être bisexuelle », a-t-elle souligné. À 18 ans, elle pensait être lesbienne. Quelques années plus tard, elle croyait qu’elle était peut-être asexuée. À 27 ans, qu’elle était pansexuelle. « Enfin, aujourd’hui, et depuis huit mois, je suis hétérosexuelle », conclut-elle.
 « J’ai mis du temps à savoir ce que je voulais et qui j’aimais. Mais aujourd’hui encore, même si je suis hétérosexuelle, je fais toujours partie de la communauté LGBT. J’en ferai toujours partie, du moment qu’il y aura un combat à mener. »
Après l’annulation des événements de Beirut Pride, Dima Matta pensait « que personne ne viendrait, que personne ne prendrait le risque. Je ne m’attendais pas à autant de monde ! » Pour elle, que le programme de Beirut Pride n’ait pas pu être maintenu montre une chose, « il y a encore beaucoup de travail à faire ».


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Un rideau rouge est tendu sur le fond de la salle et des tapis aux imprimés ethniques recouvrent le sol. Au milieu, seul, un micro. S’il y avait autant de monde – quelque 200 personnes – à Station Beirut il y a plusieurs jours, c’était justement pour écouter ce qui allait être dit à ce même microphone. Cliffhangers, un collectif d’écrivains, organisait une soirée storytelling...

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LA LIBRE EXPRESSION

09 h 21, le 19 mai 2018

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  • LAISSEZ LES CREATURES DE DIEU ET DE LA NATURE S'EXPRIMER LIBREMENT.

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    09 h 21, le 19 mai 2018

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