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Liban - Société

Pour en finir avec la marginalisation de la communauté LGBT...

La semaine du 11 au 17 mars sera dédiée à une série de conférences sur la santé de la communauté lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT) à Beyrouth, organisées par l'ONG LebMASH

La communauté LGBT lutte depuis longtemps contre la discrimination. Ici, une manifestation à Beyrouth lors de la Journée internationale de la lutte contre l’homophobie en mai 2016. Photo d’archives « L’OLJ »

L'organisation non gouvernementale LebMASH (Lebanese Medical Association for Sexual Health) a décidé de lancer une semaine entièrement consacrée aux conséquences de la discrimination dans le domaine de la santé frappant la communauté LGBT (lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres). L'ONG souhaite mettre en avant les difficultés des membres LGBT à recevoir des soins. Ces difficultés sont majoritairement liées au regard que la société continue à porter sur eux.

En 2013, la Société libanaise de psychiatrie avait déclaré que l'homosexualité n'était pas une maladie mentale. En 2016, changer de sexe devient un droit légal au Liban. La sérieuse avancée sur le sujet n'empêche pas néanmoins une mise à l'écart de cette communauté. Le psychiatre Omar Fattal, membre du comité de LebMASH, explique à L'Orient-Le Jour que l'article 534 du code pénal, qui stipule que les relations sexuelles « contre nature » doivent être punies d'emprisonnement, est toujours en vigueur. Le Dr Fattal insiste également sur le fait qu'avoir des rapports sexuels avec une personne du même sexe n'est pas « contre nature », mais seulement encore perçu comme tel par une majorité.

Pendant cette semaine, LebMASH souhaite faire comprendre que la marginalisation d'une communauté met celle-ci en danger. Le week-end dernier, une délégation de l'organisation s'est rendue à l'Université Saint-Joseph (USJ) ainsi qu'à l'Université américaine de Beyrouth (AUB). Elle y a donné de nombreuses conférences à l'intention des étudiants de la faculté de médecine sur les moyens de communiquer avec la communauté LGBT, en d'autres termes comment poser les bonnes questions, ne pas les stigmatiser...

Pour le Dr Fattal, le corps médical doit tout d'abord apprendre à ne pas faire de suppositions lorsqu'il s'entretient avec un patient. « LebMASH soutient qu'il faut traiter tout le monde avec respect et de manière égale », ajoute-t-il. À noter que beaucoup de services de santé ont été créés par des associations locales pour s'occuper en particulier des communautés marginalisées, notamment Marsa Sexual Health Center, Mosaic Mena et SIDC, qui fournissent des soins adaptés à la communauté LGBT.

 

(Lire aussi : La « guerre des toilettes » mise en suspens aux États-Unis)

 

« On relie très vite vos symptômes au VIH... »
Pour Norma, homosexuel qui s'est récemment découvert transgenre, il n'est pas rare de se sentir discriminé dans les hôpitaux. « Quand vous y allez en tant que membre LGBT, très vite on relie vos symptômes à ceux du VIH, à la prostitution, déplore-t-il. Parfois, les hôpitaux nous refusent l'accès, sans raison valable. » Il ajoute: « J'aimerais beaucoup qu'il y ait une loi protégeant toute personne qui se retrouve marginalisée. Nous nous sentons assez délaissés. Nous avons besoin de quelqu'un qui nous protège et se batte pour nous dans ce pays. Si ce n'est pas le cas, ce n'est pas grave, mais il faut au moins qu'on nous respecte, même si nous ne sommes pas acceptés de tous. Je ne veux pas qu'on m'attaque en pleine rue parce que je suis gay ou trans... Il est temps que la société change. »

À douze ans, Norma a découvert qu'il était gay : « À l'école, j'ai dû faire face aux moqueries de mes camarades de classe. Je n'avais pas l'attitude qu'on attendait d'un garçon, j'étais plus féminin que les autres. À l'école, il devrait y avoir des cours d'éducation sexuelle. On peut changer notre société par l'éducation afin que plus personne ne nous regarde avec dégoût, mais au contraire avec respect. »

Selon Norma, « le fait que des célébrités et les médias commencent à émettre des opinions en faveur de la communauté LGBT influence énormément la société. Cela aide beaucoup les adolescents qui s'identifient à la communauté LGBT et donne aux autres une certaine ouverture d'esprit ».

« Ce que fait LebMASH est très important, c'est une réelle campagne de sensibilisation, poursuit-il. J'espère que cette semaine aura un réel impact et qu'on pourra changer la société, surtout au niveau médical. Je veux me sentir à l'aise quand je vais chez le médecin. »

 

(Lire aussi : "Upon the shadow" veut changer le regard sur l'homosexualité en Tunisie)

 

Conférence de presse aujourd'hui
Pour le Dr Fattal, on ne devrait pas se sentir discriminé au sein d'un service de santé juste pour une question d'orientation sexuelle. Le problème, d'après le psychiatre, c'est que la société est fortement influencée par les mythes et idées reçues sur l'homosexualité. « Pour changer cela, les gens ont besoin d'experts qui leur transmettent de nouvelles informations fondées sur la recherche scientifique, affirme-t-il. Ces concepts véhiculés par les experts sont très nouveaux au Liban, il faut donner du temps à la société pour les intégrer. »

Aujourd'hui lundi, les membres de LebMASH donneront une conférence de presse durant laquelle la parole sera notamment donnée pour la première fois au syndicat des infirmières et infirmiers, et au syndicat des travailleurs sociaux. Le Dr Fattal précise qu'un représentant du ministère de la Santé prononcera un discours dans lequel il reconnaîtra la communauté LGBT comme effectivement marginalisée.

Cet engagement envers la santé de la communauté LGBT est un premier pas important vers la reconnaissance de la discrimination dont elle est victime. « Il est nécessaire que chaque personne marginalisée s'exprime et revendique son droit à la santé et au respect, conclut le Dr Fattal. Si ces personnes ne s'expriment pas, les autres continueront de penser qu'il est acceptable de les marginaliser. »

 

 

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