Le Bureau du contrôle des avoirs étrangers (Office of Foreign Assets Control – OFAC) du département du Trésor américain, en coopération avec l'Arabie saoudite et plusieurs pays du Golfe, ont ajouté mercredi sur leur liste de personnalités reconnues comme terroristes le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah et neuf autres cadres du parti, qui seront soumis à des sanctions financières pour leur coopération avec l'Iran et leur "influence déstabilisante" sur le Moyen-Orient.
"Le Trésor américain et le Centre de lutte contre le financement du terrorisme (Terrorist Financing Targeting Center – TFTC), codirigé par l'Arabie saoudite (avec les États-Unis) et regroupant le Bahreïn, le Koweït, Oman, le Qatar et les Émirats arabes unis, ont désigné cinq membres du Conseil consultatif du Hezbollah (conseil de la Choura, responsable de toutes les décisions religieuses, militaires et stratégiques du parti, NDLR), cinq autres personnes affiliées au parti chiite ainsi que des sociétés accusées de le financer sur leur liste des terroristes et personnes soutenant le terrorisme", est-il annoncé sur le site du Trésor américain.
En plus de Hassan Nasrallah, les membres du conseil de la Choura visés sont : le numéro deux du Hezbollah, le cheikh Naïm Kassem, Mohammad Yazbeck, Hussein Khalil, Ibrahim Amine el-Sayyed.
Les autres personnes et entités visées sont : Talal Hamiyé, Ali Youssef Charara, Hassan Ibrahimi, Hachem Safieddine et Adham Tabaja ont été reconnus comme terroristes. Les sociétés Maher Trading, al-Inmaa Group, Spectrum Group et al-Inmaa Engineering and Contracting ont également été ajoutées à la liste.
Ils seront soumis aux sanctions financières prévues par le Congrès américain, dans la loi intitulée Hezbollah International Financing Prevention Amendments Act of 2015 (Hifpa 2015), une loi prévoyant des sanctions contre les banques finançant sciemment le Hezbollah.
Cette information a été reprise par les médias saoudiens, dont la chaîne al-Arabiya qui a annoncé "le gel des fonds et la confiscation des biens des membres du Hezbollah ajoutés sur cette liste de terroristes". "Le Centre de lutte contre le financement du terrorisme va poursuivre en justice les dix responsables du Hezbollah désignés", a précisé la chaîne. Les autres pays du Golfe membres du TFTC ont également fait des annonces dans ce sens.
(Pour mémoire : Deux membres du Congrès US réclament au renseignement américain un rapport sur le Hezbollah)
"Influence déstabilisante"
"Le Trésor américain et la lutte contre le terrorisme ont une fois de plus prouvé leur importance pour la sécurité internationale en entravant l'influence déstabilisante de l'Iran et du Hezbollah dans la région", a annoncé le secrétaire au Trésor américain, Steve Mnuchin. "En prenant pour cible le conseil de la Choura du Hezbollah, nous rejetons collectivement la fausse distinction qui est faite entre "l'aile politique" du parti et ses plans de terrorisme mondial", a-t-il ajouté. Il a estimé que "sous les ordres des gardiens de la révolution, le secrétaire général du parti chiite prolonge les souffrances humaines en Syrie, alimente la violence en Irak et au Yémen, met en péril l’État et le peuple libanais et déstabilise tout la région" du Moyen-Orient.
Ces sanctions à l'encontre de cadres du Hezbollah s'appuient sur la décision prise il y a une semaine par Donald Trump de retirer les États-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien, conclu en 2015, "et de commencer à rétablir les sanctions américaines levées dans le cadre de cet accord, y compris contre la Banque centrale d'Iran", déclare le département du Trésor dans un communiqué. Dans la foulée de l'annonce du président américain, le Trésor avait déjà annoncé jeudi dernier de nouvelles mesures punitives contre un réseau de financement des Gardiens de la révolution, l'armée d'élite du pouvoir iranien.
Les États-Unis ont placé le Hezbollah sur leur liste d'organisation "terroriste" et lui impose, ainsi qu'à ses cadres, des sanctions économiques et bancaires. Depuis 2013, l'Union européenne considère aussi la branche armée du mouvement comme une organisation "terroriste". En 2016, les six pétromonarchies sunnites du Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Qatar et Oman) et la Ligue arabe ont également classé le Hezbollah chiite comme "terroriste".
Lire aussi
Sanctions US contre le gouverneur de la Banque centrale d'Iran, accusé d'avoir financé le Hezbollah
En RDC, une banque accusée d'être liée au Hezbollah par une ONG cofondée par Clooney
Pour mémoire
Les États-Unis mettent à prix la tête de deux cadres du Hezbollah
Espérons qu'ayant mis la bête dans le coin, elle ne va faire du chamchoun et se dire: "sur moi et sur mes ennemies que le ciel nous tombe sur la tête".
00 h 55, le 18 mai 2018