L'ONG américaine anti-corruption Sentry, cofondée par l'acteur américain Georges Clooney, a demandé vendredi des "mesures immédiates" en conclusion d'une enquête affirmant qu'une banque congolaise proche du pouvoir à Kinshasa est "liée aux bailleurs de fonds du Hezbollah".
Cette banque, la BGFI-Bank-RDC, "dément catégoriquement les accusations de Sentry".
"L'un des plus grands établissements bancaires de la République démocratique du Congo (RDC), dirigé et codétenu par des proches du président Joseph Kabila, a continué d'héberger les comptes de sociétés en lien avec des organisations terroristes", lit-on sur le site de Sentry, qui affirme avoir travaillé "en collaboration avec la Plateforme de protection des lanceurs d'alerte en Afrique (PPLAAF)".
L'ONG affirme que la BGFI-Bank-RDC continuait en 2016 "d'héberger des comptes aux avoirs importants appartenant à des sociétés détenues ou contrôlées par le groupe Congo Futur". Ce groupe "avait fait l'objet de sanctions imposées par le Bureau de contrôle des avoirs étrangers (OFAC) du Département du Trésor américain, car il est détenu ou contrôlé par des bailleurs de fonds du Hezbollah".
"D'après les livres de comptes de la BGFI-Bank-RDC examinés par The Sentry et la PPLAAF, la banque a continué d'héberger, en 2016, 15 comptes appartenant à cinq sociétés signalées comme étant des filiales de Congo Futur", détaille Sentry, en donnant les noms des groupes. "Ces opérations bancaires doivent immédiatement faire l'objet d'une enquête, afin de protéger l'intégrité du système financier des États- Unis", conclut le rapport, qui cite des "sanctions ciblées" et des "enquêtes pénales".
Le Hezbollah, dont la branche politique fait partie du gouvernement libanais, est classé "groupe terroriste" par les États-Unis.
Le Congrès américain avait adopté en 2015 une loi prévoyant des sanctions contre les banques finançant sciemment le Hezbollah. En novembre 2017, la Chambre des représentants avait voté la proposition de loi intitulée Hezbollah International Financing Prevention Amendments Act of 2017 (Hifpa 2017) visant à resserrer le nœud autour des sources de financement du parti chiite libanais. Le département du Trésor américain a déjà pris des sanctions contre des hommes d'affaires et des sociétés accusés de participer au financement du Hezbollah.
"Les allégations contenues dans le rapport Sentry sont clairement fausses", a réagi BGFI-Bank-RDC dans un communiqué qui affirme que la banque n'a "jamais fait des affaires avec des financiers du Hezbollah, y compris Congo Futur".
BGFI Bank-RDC met ses révélations sur le compte d'un "ancien employé mécontent". Une allusion au lanceur d'alerte congolais et ex-salarié de BGFI-Bank-RDC Jean-Jacques Lumumba, qui a obtenu le statut de réfugié politique en France après avoir livré des documents relatifs à BGFI-Bank-RDC fin 2016 à la presse.
La BGFI-RDC est la filiale congolaise de la Banque gabonaise et française internationale (BGFI).
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16 h 38, le 05 mai 2018