Le Premier ministre libanais, Saad Hariri, a annoncé lundi que sa formation, le Courant du Futur, avait remporté 21 sièges sur 128 au Parlement, contre 33 lors du précédent scrutin tenu en 2009, reconnaissant qu'il s'attendait à ce que plus de candidats de sa formation soient élus. "Nous avions parié sur un meilleur résultat et un bloc plus large", a-t-il affirmé, justifiant ce recul en pointant notamment du doigt l'adoption d'une nouvelle loi électorale en 2017.
"Selon les résultats du scrutin, le Courant du Futur a remporté 21 sièges", a annoncé M. Hariri lors d'une conférence de presse à la Maison du Centre, au lendemain des élections législatives, les premières depuis neuf ans. "Nous aurions peut-être aimé en avoir trois ou quatre de plus, mais ce n'est pas la fin du monde".
"Le problème de cette loi électorale, c'est que plein de gens ne l'ont pas comprise", a-t-il assuré, s'exprimant sur un ton décontracté, plaisantant avec les journalistes. Il a toutefois reconnu que certaines "performances n'étaient pas à la hauteur", sans expliciter.
Le Premier ministre, qui a toutefois affirmé être "rassuré par les résultats", a souligné ne pas avoir de remarque concernant la loi électorale (qui se base, pour la première fois depuis l'indépendance sur un mode de scrutin proportionnel). "La loi électorale et les élections sont un des accomplissements de ces dernières années", a-t-il ajouté, affirmant ne pas s'être senti lésé par les dispositions de cette loi. M. Hariri a encore estimé que la nouvelle loi électorale "a permis à des formations comme les Forces libanaises de faire des percées dans des régions où elles n'auraient pas pu parvenir à d'aussi importants résultats avec un mode de scrutin majoritaire".
Si les résultats officiels sont attendus dans la journée, les premières tendances laissent apparaître que le Hezbollah devrait, avec ses alliés, pouvoir forger plus facilement une majorité en sa faveur. Le scrutin a été marqué par un faible taux de participation (49,2%), des centaines d'infractions, ainsi que par l'émergence d'un mouvement de la société civile contestant les partis au pouvoir, qui devrait remporter deux sièges au Parlement.
Malgré les lourdes pertes, de l'ordre d'un tiers des sièges, Saad Hariri apparaît le mieux placé pour former le prochain gouvernement, son parti formant le plus important bloc à la Chambre des députés.
"Je tends la main à tout Libanais pour contribuer à la stabilité politique et à l'amélioration des conditions de vie de l'ensemble des libanais", a-t-il déclaré.
(Lire aussi : Législatives libanaises 2018 : Les leçons à retenir du scrutin)
"Le Liban, c'est le gouvernement"
Le chef de l'Exécutif a dans ce contexte affirmé qu'il maintiendrait son alliance avec le chef de l'Etat, Michel Aoun, une alliance "qui garantit la stabilité du pays". Répondant à une question concernant la formation du futur gouvernement, dans un contexte de tensions entre les différentes composantes politiques, M. Hariri a indiqué que son "travail dans ce pays est de parvenir à des ententes entre les gens". "C'est ce que j'ai fait depuis que je suis Premier ministre", a-t-il lancé.
Il a affirmé que, dans le cas où il serait en charge de la formation du gouvernement, il ne tolérerait en aucun cas que lui soient posées des conditions.
Concernant le succès remporté par le Hezbollah, et les déclarations du ministre israélien de l'Education, qui a affirmé plus tôt dans la journée que le Liban se confond avec le parti chiite, M. Hariri a souligné que "le Liban, c'est le gouvernement et la distanciation. C'est vrai que le Hezbollah a un bloc parlementaire d'une quinzaine de députés, et qu'il détient des armes illégitimes, mais cette question se pose sur la scène régionale, pas locale".
M. Hariri a estimé que la communauté internationale devrait "voir d'un œil positif la formation du nouveau Parlement", indiquant que les élections avaient été "très attendues" dans le monde entier.
Alors que M. Hariri s'adressait à la presse à la Maison du Centre, des dizaines de jeunes partisans du Courant du Futur bloquaient l'autoroute du sud à hauteur de Naamé (sud de Beyrouth), en direction de la capitale, célébrant les résultats annoncés par le Premier ministre.
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LA LIBRE EXPRESSION
18 h 46, le 07 mai 2018