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Liban - Tribune

Aram Ier : La reconnaissance du génocide arménien implique réparation

Le rassemblement, hier soir, au siège du catholicossat de Cilicie, à Antélias. Photo Daniel Beloumou

Pour un peuple qui a perdu un million et demi de ses fils et filles, victimes du génocide organisé et exécuté par le gouvernement ottoman-turc en 1915, le 24 avril est un jour de deuil national. Le 24 avril est également devenu, au fil des années, jour de souvenir des martyrs du génocide. L’année 1965, 50e anniversaire du génocide, fut un tournant décisif : le souvenir des martyrs a été transformé en une cause de justice, toujours symboliquement identifiée avec le 24 avril.
La cause arménienne a considérablement influencé les relations entre des pays occidentaux et la Turquie, particulièrement ces dernières années. Chaque fois qu’un pays prononce un mot en faveur du génocide arménien, ou installe une sculpture symbolisant le génocide arménien, la Turquie hausse le ton et même menace : une forme de réaction qui n’est pas compatible avec les normes et principes des relations internationales.

La polémique selon laquelle le crime perpétré contre les Arméniens était un génocide ou simplement « un événement douloureux dans les conditions de la guerre mondiale » est déjà dépassée. Même la société civile turque a commencé à appeler cette page noire par son nom : génocide arménien.
Un crime contre un peuple ne peut pas être oublié. Hitler se trompait quand il a dit : « Qui se souvient aujourd’hui du génocide arménien ? » Le premier génocide du XXe siècle est bien connu de la communauté internationale. Donc la Turquie doit réviser sa politique du déni, elle doit revisiter son passé, regarder son histoire en face et accepter la vérité. Le négationnisme ne peut pas être une option éternelle.


(Lire aussi : Les Arméniens du Liban commémorent le génocide : Si on oublie, on disparaît)


Cent deux années sont déjà écoulées depuis ce crime contre l’humanité. Les survivants, par leur courage, par leur résilience et leur travail, ont rebâti une nation, et plus encore une patrie. Le peuple arménien en Arménie et dans la diaspora réclame, plus que jamais, la restauration de la justice. La demande légitime du peuple arménien n’est pas simplement la reconnaissance du génocide, mais sa réparation. Selon les conventions internationales et la Déclaration des droits de l’homme, le génocide implique la réparation.
Donc, en tant que chef spirituel, je demande à la Turquie :
Pourquoi des milliers d’églises, de monastères, d’écoles, de centres communautaires et de propriétés et objets culturels et spirituels demeurent encore expropriés illégalement par les autorités ? Est-ce que notre peuple et notre Église n’ont pas le droit de récupérer leurs propriétés et leur biens?

Pourquoi la Cour constitutionnelle de Turquie a refusé même d’examiner une plainte déposée par le catholicossat arménien de Cilicie afin de récupérer la propriété du siège historique de l’Église arménienne située à Sis (actuellement Kozan) ? Le catholicossat était installé à Sis, l’ancienne capitale du royaume arménien de Cilicie depuis 1293. Pendant le génocide, les autorités turco-ottomanes ont forcé le catholicos Sahak II et le clergé à quitter les lieux en 48 heures. Après avoir déménagé entre Jérusalem, Alep, Damas et Chypre, en 1930, le catholicossat a été installé à Antélias, au Liban. Est-ce que les demandes de l’Église arménienne ne sont pas légitimes selon les droits internationaux ?
Un grand merci aux pays qui ont reconnu le génocide arménien. La reconnaissance du génocide est certainement un pas significatif vers la réparation. Le retour des églises et des monastères peut être la première étape concrète de la réparation. La Turquie doit agir si ce pays respecte le droit international.


(Lire aussi : Les Arméniens du Liban : tout simplement un mot de remerciement)


Nous sommes infiniment reconnaissants envers nos frères et sœurs arabes, chrétiens et musulmans, qui ont accepté nos orphelins et les survivants du génocide dans leur pays avec une générosité et une dignité exemplaires. Les pays arabes se souviennent toujours de leurs souffrances dans l’Empire ottoman-turc. Les Libanais et les Arméniens n’oublieront jamais le message du ministre de la Guerre, Envers Pacha, au ministre de l’Intérieur, Talaat Pacha : « L’Empire ottoman devrait être débarrassé des Arméniens et des Libanais. Nous avons détruit les premiers par l’épée, nous devons détruire les seconds par la famine. » La grande famine du Mont-Liban entre 1915 et 1918 et la disparition de la moitié de sa population sont bien connues.
Le génocide arménien n’était pas motivé par des raisons religieuses. Depuis des siècles le peuple arménien a cohabité avec l’islam dans la paix et le respect mutuel en Arménie et en Cilicie. Les Arméniens, les citoyens de l’Empire ottoman-turc étaient victimes d’un projet raciste du pantouranisme des « Jeunes-Turcs ».

La coexistence entre les nations, les religions et les cultures dans ce monde marqué par le pluralisme et l’interdépendance est une nécessité. La coexistence devient une source de progrès et de paix, si elle est basée sur la justice. C’est ce qu’on attend de la Turquie.


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commentaires (2)

LE PREMIER GENOCIDE DE L,HISTOIRE CONTEMPORRAINE PERPETRE PAR LES JEUNES TURCS OTTOMANS !

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 42, le 24 avril 2018

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Commentaires (2)

  • LE PREMIER GENOCIDE DE L,HISTOIRE CONTEMPORRAINE PERPETRE PAR LES JEUNES TURCS OTTOMANS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 42, le 24 avril 2018

  • Pour un génocide de 300 victimes il y a eu réparations... Et tans mieux. (Kossovo) Pourquoi oublier un crime contre l'humanité contre un peuple millenaire, qui vivait sur ses terres ancestrales ? Les arméniens ! Tout crime doit être puni, à défaut toutes les portes sont ouvertes aux abus et à la répétition des mêmes crimes.

    Sarkis Serge Tateossian

    08 h 03, le 24 avril 2018

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