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Culture - À l’affiche

La sensualité désenchantée et sexy selon Nadim Tabet...

Dans son premier long-métrage « One of these days », le jeune réalisateur livre une chronique sur la jeunesse, réaliste et touchante.

Le réalisateur Nadim Tabet entouré de l’équipe du film.

Avec Nadim Tabet, tout commence par la lettre A, ou encore par la lettre C : amour du cinéma ou cinéphilie sont les manivelles de son moteur, qui tourne constamment à fond la caisse. 

Après des études universitaires en histoire et en philosophie, il devient titulaire d’un master de cinéma à la Sorbonne. Un « cinéma théorique », si l’on peut dire. Mais le vrai cinéma, il l’apprendra en tenant une caméra à l’âge de treize ans. Son amour de la photo l’incite à se consacrer plus tard à ces images mouvantes qui peuplent son imaginaire. Pier Paolo Pasolini, Ingmar Bergman ou Jean-Luc Godard trouvent charme à ses yeux, mais pas que... Car ce fou amoureux de la pellicule rêve aussi de films d’action, et d’amour. Bref, des films de toutes sortes. Il apprend donc à filmer sur le terrain, tout en ingurgitant des films de tous horizons : ce qu’il veut, c’est mettre dans son cinéma ce qu’il a longtemps vu et emmagasiné dans son esprit. 

Dans les années 2000, Nadim Tabet devient responsable de …né à Beyrouth, avec Pierre Sarraf, et membre fondateur du Festival du film libanais. « Je trouvais bizarre de connaître un tas de films italiens, français ou anglais, mais de savoir très peu de choses sur ce qui se passe au Liban. » C’est donc par curiosité et par envie de faire connaître aux autres l’énergie cinématographique libanaise que le réalisateur va explorer tout ce petit monde. « C’est arrivé au bon moment, précise-t-il, parce que c’était l’époque du boum du cinéma libanais. » C’est aussi à ce moment qu’il commence à explorer ses envies, ses désirs, sa passion cinéma. Un cinéma qui lui ressemble. Il signera plus d’une dizaine de courts-métrages, qui voyagent et le font connaître internationalement. 



(Pour mémoire : Rencontre avec Pierre Sarraf et Nadim Tabet, organisateurs de « Né à Beyrouth »)    


« Un autre fou, comme moi... » 

Cette boulimie de tourner lui fait comprendre qui il est et quelle est sa manière de filmer. « Ce ne sont pas des expérimentations, précise-t-il, ni des œuvres parfaites, mais surtout des explorations. » À travers ses films, Nadim Tabet va à la rencontre des autres et probablement de lui-même. Ses personnages sont des vecteurs de mélancolie, mais aussi une matière vivante qu’il sonde de près. « J’aime à peindre les visages et les corps ainsi que la sensualité qu’ils dégagent. Et surtout n’allez pas croire que c’est de la pornographie ou encore du voyeurisme, mais une manière de fouiller dans les corps pour comprendre le mécanisme des esprits. » C’est encore la photographie qui l’intéresse avec son instantanéité et sa lumière, plus que les plans compliqués. De ces corps un peu débridés, Nadim Tabet fait un beau ballet où ils évoluent en toute harmonie. 

One of these days, produit par Abbout, est une chronique sur la jeunesse. Cette jeunesse désenchantée, perdue dans des identités multiples qu’elle recherche désespérément. Que ce soit Maya (Manal Issa), cette jeune fille encore vierge parce qu’elle a peur de franchir le pas ; Yasmina (Yumna Marwan), toxicomane qui échappe au centre de désintoxication; Ramy (Walid Feghaly), chanteur en quête de la note d’amou ; et Fouad (Nicolas Cardahy), qui veut frimer en prétendant qu’il est engagé politiquement : ils forment le noyau dur du film autour duquel gravitent d’autres personnages non moins intéressants, incarnés par Reine Salameh, Panos Aprahamain ou Julian Farhat. 

Tout comme dans les livres scolaires d’arabe de notre enfance où l’élève ne se retrouvait pas dans ce village où l’on boit à la cruche, déjeune sous la ariché et où le coq nous réveille à l’aube, Nadim Tabet, qui regrette de ne jamais avoir pu s’identifier à quelque personnage que ce soit dans un film libanais et qui commençait à trouver la situation assez schizophrène, saisit cette occasion pour aller à la quête du temps perdu. Il fallait parler de cette jeunesse qui ne fait pas entendre sa voix. « Heureusement pour moi, à cette époque, je rencontre Youmna et Manal, mais aussi Nicolas et Panos, et je me dis que j’ai envie de parler d’eux, mais aussi de les filmer. Heureusement, aussi, que je rencontre un autre fou comme moi, Georges Shoucair, qui croit en moi et en mon projet. Mon cinéma n’est ni un constat ni un jugement. Je n’aime pas parler des choses laides. J’aime filmer le désir et ce qui est sexy. »

One of these days, qui baigne dans les compositions musicales de Charbel Haber et Fadi Tabbal (The Bunny Tylers) et dans deux chansons de Kid 14, est un film effectivement sexy : oui, elle est aussi comme ça, éperdument touchante, la jeunesse libanaise...



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