Rechercher
Rechercher

Culture - À l’affiche

Vous êtes tous et toutes invité(e)s à « Ghada el-eid »

Le film de Lucien Bourjeily, qui croque avec réalisme certains aspects de la famille typiquement libanaise, sort ce soir en salle. À savourer. Comme un bon festin.

Trinquer puis clasher !

C’est la fête de Pâques et une famille de toute évidence de communauté chrétienne est réunie autour d’une table pour déguster les plats mitonnés avec amour par la mamma. Mais cette réunion qui doit être conviviale et chaleureuse ne tarde pas à tourner à un repas au goût amer et presque au pugilat. Dans le film écrit, réalisé, monté et coproduit par Lucien Bourjeily, qui a obtenu le prix spécial du jury à Dubaï et qui est nommé pour le « Jordan Ressler Award » du scénario au Miami IFF, la famille est dépeinte comme un microcosme de la société. On y adapterait autant l’adage d’André Gide devenu très courant : « Familles, je vous hais ! Foyers clos, portes refermées, possessions jalouses du bonheur », que celui d’Henry de Montherlant qui constate qu’il y a « dans le scandale recherché quelque chose d’à ce point vulgaire que la grosse hypocrisie des familles prend figure d’une conduite de qualité ». En mélangeant ces deux citations, on obtiendrait un constat explosif, car il est vrai que derrière les portes closes des familles, derrière les murs où s’enferme chacun de ses membres, il y a une telle violence contenue, qui n’est jamais distillée à l’extérieur mais, au contraire, filtrée de façon à montrer que « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil », et qu’au final, tout le monde s’aime.




Familles je vous hais !?
Dès que la porte est franchie, Ghada el-eid  ou Heaven without people, tourné caméra à l’épaule, rentre directement dans l’intimité de chacun des membres de cette famille. « Quand je raconte une histoire, je voudrais que le spectateur s’immerge carrément dans l’action, et pour ce faire, j’ai choisi la caméra avec sa spontanéité, ses faiblesses, parfois aussi ses défaillances, afin qu’on y croit et qu’on y adhère totalement. C’est comme une caméra documentaire, car l’histoire de cette famille est plus proche de la réalité que de la fiction. » Par ailleurs, pour être mieux au service de l’histoire, l’auteur qui surfe entre théâtre et cinéma a préféré travailler avec des comédiens non célèbres. « Certains ont participé avec moi à des ateliers ou dans certaines pièces de théâtre, d’autres sont simplement des amateurs. » Pour ajouter une touche encore plus réaliste au long-métrage, le metteur en scène a fait répéter plusieurs fois les dialogues in situ, si bien que les acteurs avaient même retenu le film avant de l’interpréter. Le public se sent près, tout près des personnages dans cette expérience filmique assez particulière. Si les plans un peu désordonnés s’accordent avec ce chaos familial qu’a installé Bourjeily, le volume assez haut du timbre de voix peut déranger par instants.

Ghada el-eid est-il un Festen de plus ? Non, car Lucien Bourjeily ne reproduit pas uniquement un noyau familial, mais à travers ce dernier, une société sclérosée par des préjugés rigides. Le jeune cinéaste balance tout et ne craint rien. Tout passe au crible : tant les questions religieuses et communautaires que le racisme et le manque de respect pour l’autre. Il décrypte également tous les codes familiaux rigides et dit tout haut ce qui se chuchote tout bas. La place de l’adolescent dans le noyau familial, son droit à la parole ainsi que les rapports entre mari et femme ou entre frères et sœurs. Et surtout, n’allez pas dire que cela ne représente pas le Liban. Le tableau qui se dresse devant nous est bel est bien le portrait du pays du Cèdre. Lucien Bourjeily n’est pas là pour juger, dénoncer ou critiquer la société, mais bien pour projeter la réalité de ces tranches de vie. « Je vous invite au premier rang à assister à ce repas familial qui passe en un quart de tour d’un débat philosophique aux querelles les plus minables et les plus absurdes. Et lorsque le ton monte d’un cran, on ne s’entend plus. N’est-ce pas aussi la reproduction authentique du malaise d’un pays qui a du mal à s’écouter et à retrouver ses vrais repères ? » Parmi tous ces personnages que suit le réalisateur dans son film, aucun d’entre eux n’est un héros. Ce sont des gens ordinaires. On s’y retrouve ou pas. « Je ne suis pas là pour donner des réponses, confie l’auteur-réalisateur, mais au contraire pour susciter des questions et établir un dialogue entre le spectateur et l’histoire. »



Dans la même rubrique

Quand Frances McDormand s’en va-t-en guerre

Pourquoi il faut se précipiter sur « The Shape of Water »


Lire aussi

Ziad Doueiri : Cette nomination a un goût de revanche et pour le Liban c’est un énorme cadeau

Les nominations aux 90èmes Oscars 



C’est la fête de Pâques et une famille de toute évidence de communauté chrétienne est réunie autour d’une table pour déguster les plats mitonnés avec amour par la mamma. Mais cette réunion qui doit être conviviale et chaleureuse ne tarde pas à tourner à un repas au goût amer et presque au pugilat. Dans le film écrit, réalisé, monté et coproduit par Lucien Bourjeily, qui a...

commentaires (1)

LES GENERALITES SONT A EXCLURE ! IL Y A DE CA MAIS IL Y A DE CELA AUSSI...

LA LIBRE EXPRESSION

11 h 15, le 01 mars 2018

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • LES GENERALITES SONT A EXCLURE ! IL Y A DE CA MAIS IL Y A DE CELA AUSSI...

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 15, le 01 mars 2018

Retour en haut