De gauche à droite, le Premier ministre libanais, Saad Hariri, le président français, Emmanuel Macron, le prince hériter saoudien, Mohammad ben Salmane, à l'Elysée, le 10 avril. Photo prise du compte twitter de M. Hariri
Le prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane a terminé mardi sa visite officielle en France par un dîner avec le président Emmanuel Macron, auquel a été convié à la dernière minute le Premier ministre libanais, Saad Hariri. La veille, MBS s'était déjà entrerenu avec M. Hariri dans la capitale française, lors d'un rendez-vous qui aurait été très improbable il y a quelques semaines encore.
Le président français a décidé d'associer le Premier ministre libanais à un échange avec le prince héritier saoudien, qu'il a accueilli en fin d'après-midi à l'Elysée, a annoncé la présidence française. "Les trois dirigeants évoqueront ensemble brièvement, avant le dîner officiel, les sujets liés à la stabilité du Moyen-Orient, à la lutte contre le terrorisme et aux coopérations économiques et culturelles", a précisé l'Elysée.
Se montrant l'un envers l'autre très chaleureux, souriants, Le président Macron et MBS ont affiché une grande proximité devant la presse malgré leurs divergences sur le nucléaire iranien. "Nous avons une vue tactique différente sur l'accord mais nous avons une vision stratégique cohérente" pour stabiliser la région, éviter que l'Iran ne devienne ne puissance nucléaire et limiter l'influence de Téhéran de l'Iran jusqu'au Liban, a déclaré le président français.
De son côté, le Premier ministre libanais a à cette occasion partagé sur twitter une photo des trois dirigeants, Saad Hariri souriant et MBS posant la main sur l'épaule du président français.
Une photo tweetée dans la nuit de lundi à mardi par Saad Hariri l'avait déjà montré en compagnie du prince saoudien et du roi du Maroc Mohammad VI. Attablés côte à côte dans un endroit non identifié, ils sourient à l'objectif en tenue décontractée, veste et chemise à col ouvert.
"Tous les trois sont amis et nos pays sont sur la même longueur d'onde, il était donc logique" d'organiser cette rencontre, a déclaré à l'AFP le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel Al-Jubeir.
Cette rencontre entre MBS et M. Hariri, non inscrite à l'agenda mais confirmée par le bureau de presse de M. Hariri à l'AFP, est intervenue quelques mois seulement après la crise déclenchée en novembre 2017 lorsque Saad Hariri avait annoncé sa démission depuis Riyad, invoquant la "mainmise" du Hezbollah -membre du gouvernement libanais et soutenu par l'Iran- sur la vie politique au Liban et des craintes pour sa vie. L'Arabie saoudite avait alors été accusée d'avoir forcé son protégé Saad Hariri à démissionner dans une tentative d'endiguer l'influence de l'Iran chiite au Liban et de le retenir contre son gré. La France était intervenue pour trouver une porte de sortie. Saad Hariri était rentré dans son pays trois semaines plus tard et avait ensuite annoncé qu'il revenait sur sa décision. Des élections législatives sont prévues le 6 mai au Liban.
(Lire aussi : Aoun : Les relations avec l'Arabie saoudite redeviennent normales)
"Cette période d'ambiguïté et de flou est désormais derrière nous", a affirmé à l'AFP le député Mouïn Merhebi, membre du Courant du futur présidé par M. Hariri. Le Premier ministre libanais s'était déjà rendu à Riyad fin février pour y rencontrer le prince héritier saoudien, pour la première fois depuis l'épisode de cette démission mystérieuse. "Ces réunions attestent de la solidité des liens entre Beyrouth et Riyad et visent à coordonner les efforts dans le cadre d'une vision commune à l'égard des enjeux qui agitent la région", a indiqué M. Merhebi. Selon le parlementaire, le dégel entre M. Hariri et, par ricochet, le Liban et l'Arabie saoudite devrait se traduire par une redynamisation des liens économiques entre les deux pays, les investissements saoudiens ayant largement reculé ces dernières années.
L'Arabie saoudite s'est déjà engagée à aider le Liban à hauteur d'un milliard de dollars dans le cadre de la conférence internationale de soutien au Liban (CEDRE) tenue la semaine dernière à Paris.
Ce rapprochement pourrait également ressusciter un accord franco-saoudien de soutien à l'armée libanaise de trois milliards de dollars interrompu début 2016 en raison du froid entre Beyrouth et Riyad.
Selon l'Élysée, "l'Arabie saoudite est un partenaire très important du Liban", comme l'a montré sa décision de débloquer une ligne de crédit d'un milliard de dollars à la conférence.
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12 h 41, le 11 avril 2018