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Liban - Législatives 2018 - Circonscriptions

Le Metn, champ de bataille entre loyalistes et opposants

Ceux qui ont tenté d’isoler Michel Murr « ont commis une erreur », estiment les proches du député.

Samy Gemayel, en compagnie de ses colistiers au Metn. Photo Facebook

S’il a anéanti les 8 et 14 Mars, le compromis politique élargi de 2016, qui a donné le coup d’envoi au sexennat de Michel Aoun, a clairement défini le camp des loyalistes et celui des opposants. Cet équilibre politique se fera particulièrement sentir au Metn-Nord (huit sièges à pourvoir : quatre maronites, deux grecs-orthodoxes, un grec-catholique et un arménien-orthodoxe), lors des législatives prévues le 6 mai prochain.
Et pour cause : les piliers du pouvoir en place – notamment le Courant patriotique libre (CPL) et les Forces libanaises (FL) – devront affronter le parti Kataëb, considéré comme le fer de lance de l’opposition. À cette bataille s’invitent aussi d’autres formations, à l’instar du Parti syrien national social (PSNS), ainsi que les composantes de la société civile, qui tentent de profiter de la proportionnelle prévue par la nouvelle loi électorale pour opérer une percée et faire leur entrée au Parlement.


(Lire aussi : Liban-Sud III : Face au tandem chiite, une liste « suppléante » CPL-Futur)


Mais c’est surtout sur le parti Tachnag que les regards sont braqués, dans la mesure où la présence massive des Arméniens dans cette circonscription en fait un électorat décisif. Sauf que ce parti n’a pas tardé à définir son positionnement sur l’échiquier électoral du Metn : toujours aux côtés du pouvoir, il mènera bataille aux côtés de son allié de 2005 et de 2009, le CPL. La même liste inclut aussi le PSNS. Cela est sans doute à même d’élever le seuil d’éligibilité de la liste concernée. C’est d’ailleurs ce que confirme à L’Orient-Le Jour Corinne Achkar, candidate à l’un des quatre sièges maronites du Metn, qui souligne que « la nouvelle loi électorale est complexe et oblige les colistiers à se disputer entre eux, surtout pour les votes préférentiels ». Insistant sur le fait qu’elle n’est pas affiliée au PSNS, Mme Achkar souligne que ce parti et celui de Gebran Bassil « ont toujours été ensemble ».


(Lire aussi : La bataille peut désormais commencer, le décryptage de Scarlett Haddad)

L’opposition contre « la liste du PSNS »
Sauf que cette alliance, que certains estiment « naturelle », est interprétée, dans certains milieux du Metn, comme une provocation adressée d’abord aux Kataëb et aux FL. D’autant qu’en dépit de toutes les divergences actuelles entre elles, les formations de Samy Gemayel et de Samir Geagea convergent sur l’opposition au parti prosyrien, notamment pour des raisons liées à l’assassinat de l’ancien président de la République Bachir Gemayel, en 1982. Aujourd’hui les Kataëb et les FL se voient dans l’obligation d’affronter le PSNS dans l’un de leurs plus grands fiefs.
À ce sujet, Élias Hankache, candidat Kataëb à l’un des sièges maronites du Metn, fait valoir que la bataille électorale opposera « la liste du PSNS (allusion à la liste du CPL qui comporte trois candidats proches du parti fondé par Antoun Saadé) et celle de l’opposition (les Kataëb) ».
Assurant que l’alliance du CPL au PSNS ne défie pas Saïfi, M. Hankache souligne qu’en revanche elle provoque les électeurs de la circonscription.
Outre la compétition contre la « liste du PSNS », le chef des Kataëb Samy Gemayel semble déterminé à prendre part au scrutin de mai à partir de son positionnement politique actuel, en tant que leader de l’opposition parlementaire. Cela pourrait bien expliquer sa décision de se lancer dans la compétition en solo, loin de ses alliés traditionnels, dont le député Michel Murr. « La compétition est claire. Les électeurs du Metn ont le choix entre ceux qui ont approuvé les dernières mesures fiscales et ceux qui s’y sont opposés. Ils devraient également choisir entre ceux qui ont avalisé la décharge de Bourj Hammoud et ceux qui ont tenté d’y mettre fin », souligne Élias Hankache, qui indique que son parti parie d’abord sur les gens et leur désir de voir s’opérer un changement significatif dans la vie politique.
Du côté des milieux proches de Meerab, on voit dans la bataille électorale du Metn « une compétition maronite par excellence », pour reprendre les termes de Michel Mecattaf, candidat grec-catholique appuyé par les FL. « Nous sommes optimistes quant aux résultats du scrutin », déclare-t-il à L’OLJ.


(Lire aussi : Ziyad Baroud : Un député n’est pas prisonnier de ses alliances)


« La guerre du pouvoir contre Murr »
C’est surtout Michel Murr qui, en dépit de multiples obstacles, a créé la surprise en parvenant à former une liste incomplète, quelques jours avant l’expiration du délai de dépôt des listes. Dans certains milieux politiques, on explique ce retard par le fait que le député du Metn a été abandonné par son allié arménien, le Tachnag, ainsi que par son colistier Sarkis Sarkis, récupéré par le CPL. Certains ajoutent ce qu’ils appellent « une guerre menée par le pouvoir en place contre Michel Murr ». Mais, dans les milieux proches de ce dernier, on se veut optimiste. On estime que l’ancien vice-président du Conseil bénéficiera de davantage d’appui populaire après cette tentative de l’isoler. Celui-ci se fera sentir dans les urnes le 6 mai, dit-on de source proche de M. Murr, qui estime que ceux qui ont tenté de l’isoler « ont commis une erreur ».
Quant à la société civile, ses composantes se sont regroupées sous le label « Koullouna Watani », tentant ainsi de profiter de la proportionnelle. Elle mise, d’abord, sur le ras-le bol populaire ressenti à l’heure actuelle. C’est en tout cas ce qu’indique à L’OLJ Émile Kanaan, candidat maronite sur la liste. « Nous nous opposons à la corruption et à la logique de partage du gâteau qui sont actuellement de mise », déclare-t-il, avant de poursuivre : « Nous sommes contre cette classe politique et nous misons surtout sur quelque 45 % des électeurs indépendants qui nous ressemblent et qui sont au centre de notre bataille. »


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Les listes au Metn


Le Metn fort : CPL, Tachnag et PSNS
Ibrahim Kanaan (maronite, CPL) ; Hagop Pakradounian (arménien-orthodoxe, Tachnag) ;
Élias Bou Saab (grec-orthodoxe, mouvance CPL et PSNS) ; Edgar Maalouf (grec-catholique, CPL) ; Ghassan Moukheiber (grec-orthodoxe, indépendant, mouvance CPL) ; Ghassan Achkar (maronite, PSNS) ; Corinne Achkar (maronite, mouvance PSNS) ; Sarkis Sarkis (maronite, indépendant).

Le pouls du Metn : Kataëb, PNL et société civile
Samy Gemayel (maronite, Kataëb) ; Élias Hankache (maronite, Kataëb) ; Joseph Karam (maronite, Parti national libéral) ; Nada Gharib Zaarour (maronite, parti des Verts) ; Mazen Skaff (grec-orthodoxe) ; Mikhaël Rammouz (grec-catholique) ; Violette Ghazal Balaa (grecque-orthodoxe) et Yeghisheh Andonian (arménien-orthodoxe).

Le Metn, cœur du Liban : FL et alliés
Eddy Abillama (maronite, FL) ; Michel Mecattaf (grec-catholique) ; Chucri Moukarzel (maronite) ; Razi el-Hage (maronite) ; Gisèle Hachem Zard (maronite) ; Lina Moukheiber (grecque-orthodoxe) ; Jessica Azar (grecque-orthodoxe) ; Ara Koyounian (arménien-orthodoxe, Ramgavar).

La fidélité metniote : Michel Murr
Michel Murr (grec-orthodoxe) ; Charbel Abou Jaoudé (maronite) ; Georges Abboud (grec-catholique) ; Milad Sebaali (maronite) ; Najwa Azar (maronite).

Koullouna Watani : société civile
Charbel Nahas (grec-catholique, Citoyens et citoyennes dans un État) ; Émile Kanaan (maronite, indépendant) ; Nadine Moussa (maronite) ; Georges Rahbani (grec-
orthodoxe ; Sabaa) ; Victoria el-Khoury Zouein (maronite ; Sabaa) ; Adib Tohmé (maronite).


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S’il a anéanti les 8 et 14 Mars, le compromis politique élargi de 2016, qui a donné le coup d’envoi au sexennat de Michel Aoun, a clairement défini le camp des loyalistes et celui des opposants. Cet équilibre politique se fera particulièrement sentir au Metn-Nord (huit sièges à pourvoir : quatre maronites, deux grecs-orthodoxes, un grec-catholique et un arménien-orthodoxe), lors...

commentaires (3)

Voici le CPL, le parti fondé par Michel Aoun, livré au gendre Gébran Bassil pour ne pas le nommer, qui s'allie au Metn et partout ailleurs au PSNS (Parti syrien national social) fondé oar Antoun Saadé, fusillé par un peloton d'exécution en 1949 pour avoir tenté un coup d'Etat, parti qui a revendiqué l'assassinat des présidents Riad Solh et Béchir Gemayel, cela est inimaginable et anti-national.

Un Libanais

13 h 57, le 29 mars 2018

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Commentaires (3)

  • Voici le CPL, le parti fondé par Michel Aoun, livré au gendre Gébran Bassil pour ne pas le nommer, qui s'allie au Metn et partout ailleurs au PSNS (Parti syrien national social) fondé oar Antoun Saadé, fusillé par un peloton d'exécution en 1949 pour avoir tenté un coup d'Etat, parti qui a revendiqué l'assassinat des présidents Riad Solh et Béchir Gemayel, cela est inimaginable et anti-national.

    Un Libanais

    13 h 57, le 29 mars 2018

  • CA DEPEND DE CE QUE L,ON ENTEND PAR LOYALISTES ET OPPOSANTS CAR LES QUALIFICATIFS ET LES ROLES PEUVENT ETRE FACILEMENT INVERSÉS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 13, le 29 mars 2018

  • Au Metn ou ailleurs un seul titre pour ces batailles entre loyalistes et opposants:Mascarade . La haine pour toujours et l'alliance pour un jour ou le 6 mai prochain seulement . Triste .

    Antoine Sabbagha

    09 h 14, le 29 mars 2018

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