Au lendemain de la cérémonie d’annonce de la liste des Marada pour la circonscription du Liban-Nord III (Batroun, Koura, Zghorta, Bécharré), au cours de laquelle le candidat Tony Frangié a tiré à boulets rouges sur le Courant patriotique libre (CPL), l’ancien ministre Sleiman Frangié a violemment critiqué hier, à son tour, le régime actuel et son entourage.
« Le discours de Gebran Bassil lors de l’annonce de la liste du Courant patriotique libre, samedi dernier, rappelle celui de Michel Aoun en 2009. Sauf qu’à l’époque, M. Aoun, alors leader du CPL, adressait les mêmes critiques acerbes à l’encontre de ceux qui se trouvaient samedi aux côtés de M. Bassil », a affirmé M. Frangié lors d’une rencontre avec des journalistes du Liban-Nord à Bnechii. Et le député de poursuivre : « Le CPL, qui promettait de lutter contre le féodalisme politique en 2005, compte aujourd’hui sur sa liste deux chefs de famille, Michel Moawad et Jawad Boulos, à Zghorta. Et ce même courant qui promettait de lutter contre l’affairisme s’est allié à Neemat Frem dans le Kesrouan… »
M. Frangié a également critiqué le vaste éventail d’alliances conclu par le CPL : « Le courant aouniste s’est allié à la Jamaa islamiya, au mouvement Amal, au courant du Futur et des formations de tous bords, à l’heure où les divergences avec tous les autres partis chrétiens présents sur la scène politique persistent. Qui est donc responsable de cette dispersion ? »
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Pourquoi Boutros Harb...
À l’heure où les Marada insistent sur la cohérence au niveau de leurs alliances, leur chef s’empresse de justifier d’emblée la présence du député Boutros Harb sur la liste qu’il parraine dans la circonscription, Ensemble pour le Nord et le Liban. Mises à part les divergences politiques d’ordre stratégique entre les Marada et Boutros Harb, « le député du Batroun a soutenu ma candidature à la présidence de la République et a été violemment critiqué pour ses prises de position à cet égard », relève M. Frangié. Outre M. Harb, la liste inclut, rappelons-le, son fils Tony Frangié, Estéphan Doueihy et Salim Karam à Zghorta, Fayez Ghosn, Abdallah Zakhem et Salim Saadé au Koura, ainsi que Melhem Tok et Roy Issa el-Khoury à Bécharré.
Interrogé par L’Orient-Le Jour sur les alliances à Zghorta, et sur une éventuelle distribution des votes préférentiels entre le candidat Tony Frangié et un second candidat, que ce soit Estéphan Doueihy ou Salim Karam, M. Frangié assure que les Marada se tiennent à égale distance de leurs deux alliés zghortiotes. « La liste des Marada remportera 4 sièges des 10 à coup sûr, alors que la vraie compétition tourne autour du cinquième », dit-il sur une note optimiste.
(Pour mémoire : Duel à fleurets mouchetés entre Michel Moawad et Tony Frangié)
Ces chiffres restent-ils d’actualité après la surprise créée par l’alliance Forces libanaises-Kataëb quelques heures avant la clôture des listes ? Le leader des Marada répond par l’affirmative, proposant trois cas de figure au niveau des résultats : quatre sièges pour les Marada, quatre aux FL-Kataëb et deux au CPL ; cinq sièges aux Marada, quatre aux FL-Kataëb et un seul au CPL, ou encore quatre sièges aux Marada et trois respectivement pour chacune des deux autres listes.
Sleiman Frangié n’a pas manqué de critiquer la nouvelle loi électorale, qui, à son avis, « n’est ni complètement proportionnelle ni complètement majoritaire ». Son bloc parlementaire œuvrera-t-il à l’avenir pour l’amendement de cette loi ? « Je ne me fatiguerai pas à le faire, puisque d’autres formations s’y mettront le lendemain du 6 mai », rétorque-t-il, non sans une pointe d’humour.
À la question de L’OLJ sur les capacités de cette nouvelle loi à déterminer le poids réel de chaque formation politique, d’autant qu’elle pourrait coûter aux Marada un député de moins dans le caza de Zghorta, M. Frangié a répondu : « Nous n’avons jamais prétendu représenter l’ensemble de l’électorat zghortiote. Cependant, les candidats qui pourraient être élus avec moins de 1 500 voix représentent-ils réellement leur région ? »
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