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Santé - Néphrologie

L’insuffisance rénale chronique touche plus les femmes que les hommes

Les spécialistes sont catégoriques : le meilleur moyen de prévenir l’atteinte rénale est de dépister le moindre problème à un stade précoce.

Chez la femme enceinte, la tension artérielle doit être mesurée à chaque visite médicale. Photo Bigstock

La Journée mondiale du rein, célébrée le deuxième jeudi du mois de mars, a été consacrée cette année aux maladies rénales chez la femme. Pour une raison double. D’une part, parce que cette journée coïncidait avec la Journée internationale de la femme, fixée au 8 mars. La Société internationale de néphrologie a ainsi voulu la placer sous le thème de la santé rénale chez la femme. D’autre part, parce que l’incidence de l’insuffisance rénale chronique est plus élevée chez la femme que chez l’homme – 14 % contre 12 % –, selon des études internationales.
Selon l’Organisation mondiale de la santé, près de 195 millions de femmes dans le monde souffrent d’une maladie rénale. Quelque 600 000 d’entre elles décèdent. « Les maladies rénales sont la huitième cause de décès chez la femme », constate le Dr Robert Najem, président de la Société libanaise de néphrologie et d’hypertension. « Pourtant, elles peuvent être prévenues dans de nombreux cas », poursuit-il.
C’est dans cet objectif que la Société libanaise de néphrologie et d’hypertension, en collaboration avec la Société libanaise de gynécologie et d’obstétrique, mène cette année une campagne de sensibilisation sur le thème « Prenez soin de vos reins, comme de votre famille ». Placée sous l’égide du ministère de la Santé, elle se poursuit jusqu’à la fin du mois de mars, avec au programme de nombreuses activités organisées en collaboration avec la Commission nationale de la femme libanaise sur l’ensemble du territoire, comme des conférences sur les maladies rénales et les moyens de les prévenir, la mesure de la tension artérielle, du taux du glucose et du cholestérol dans les centres municipaux. Une marche a également été organisée sur la corniche de Manara, dimanche dernier, pour sensibiliser à l’atteinte rénale chez la femme.

Hypertension gravidique et diabète gestationnel
« L’infection urinaire reste la principale cause des maladies rénales chez la femme, explique le Dr Najem. En fait, si elle n’est pas traitée à temps ou si elle est mal traitée, l’infection urinaire peut entraîner une pyélonéphrite (infection des reins) aiguë qui, en cas d’une mauvaise prise en charge, peut se compliquer et provoquer une insuffisance rénale aiguë. Par ailleurs, les infections urinaires à répétition peuvent causer une insuffisance rénale (pyélonéphrite) chronique. » Le spécialiste reprend : « De nos jours, les infections sont bien traitées. D’ailleurs, leur incidence diminue à l’échelle mondiale, sauf dans les pays pauvres et en voie de développement. »
L’hypertension artérielle gravidique (HTA), c’est-à-dire chez la femme enceinte, est aussi un important facteur de risque. « Elle survient généralement au troisième trimestre de la grossesse, indique le Dr Najem. Elle est souvent difficile à traiter, parce qu’on ne dispose pas d’une grande variété de médicaments qu’on peut prescrire chez la femme enceinte. Souvent, on accouche la femme par voie césarienne avant son terme pour éviter les complications. »
Souvent, cette HTA est accompagnée d’une élévation de la quantité de protéines dans les urines. « On parle alors d’une pré-éclampsie ou de toxémie gravidique, une affection qui touche près de 3 à 4 % des femmes enceintes, précise le Dr Najem. Si la pré-éclampsie n’est pas traitée, elle peut entraîner une éclampsie, qui se manifeste essentiellement par des crises de convulsions suivies d’un coma. L’éclampsie est un risque encouru par 1 % des femmes présentant une pré-éclampsie. »
Au nombre des facteurs de risque également le diabète gestationnel, « qui est facilement traitable, mais qui nécessite toutefois une surveillance stricte de la femme », ainsi que le lupus, une maladie auto-immune qui commence par une éruption cutanée et progresse pour toucher plusieurs organes, dont les reins. « Le lupus est plus fréquent chez la femme que chez l’homme, constate le Dr Najem. Mais c’est une maladie rare. »
Chez la femme non enceinte, le diabète et l’hypertension artérielle constituent un facteur de risque des maladies rénales.


(Lire aussi : Perdre du poids pour la santé de ses reins)



Grossesse, fenêtre sur la santé des femmes
Le gynécologue a un rôle à jouer dans la prévention de ces maladies. Le Dr Rana Skaf, chef du service d’obstétrique et de gynécologie du Centre médical universitaire de l’hôpital Saint-Georges à Achrafieh, insiste : « Le gynécologue est pratiquement le seul spécialiste que la femme visite au moins une fois l’an, soit pour un examen annuel, soit durant sa grossesse. De ce fait, il a la responsabilité de lui faire passer les tests nécessaires qui permettent de dépister et de détecter une éventuelle maladie rénale. »
Ceux-ci sont « simples » et « peuvent se faire, souvent, dans le cabinet du spécialiste ». « Ainsi, la tension de la femme enceinte doit être mesurée à chaque visite, avance le Dr Skaf. Son poids doit être pris et un examen d’urines doit être effectué. À cela s’ajoutent un test sanguin de la créatinine, de l’acide urique et du diabète. Ces examens nous permettent de savoir si la femme souffre d’un problème rénal ou si elle est prédisposée à une insuffisance rénale. » Et d’affirmer : « La grossesse est une fenêtre sur la santé future des femmes. Les femmes étant sous stress, le moindre problème de santé apparaîtra durant cette période. »
Si la femme n’est pas enceinte, « son poids et sa tension artérielle doivent être mesurés lors de la visite médicale ». De même, « un test d’urines doit être effectué » et « les taux de glucose et de créatinine dans le sang mesurés chaque quelques années, dépendamment de son âge ». « Un taux élevé de créatinine est un signe de défaillance de la fonction rénale qui, sur le long terme, peut entraîner une insuffisance rénale », insiste le Dr Skaf. Elle souligne en outre qu’à un stade précoce, l’atteinte rénale est asymptomatique. « Les symptômes n’apparaissent que lorsque la maladie a atteint un stade avancé, souligne-t-elle. D’où l’importance de l’examen régulier. »
À partir de quel âge celui-ci doit être effectué ? « Dépendamment de l’histoire familiale de diabète, d’hypertension et d’insuffisance rénale, répond le Dr Skaf. Toutefois, il est conseillé de consulter un gynécologue à partir de l’âge de 20 ans, une fois par an. Chez la femme enceinte, les tests précités doivent être effectués dès la première visite. »
Quid de la prévention ? « Elle consiste à mener un mode de vie sain, insiste la spécialiste. Il est ainsi recommandé d’avoir une alimentation variée, avec un apport réduit en viande rouge, en sel et en sucre. Il faut aussi perdre du poids si on présente une surcharge pondérale ou une obésité, pratiquer une activité physique régulière à raison d’au moins trente minutes par jour, cinq fois par semaine, boire environ deux litres d’eau par jour, ne pas fumer, éviter l’automédication, les traitements médicamenteux ne devant être pris que sur prescription médicale. En cas de diabète et d’hypertension artérielle, il faut bien contrôler ces maladies et penser à consulter un néphrologue en plus de son endocrinologue. Par ailleurs, il faut vider constamment sa vessie et ne pas se contenir pour éviter les infections urinaires. »


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