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À La Une - Austérité budgétaire

« C’est l’État libanais qui est handicapé », s'insurgent les associations d'aide aux personnes à besoins spécifiques

Les associations pour personnes à besoins spécifiques montent au créneau pour protester contre les réductions décrétées dans les subventions étatiques.

Enfants et adultes à besoins spécifiques ont manifesté ce matin à Baabda contre les restrictions budgétaires qui pourraient toucher le ministère des Affaires sociales, à l’instar de tous les ministères. Photo Zeina Antonios

Enfants et adultes à besoins spécifiques ont manifesté ce matin à Baabda contre les restrictions budgétaires qui pourraient toucher le ministère des Affaires sociales, à l’instar de tous les ministères. Les instances dédiées aux handicapés demandent que non seulement les subventions qui leur sont octroyées par le ministère des Affaires sociales ne soient pas touchées par l’austérité budgétaire, mais qu’elles soient au contraire augmentées, en accord avec la cherté de la vie. Faute de quoi, certaines organisations pourraient bien mettre la clé sous la porte. Dans ce contexte, ces instances ont indiqué qu’elles observeront une grève aujourd’hui, en attendant que la situation soit débloquée.

Ce matin, les manifestants, venus sur leurs chaises roulantes, accompagnés de leurs parents ou de leurs enseignants, ne demandaient qu’une chose, que les institutions qui les soutiennent puissent continuer à exister. « Il n’y a que ces institutions qui prennent soin de nous et qui nous apprennent à être des personnes à part entière dans la société », lance Houwayda, une jeune femme prise en charge par l’Association de l’homme et du futur, établie à Bednayel, dans la Békaa. De même pour Zahra, qui lance du haut de sa chaise roulante : « Je demande à l’État de soutenir notre association, déjà qu’il ne fait rien pour nous dans les autres domaines. Sans l’association, je n’aurais même pas appris à écrire mon nom. » « C’est l’État qui est handicapé ! » renchérit une mère de famille accompagnée de son fils, un adulte à besoins spécifiques. « Je demande qu’ils nous donnent nos droits. Ils nous demandent nos voix lors des législatives, on les leur donnera, mais qu’ils soutiennent les associations en retour. Ce n’est pas permis que nos enfants soient délaissés. S’ils étaient à l’étranger, ils auraient été mieux pris en charge », souligne-t-elle.


(Lire aussi : Au Liban, les associations d’aide aux personnes handicapées lancent un véritable cri d’alarme)



Bou Assi affiche son soutien
Présent sur place, le ministre des Affaires sociales, Pierre Bou Assi, assure « vivre les souffrances » des organisations qui viennent en aide aux personnes à besoins spécifiques. « Ces associations ne pourront pas supporter une baisse des subventions. Déjà qu’elles sont subventionnées selon un barème datant de 2011, alors qu’elles devraient l’être selon celui établi en 2012 », déclare-t-il à L’Orient-Le Jour. « Nous avons besoin d’augmenter le budget alloué à ces organisations de 33 milliards de livres supplémentaires afin de pouvoir travailler selon l’étude de 2012 et d’en faire bénéficier un plus grand nombre de personnes », ajoute-t-il.

Répondant à ceux qui accusent le ministère des Affaires sociales de subventionner des associations fictives, M. Bou Assi précise que ces allégations sont mensongères. « Il n’y a pas d’ONG fictive inscrite auprès du ministère. Nous payons les associations sur présentation de factures », déclare-t-il.

En milieu d'après-midi, se prononçant à l'issue de la réunion de la commission ministérielle chargée de l'étude du budget 2018, M. Bou Assi a assuré que le budget de son ministère sera maintenu.

En prévision de la conférence du Cèdre (prévue le 6 avril à Paris), le Premier ministre, Saad Hariri, a récemment demandé une réduction des dépenses des ministères de 20 %, les pays donateurs ayant requis des ajustements financiers. Sur le terrain, ces directives pourraient se traduire par une réduction de 20 % du montant de l’aide que perçoivent du ministère des Affaires sociales les associations d’aide aux handicapés. Ces aides varient entre 5 500 et 19 500 LL par jour et par élève, selon les cas.


(Lire aussi : Les hôpitaux privés protestent à leur tour contre les mesures d’austérité budgétaire)


Une directrice d’une école de sourds confirme à L’OLJ que plusieurs personnes handicapées sont sur des listes d’attente en raison de l’incapacité des associations à les prendre en charge, faute de subventions suffisantes. Les 33 milliards de livres supplémentaires serviraient donc, entre autres, à pouvoir accepter plus de personnes. Calculées selon l’étude de 2012, les subventions devraient augmenter de 22 %. « Nous avons récemment demandé qu’une nouvelle étude de budget soit effectuée et qu’elle prenne en compte la cherté de la vie. Mais, en attendant, nous acceptons de nous faire payer selon celle de 2012 », précise la directrice.

Pour Aline Rami, assistante sociale chez Step Together, une association qui s’occupe de handicapés mentaux et d’autistes, « si l’État réduit ses aides, on va droit vers la fermeture ». « Déjà que les subventions ne sont pas suffisantes pour couvrir les coûts relatifs à chaque élève, maintenant on veut les réduire de 20 %, s’exclame-t-elle. Nous travaillons d’arrache-pied pour trouver des donations ou des aides. »

Batoul Haïdar, de l’association al-Hadi pour les handicaps de l’ouïe et de la vue, plaide pour une augmentation des subventions de l’État. « Nous demandons que les aides soient revues à la hausse pour que ces personnes puissent être des membres actifs de la société. Elles ont autant le droit d’accéder à l’éducation et de vivre que les autres », souligne-t-elle.


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commentaires (1)

l ' etat libanais handicapé? Vous etes trop indulgent...

LeRougeEtLeNoir

20 h 48, le 01 mars 2018

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Commentaires (1)

  • l ' etat libanais handicapé? Vous etes trop indulgent...

    LeRougeEtLeNoir

    20 h 48, le 01 mars 2018

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