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Moyen Orient et Monde - Syrie

Damas prépare l’ultime assaut contre la Ghouta

Au moins 80 personnes, dont 9 enfants, ont été tuées hier dans les raids aériens.

Un homme blessé pendant les bombardements du régime sur Hamouria, hier, dans la Ghouta assiégée. Abdulmonam Eassa/AFP

Le régime syrien, soutenu par la Russie, veut en finir avec la Ghouta orientale. Les forces loyalistes préparent un assaut imminent contre la dernière poche rebelle aux portes de la capitale, après avoir lancé une campagne de bombardements intensifs le 5 février, faisant plus de 250 morts en cinq jours et des centaines de blessés. « Le régime bombarde intensément la Ghouta orientale en vue d’une offensive terrestre », a indiqué le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.

Le régime cherche à mettre fin aux tirs, parfois meurtriers, d’obus et de roquettes des rebelles sur la capitale. Quelque six roquettes se sont abattues sur Damas dimanche soir et une personne a été tuée par ces tirs, a rapporté l’agence de presse officielle syrienne SANA. Depuis le 5 février, plus de 20 civils ont péri dans des bombardements rebelles sur Damas. Les forces de Bachar el-Assad ont ainsi massé des renforts autour de cette zone qui leur échappe depuis 2012 et qu’elles assiègent depuis 2013. La Ghouta fait partie des quatre « zones de désescalade » mises en place à travers le pays pour faire reculer les violences. Mais le cessez-le-feu est resté lettre morte. Fin janvier, Damas avait été accusé d’avoir eu recours à plusieurs reprises à l’utilisation d’armes chimiques, notamment du chlore. Depuis, le régime ne relâche pas la pression sur l’enclave. La relative accalmie du front d’Idleb, province aux mains des rebelles, permet aux forces loyalistes de concentrer leurs efforts sur la Gouhta orientale.


(Lire aussi : Ankara menace de cibler le régime s’il soutient les Kurdes à Afrine)


« La totale »

Hier, au moins 89 civils, dont neuf enfants, ont péri dans les bombardements. « La situation est catastrophique, c’est du jamais-vu. Les bombardements ne s’arrêtent pas un instant », témoigne le Dr Abou Yasser, directeur d’un hôpital à Mesraba, dans la banlieue de Douma, contacté par L’Orient-Le Jour. Ce dernier diffusait hier sur les réseaux sociaux et dans les groupes WhatsApp réunissant des journalistes et des activistes des photos de corps emmaillotés dans des linceuls blancs reposant à même le sol de l’hôpital de la ville. « Les urgences et les blocs opératoires sont pleins à craquer, et on ne compte même plus les blessés qui patientent. Et pendant ce temps, le stock de matériel médical et de médicaments est en train de s’épuiser rapidement », poursuit le Dr Abou Yasser.

Environ 400 000 personnes sont assiégées dans la Ghouta orientale, région dans laquelle l’acheminement d’aides humanitaires est quasiment inexistant. « C’est la panique totale depuis quelques jours chez les gens, qui restent confinés dans les abris. Nous avons droit à la totale : les avions de chasse, les hélicoptères, les tirs d’artillerie, les obus, les mortiers », décrit le médecin. De nombreux cas de malnutrition ont notamment été rapportés par les activistes qui brandissent un risque de famine prochaine.

Les derniers développements rappellent fortement ceux des derniers mois du siège d’Alep-Est en 2016. En décembre, un accord pour l’évacuation des habitants des quartiers rebelles de la grande ville du Nord avait été signé entre les différentes parties du conflit. Des dizaines de milliers de familles avaient quitté la ville dévastée, au moyen des fameux bus verts, pour se rendre dans les régions aux mains des rebelles. « Nous sommes beaucoup plus nombreux dans la Ghouta et la situation est tragique, mais nous ne pouvons penser au fait que nous puissions subir le même sort que les Alépins », confie le Dr Abou Yasser.


(Lire aussi : La nouvelle "dimension stratégique risquée" du conflit en Syrie)


Pas d’accord en vue

En 2017, le régime a réussi à reprendre la grande majorité des zones proches de Damas, en concluant notamment des accords qui prévoyaient l’évacuation des rebelles en échange de la levée des sièges des localités. Ces derniers ont notamment été transférés vers la province d’Idleb, dans le nord-ouest du pays. Si un accord est conclu dans la Ghouta orientale, les jihadistes devraient être envoyés dans cette seule province qui échappe encore au contrôle de Damas. Cependant, les chances d’un compromis semblent minces.

Deux groupes rebelles islamistes, Jaïch al-Islam et Failaq al-Rahmane, contrôlent la majorité de la Ghouta orientale et font face aux offensives successives du régime. Mohammad Allouche, chef du bureau politique de Jaïch al-Islam et ancien négociateur en chef de l’opposition, a affirmé hier à L’Orient-Le Jour qu’il n’y a « aucune négociation en cours avec le régime » en vue d’une évacuation. 

Également contacté via WhatsApp, le porte-parole de Failaq al-Rahmane, Waël Alwane, a lui aussi démenti toute négociation avec Damas. Il a dénoncé une « guerre psychologique dans la Ghouta à travers les médias ». « Il y va de la responsabilité de la communauté internationale de faire cesser les bombardements de la part d’un régime criminel. Le régime et les Russes ne souhaitent pas trouver de solution politique mais visent une totale soumission de notre part à Damas », poursuit Waël Alwane. « Nous avons montré à plusieurs reprises que nous pouvions résister aux assauts des troupes d’élite et autres formations du régime, donc nous avons les moyens de résister à une nouvelle offensive », affirme-t-il.

Aux côtés des deux grands groupes salafistes tenant tête au régime dans la Ghouta, des jihadistes du groupe Tahrir al-Cham (une coalition menée par l’ex-branche d’el-Qaëda en Syrie, Fateh el-Cham) sont également présents dans quelques poches, dont l’une adjacente à Damas. Selon l’OSDH et le quotidien syrien al-Watane, des pourparlers sont en cours pour évacuer ces jihadistes. « Les civils, les activistes et les forces de Failaq al-Rahmane et de Jaïch al-Islam ont tous appelé au retrait de ces forces. Nous avons négocié cela à Genève en août dernier, or Moscou bloque délibérément le processus en refusant de les faire évacuer de la Ghouta », précise le porte-parole.




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commentaires (3)

Bon article qui fait un resumé de la situation complexe et dramatique dans cette région de la "Ghouta orientale".

Stes David

10 h 28, le 20 février 2018

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Commentaires (3)

  • Bon article qui fait un resumé de la situation complexe et dramatique dans cette région de la "Ghouta orientale".

    Stes David

    10 h 28, le 20 février 2018

  • LA BOUCHERIE RUSSIE/REGIME CONTINUE...

    ECLAIR

    10 h 20, le 20 février 2018

  • Pourrait on savoir où sont passées toutes ces bactéries wahabites défaites et chassées des 4 coins de Syrie ? Il doit sûrement y en avoir dans la ghouta. Le héros ne peut pas laisser faire , alors il nettoie.

    FRIK-A-FRAK

    09 h 07, le 20 février 2018

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