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Lifestyle - Positive Lebanese

Découvrir Beyrouth, autrement, avec Moustafa Fahs

D.R.

À l’heure où, autour de nous, les identités se perdent dans les nombreuses guerres meurtrières, les exodes forcés et les immigrations dramatiques, comment ne pas s’accrocher à nos origines, nos terres, nos lieux de naissance, notre pays ? 

La tentation de l’ailleurs s’est longtemps posée aux Libanais, pour des raisons économiques, sécuritaires, politiques ou par ambition. Mais une nouvelle tendance se profile chez nos jeunes qui, après avoir fait le tour des perspectives du pays d’accueil, envisagent simplement de retrouver leurs racines. 

On ne saurait nier ce lien indéfectible qui unit l’être humain à ses paysages familiers, à ses souvenirs d’enfance, à ses habitudes séculaires, sociales, culinaires, traditionnelles. Autant de madeleines de Proust dont, décidément, ni la morosité ambiante, ni la corruption, ni la pollution concrète et virtuelle, ni la peur du lendemain ne sauraient entacher la réminiscence. 

C’est propulsé par cette envie de se reconnecter que Moustafa Fahs, après une enfance au Gabon et quelques années passées à Dubaï avec sa famille, est rentré poursuivre ses études de marketing et publicité à Beyrouth. Et c’est en travaillant dans un petit bar de la ville que lui vient l’idée, avec sa partenaire, de faire quelque chose pour promouvoir les petites entreprises locales fragiles, les petites boutiques de quartier menacées. Et comment mieux les mettre en avant que d’organiser des promenades à pied pour les découvrir ? 

Alternative Tour Beyrouth est né en août 2016. Une autre façon de vivre la ville avec un parcours de cinq heures qui débute à la rue Sursock pour finir à Hamra en passant par Gemmayzé, le centre-ville, Basta, Zokak el-Blatt et Minet el-Hosn. Après des mois de recherches sur la ville, l’architecture, les petites histoires des quartiers et aussi quelques histoires de guerre, Moustafa raconte aux étrangers, aux locaux et aux expatriés le vécu de chaque rue. Le succès est immédiat. Tous les mercredis et les samedis, sans inscription préalable, avec un rendez-vous à 10h30 à Sursock, les groupes se forment et s’élancent pour sentir le pouls battant du cœur de la ville, découvrir les petites échoppes et apprendre à « voir autrement ». Moustafa Fahs est un jeune homme curieux. Il ne se lasse pas de recueillir des témoignages, d’interroger la génération de ceux qui ont « connu la guerre », de fouiller les mémoires, d’escalader les murs et surtout d’imaginer d’autres parcours, d’autres projets pour enrichir ses « tours » et apprendre à qui le veut bien à respirer Beyrouth. 


Sounboula

En pleine élaboration d’un nouveau circuit qui couvrirait des quartiers en périphérie comme Badaro, Tayyouné et Furn el-Chebback, le jeune homme de 26 ans a des projets plein la tête. Avec toujours comme perspective de mieux connaître le Liban, il projette d’acquérir un bus électrique et d’organiser trois sorties par semaine vers des villages aux mille trésors où les locaux montreront leur savoir-faire, leurs richesses, leurs traditions et les beautés de leur nature. Et de l’avis de Moustafa Fahs, ce ne sont pas les coins magnifiques au Liban qui manquent. C’est cet émerveillement qu’il aimerait partager avec le plus grand nombre. Mais ce qui le fait surtout vibrer actuellement, c’est un projet phare qui démarre le 16 février et qui est en quelque sorte un retour aux sources. Originaire du Sud, c’est dans son village de Breyké, entre Nabatiyé et Tyr, que Moustapha Fahs a imaginé et mis au point Sounboula, un centre d’apprentissage de la langue arabe qui peut accueillir les étrangers pour un cursus de cinq semaines. Après avoir rénové la maison de sa grand-mère qu’il a transformée en maison d’hôtes, il a entrepris de déplacer une à une les pierres d’une vieille demeure centenaire détruite par la guerre de 2006 et d’en faire un centre d’études au milieu des oliviers. Sounboula se veut un programme complet d’immersion dans le quotidien d’un village avec des cours de langue arabe mais aussi des cours de cuisine libanaise, des activités diverses comme la cueillette des olives, la moisson du blé, la récolte du tabac, du sumac et, pour ceux qui le désirent, travailler dans une boulangerie traditionnelle ou donner des cours d’anglais ou de français dans les écoles publiques. Une vraie immersion en arabe dans un village typique libanais pour apprendre le vrai libanais.

*Positive Lebanon est un concept basé sur les initiatives concrètes de la société civile libanaise. Ces initiatives qui font que le pays tient encore debout. Mais derrière chaque initiative se tient une Libanaise ou un Libanais courageux, innovant, optimiste et plein d'amour pour son pays. (voir ici)

 

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À l’heure où, autour de nous, les identités se perdent dans les nombreuses guerres meurtrières, les exodes forcés et les immigrations dramatiques, comment ne pas s’accrocher à nos origines, nos terres, nos lieux de naissance, notre pays ? La tentation de l’ailleurs s’est longtemps posée aux Libanais, pour des raisons économiques, sécuritaires, politiques ou par ambition....

commentaires (2)

Une économie saine.

Sarkis Serge Tateossian

23 h 07, le 07 février 2018

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Commentaires (2)

  • Une économie saine.

    Sarkis Serge Tateossian

    23 h 07, le 07 février 2018

  • Bonne chance à cette belle nouvelle génération et à toute cette jeunesse libanaise filles ou garçons, qui débordent d'idées et de concepts Une économique saine leur donnera des ailes comme nulle part ailleurs

    Sarkis Serge Tateossian

    19 h 31, le 07 février 2018

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