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Lifestyle - Positive Lebanese

Lena et Fadi Gebran : la résilience, la vraie

Kunhadi. Onze ans après sa mort, Hadi Gebran est devenu un symbole. Symbole de ces milliers de jeunes qui ont perdu la vie sur une des routes du Liban. Symbole de la formidable résilience de ses parents qui, pour ne pas sombrer, ont décidé de tenter d'épargner à d'autres familles cette énorme douleur. Symbole aussi d'une initiative plus que réussie qui a démenti la dangereuse croyance qu'on ne peut rien faire.

Lena, Fadi Gebran et leurs trois enfants formaient une famille heureuse et sans histoires jusqu'à ce matin du 16 mars 2006, quand on leur annonce l'accident de leur fils Hadi, 18 ans. Comment, dès lors, continuer à vivre ? Dans l'élan de solidarité qui s'est créé autour de ce malheur sans nom, très vite l'idée que Hadi ne soit pas mort pour rien a fait son chemin auprès de la famille et des amis du jeune garçon. En quelques mois, l'association Kunhadi est née pour que plus personne ne meure sur les routes libanaises.
Le travail est immense. Études, sensibilisation, prévention, sécurisation, les chantiers se mettent en place. Pour la première campagne, les parents de Hadi n'hésitent pas à mettre la photo de leur fils sur les panneaux pour un message chargé de toute leur émotion. « I lost my life, save yours, be brave and drive carefully. » On se souvient encore de l'impact de ces quelques mots qui ont atteint le cœur de milliers de jeunes. Et c'est animés d'un courage admirable que Lena et Fadi Gebran ont poursuivi leur sacerdoce malgré toutes les difficultés, le peu de moyens et très peu de soutien étatique. Et les actions se succèdent, efficaces et percutantes.

D'abord les conférences que donne inlassablement Lena Gebran, depuis 11 ans, dans toutes les régions du Liban. Dans les écoles, pour sensibiliser les élèves aux dangers de la route, auprès des ados ensuite, pour leur expliquer les causes des accidents, auprès des employés des entreprises également, et des chauffeurs de taxi pour leur rappeler le code de la route. Cette maman courage n'hésite pas à raconter, à chaque fois, les circonstances de la mort de son fils, pour faire comprendre que non, cela n'arrive pas qu'aux autres. Ensuite, Kunhadi a choisi d'installer des réflecteurs sur les routes dangereuses pour améliorer la visibilité. Sur l'autoroute du Sud d'abord, puis entre Zouk et Faraya, une route particulièrement dangereuse la nuit. Soutenu par les médias qui ont vite compris le sérieux et la constance de cette association, Kunhadi lance le projet « Taxi Night » deux fois par an, encourageant les conducteurs à ne pas prendre leur voiture pour aller faire la fête. Kunhadi paye le taxi et deux boissons et surtout aide à changer les mentalités. Les jeunes qui, au début, ont trouvé l'idée saugrenue, sont de plus en plus nombreux à adhérer au concept. Grâce à l'ONG, 16 couples ont inclus, cet été, l'option taxi dans leurs cartons d'invitation de mariage, pour permettre aux gens de faire la fête sans risques. La sensibilisation fait son chemin et les statistiques sont d'ailleurs parlantes, avec une nette diminution des accidents depuis 2007.

Mais pour Lena Gebran, infatigable et déterminée, ce n'est pas assez. L'excès de vitesse, l'alcool au volant, la fatigue et bien sûr l'utilisation du cellulaire en conduisant sont encore des ennemis à combattre. Kunhadi lancera donc en novembre une nouvelle campagne « Save the night » pour rendre la vie nocturne au Liban « saine et sauve ». Ce projet est divisé en quatre grands axes : créer une application pour commander des taxis à n'importe quelle heure de la nuit, qui seraient formés et recommandés par Kunhadi. Le deuxième axe se fera avec la complicité des boîtes de nuit qui s'engageront à ne pas accueillir des jeunes de moins de 18 ans, à surveiller les abus d'alcool et à demander à leurs valets parking d'identifier les personnes en état d'ébriété. Kunhadi a également installé 10 aires de repos dans diverses stations d'essence dans le Sud et dans le Nord pour les conducteurs fatigués. Enfin, un travail de fond se fera sur un vrai changement de perspective avec un tapis jaune déroulé à l'entrée des boîtes de nuit pour accueillir en VIP tous les jeunes qui seraient venus en taxi. Dans leur grande douleur, Lena et Fadi Gebran ont réussi à garder vivante la mémoire de leur fils et, grâce à Hadi, ont pu sauver des vies.

 

*Positive Lebanon est un concept basé sur les initiatives concrètes de la société civile libanaise. Ces initiatives qui font que le pays tient encore debout. Mais derrière chaque initiative se tient une Libanaise ou un Libanais courageux, innovant, optimiste et plein d'amour pour son pays. (voir ici)

 

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Kunhadi. Onze ans après sa mort, Hadi Gebran est devenu un symbole. Symbole de ces milliers de jeunes qui ont perdu la vie sur une des routes du Liban. Symbole de la formidable résilience de ses parents qui, pour ne pas sombrer, ont décidé de tenter d'épargner à d'autres familles cette énorme douleur. Symbole aussi d'une initiative plus que réussie qui a démenti la dangereuse croyance...

commentaires (2)

DEUX PARENTS REUSSISSENT LA OU L,ETAT ECHOUE...

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 45, le 18 octobre 2017

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Commentaires (2)

  • DEUX PARENTS REUSSISSENT LA OU L,ETAT ECHOUE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 45, le 18 octobre 2017

  • "Cette maman courage n'hésite pas à raconter, à chaque fois, les circonstances de la mort de son fils": Oui, j'en ai été témoin, cette femme (et d'autres dans sa situation) est admirable.

    NAUFAL SORAYA

    07 h 33, le 18 octobre 2017

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