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Liban - Grille des salaires

Le dossier des enseignants du privé devra attendre... que l’orage passe

La grève des instituteurs est maintenue, les 5, 6 et 7 février, affirme à « L’Orient-Le Jour » le président du syndicat des enseignants, Rodolphe Abboud.

Les représentants de la Fédération des associations des écoles privées avec le mufti Abdellatif Deriane. ANI

Le crêpage de chignon entre le chef du CPL Gebran Bassil, également ministre des Affaires étrangères, et le président du Parlement, Nabih Berry, a porté un coup de massue au dossier des enseignants des écoles privées. Le projet d’amendement de la loi 46 proposé par le ministre de l’Éducation, Marwan Hamadé, dans le sens de l’étalement sur deux ou trois ans des effets de la grille des salaires, aurait pu être étudié aujourd’hui, en Conseil des ministres. Il a pour objectif, rappelons-le, d’accorder aux enseignants leurs droits, comme le stipule la loi 46, et de rendre ces augmentations de salaires plus supportables pour les directions des écoles, tout en limitant les hausses des écolages.

Une médiation non concluante
Mais le gouvernement ne se réunira pas, officiellement pour cause d’absence du Premier ministre, Saad Hariri, qui se trouve en Turquie. Et puis comme l’a déploré M. Hamadé, hier, lors d’une conférence sur un projet de développement du secteur éducatif financé par la Banque mondiale, le dossier de l’éducation ne figurait pas à l’ordre du jour du Conseil des ministres. C’est dire l’importance qui est accordée par le gouvernement à l’éducation. Dans ce cadre, le message du ministre de l’Éducation au gouvernement retentit comme un appel désespéré. « Cela fait des mois que j’appelle à un Conseil des ministres exceptionnel pour régler la crise de l’enseignement privé », souligne M. Hamadé. Mais en guise de réponse, il ne peut que constater « une fuite en avant dans ce dossier ».

L’étude du dossier a donc été reportée sine die. Sans compter que la médiation, initiée par l’ancien ministre Ziyad Baroud – également avocat du syndicat des enseignants du privé – à l’invitation des écoles catholiques, n’a abouti à « aucun élément concluant », du moins pas pour l’instant. Malgré les rencontres et les discussions qu’il a multipliées avec les différents acteurs du dossier, il révèle à L’Orient-Le Jour que la crise demeure sans solution, à moins d’une intervention de l’État. Me Baroud a rencontré le père Boutros Azar, secrétaire général des écoles catholiques et coordonnateur de la Fédération des associations éducatives privées, sœur Bassima Khoury, directrice du Collège des sœurs antonines de Roumieh, et le président du syndicat des enseignants du secteur privé, Rodolphe Abboud. « Je présume la bonne foi de tous, souligne-t-il. Mais quelque part, le fardeau est lourd et ne dépend pas de ces acteurs. » L’avocat estime donc que « l’État ne peut qu’être amené à contribuer ». Un appel qui rejoint celui des directions d’établissement qui n’ont de cesse, depuis l’adoption de la loi 46, de réclamer que l’État assume les conséquences des six échelons exceptionnels accordés aux enseignants par la grille des salaires.


(Pour mémoire : Au Liban, l'école privée en crise aiguë depuis l'adoption de l'échelle des salaires)


Un lobbying actif
Dans ce climat d’attentisme, se poursuit en revanche le lobbying. C’est dans ce cadre qu’une délégation de la Fédération des associations éducatives privées, présidée par le père Boutros Azar, a été reçue hier à Dar el-Fatwa par le mufti de la République, cheikh Abdellatif Deriane. « La rencontre a essentiellement porté sur les écolages », comme l’a indiqué le père Boutros Azar à l’ANI. Faisant part de « la bonne foi » des directions d’établissements scolaires, il a invité les instances religieuses et plus particulièrement Dar el- Fatwa « à intervenir pour résoudre la crise sociale que provoquera indubitablement la loi 46, non seulement cette année, mais dans les années à venir », vu les augmentations des coûts de scolarités qu’elle entraînera. Le père Azar s’est dit « soucieux de respecter à la fois les droits des enseignants, des parents et des institutions éducatives ». Une fois de plus, il a invité l’État à « assumer les effets de la grille des salaires afin de préserver l’école privée ».

Aujourd’hui, tout ce petit monde devrait se retrouver chez le patriarche Béchara Raï, à Bkerké, autrement dit, les représentants de la Fédération des écoles privées, de même que les chefs religieux, chrétiens, musulmans, druzes. Une réunion à laquelle n’assisteront pas les représentants du syndicat des enseignants, qui n’ont pas été conviés.

Ce qui n’empêche pas les instituteurs de poursuivre eux aussi leur lobbying, tout en maintenant l’appel à la grève, les 5, 6 et 7 février, à moins de développements de dernière minute. Lundi dernier, les membres du Conseil du syndicat des enseignants ont été reçus par le patriarche maronite, en présence du père Azar, indique à L’OLJ son président, Rodolphe Abboud. « Nous lui avons présenté nos revendications. Nous avons aussi appelé à l’application de la loi », souligne-t-il. Chemin faisant, davantage d’établissements scolaires se rallient un peu plus chaque jour à la cause enseignante. « Plus de 85 établissements scolaires appliquent désormais la loi 46, six échelons y compris, constate M. Abboud. Alors que 150 autres établissements ont promis à leur corps enseignant d’appliquer la grille des salaires dans les prochains mois. »



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