Devant la diaspora libanaise au Koweït, Aoun insiste sur l'importance de la construction de l’État

Le président de la République libanaise, Michel Aoun, s'est exprimé mardi soir devant des membres de la diaspora libanaise au Koweït, dans le cadre de sa visite officielle de deux jours dans l'émirat où il a tenu dans la journée une réunion au sommet avec l’émir du Koweït, cheikh Sabah al-Ahmad al-Sabah.

"Nous agissons au Liban selon une nouvelle approche basée sur le changement dans le but de développer la société et de construire un meilleur État, même si ces changements peuvent inquiéter au début", a déclaré le président. "Nous conduisons des réformes au sein des institutions de manière discrète. Nous avons atteint plusieurs de nos buts", a-t-il ajouté, estimant que "la nouvelle loi électorale permet plus d'équité entre les communautés ainsi qu'en leur sein". Sur un autre plan, M. Aoun a affirmé que "le Liban est devenu stable sur le plan sécuritaire, bien plus que la majorité des pays du monde", et appelé les Libanais à ne pas "croire les ragots".

Soutenir économiquement le Liban
Plus tôt dans la journée, Michel Aoun s'était réuni avec cheikh Sabah al-Ahmad al-Sabah. Les relations bilatérales ainsi que les développements régionaux et internationaux ont été passés en revue au cours de cette entrevue. 

A l'issue de la réunion, les deux chefs d’État ont condamné de concert la décision américaine, annoncée le 6 décembre par le président Donald Trump, de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël. Ils se sont entendus sur la nécessité de renforcer la coopération arabe dans le contexte présent. Ils ont en outre discuté du prochain sommet arabe, soulignant l'importance de faire en sorte que cet événement soit "une opportunité d'unifier les positions arabes et de rétablir la solidarité" entre les membres de la Ligue arabe. 

Lors du dernier sommet extraordinaire de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), qui avait eu lieu mi-décembre à Istanbul, M. Aoun avait exhorté les États membres de l'OCI à déposer une plainte auprès des Nations unies et du Conseil de sécurité contre la décision de Donald Trump.    

L'émir al-Sabah a par ailleurs assuré à M. Aoun qu'il allait "donner les instructions nécessaires au Fonds koweïtien pour le développement afin de soutenir économiquement le Liban et de répondre à ses besoins financiers".

Le président Aoun a de son côté exprimé sa gratitude envers l'émirat qui "s'est toujours tenu aux côtés du Liban, quelles que soient les circonstances". Il a dans ce cadre invité le Koweït à prendre part aux conférences du Groupe international de soutien au Liban (GIS), à Rome, Paris et Bruxelles. La conférence de Rome II de soutien à l’armée libanaise aura lieu le 28 février prochain. Celle de Paris, baptisée conférence du Cèdre, devrait se tenir en avril prochain et sera consacrée au financement d'un large programme de modernisation des infrastructures libanaises. La date de la conférence de Bruxelles dont l'objectif est d'aider le Liban à prendre en charge les réfugiés syriens qu'il accueille sur son sol, n'a elle pas encore été fixée.

Le président Aoun a d'ailleurs souligné devant l'émir du Koweït les "souffrances des réfugiés syriens au Liban". Il a également évoqué l'impact de leur présence sur la situation économique et sécuritaire dans le pays. Fin novembre, le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) avait recensé 997.905 réfugiés syriens enregistrés au Liban, en grande majorité des femmes et des enfants. Chassés par la guerre qui ravage leur pays depuis 2011, plus de la moitié des ces réfugiés vivent, selon les Nations unies, dans une "extrême pauvreté", dans des camps informels ou des immeubles délabrés.

En fin d'après-midi, le président s'est entretenu avec le Premier ministre koweïtien Jaber al-Moubarak Ahmad al-Sabah.

(Lire aussi : La cellule Abdelli au cœur de la visite de Aoun au Koweït )

Cellule Abdelli
Michel Aoun était arrivé à 11h (heure de Beyrouth) au Koweït, où il a été reçu par le prince héritier, Nawah al-Ahmad al-Jaber al-Sabah, le Premier ministre koweïtien et de nombreux responsables.

Selon une source diplomatique digne de foi, plusieurs questions importantes devront encore être soulevées lors des réunions bilatérales prévues pendant cette visite, dont la question de la cellule terroriste Abdelli, démantelée en 2015. Le Koweït accuse le Hezbollah et l’Iran d’être liés à cette cellule, composée notamment de 21 Koweïtiens chiites, condamnés en 2017 à des peines de prison pour avoir projeté de commettre des attentats dans l’émirat.  

Le Hezbollah, par le biais notamment de son secrétaire général, Hassan Nasrallah, avait démenti ces accusations et les autorités sécuritaires libanaises concernées ont déjà informé le Koweït qu’elles ne disposaient d’aucun élément prouvant la participation du parti chiite à cette cellule. Pourtant, l’émirat persiste dans ses accusations, précisant que des éléments du Hezbollah et des cadres d’autres nationalités sont partis de Beyrouth pour agir sur son territoire.  

C’est la raison pour laquelle le directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, fait partie de la délégation officielle imposante emmenée par le chef de l’État. Il devrait tenir les responsables koweïtiens au courant des informations qu’il détient à ce sujet. 

Outre le général Abbas Ibrahim, le président Aoun est accompagné d'une délégation comprenant notamment les ministres libanais des Affaires étrangères, Gebran Bassil, et des Télécoms, Jamal Jarrah, ainsi que les ministres d'Etat pour le Développement administratif, Inaya Ezzeddine, et pour les Droits de l'Homme, Ayman Choucair.

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