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Économie - Industrie

Le gouvernement va-t-il renoncer aux mesures antidumping ?

Le ministère de l'Économie s'était engagé en juin dernier à introduire une vingtaine de nouvelles barrières douanières, mais il semble désormais traîner des pieds.

Le port de Beyrouth. Photo C.Hd.

Annoncées en juin 2017 par le ministre de l'Économie et du Commerce, Raëd Khoury, plus d'une vingtaine de mesures antidumping tardent à voir le jour. Elles devaient initialement prendre la forme de nouvelles barrières tarifaires et non tarifaires, mais le ministère de l'Économie semble traîner des pieds. « Nous espérons que le gouvernement remette ce sujet au centre de ses priorités », a simplement commenté auprès de L'Orient-Le Jour le président de l'Association des industriels du Liban (AIL), Fadi Gemayel.

Suite à une demande officielle du ministre de l'Industrie, Hussein Hajj Hassan, début mars 2017, l'AIL avait établi une liste de 17 produits nécessitant des mesures protectionnistes, avant de la transmettre au ministère de l'Économie. Cette liste incluait les produits métalliques, le bourghoul, les confiseries, les pâtes, les produits laitiers, les biscuits, la farine, le marbre et le granit, les graines de maïs, les cornflakes, l'aluminium, le foie gras, les plombs de chasse, les détergents, la papeterie, les équipements sanitaires et les produits avicoles. Selon plusieurs sources concordantes, six autres produits ont été ajoutés à cette liste. Contactés à plusieurs reprises par L'Orient-Le Jour, les principaux cadres de l'AIL n'étaient pas en mesure de communiquer les types de produits ajoutés.

 

(Lire aussi : Le cri d'alarme de Hajj Hassan : L'État n'a aucune politique économique !)

 

Au cas par cas
« Nous étudions actuellement 23 produits, qui nous ont été signalés par le ministère de l'Industrie et l'AIL, comme des produits exerçant une concurrence déloyale sur leurs équivalents libanais sur le marché local. Nous procédons au cas par cas, et tentons de trouver à chaque fois une solution adéquate, qui ne sera pas nécessairement une augmentation des barrières douanières », a confié à L'Orient-Le Jour une source au ministère de l'Économie ayant requis l'anonymat. « Il s'agit d'un long processus. Le comité chargé du dumping au sein du ministère de l'Économie demande tous les détails sur le type de produit concerné, ses caractéristiques et des évidences de dumping. Il organise ensuite des réunions avec les industriels locaux concernés », a également confirmé à L'OLJ un industriel, ayant été convié à ce type de réunions de travail. « Si par exemple un producteur libanais de bourghoul a inclus celui-ci dans la liste, cela ne signifie pas que tous les produits équivalents importés seront concernés par les mesures antidumping, mais uniquement ceux qui exercent une concurrence déloyale », a-t-il poursuivi.

 

(Pour mémoire : Les industriels libanais dénoncent le manque de soutien à l'export)

 

« Le ministère de l'Économie n'a pour l'instant donné son accord que pour cinq produits de cette liste, dont les produits céramiques et les cahiers scolaires. Ils devraient faire l'objet de mesures antidumping pour une période allant de deux à trois ans », a indiqué un autre industriel. Entre-temps, « une loi doit être votée en vue d'autoriser le gouvernement à légiférer sur les barrières tarifaires, ce qui relève normalement des prérogatives du Parlement. Un texte a déjà été approuvé par les députés, mais le président de la République, Michel Aoun, l'a renvoyé au Parlement », a-t-il ajouté, sans préciser les motifs de ce renvoi. « Il faut admettre que le lobby des commerçants a toujours été plus puissant que celui des industriels au Liban », fait-il remarquer.
« Les mesures protectionnistes ont toujours été un sujet sensible, qui fait débat entre commerçants et industriels. Nous considérons qu'elles nuisent à la concurrence et aux consommateurs, car ces derniers profitent de la baisse des prix, lorsqu'il y a une forte compétitivité sur le marché », a déclaré pour sa part un membre d'une organisation patronale.

La balance commerciale du Liban a accusé un déficit de 13,2 milliards de dollars sur les dix premiers mois de 2017, selon les dernières statistiques officielles disponibles. La valeur totale des importations a baissé de 0,9 % en glissement annuel, pour atteindre 15,6 milliards de dollars fin octobre. Parallèlement, la valeur des exportations a diminué de 4,8 % en glissement annuel, à 2,4 milliards de dollars. Une situation qui pousse plusieurs industriels à demander une « renégociation des accords commerciaux noués par le Liban avec ses partenaires économiques, notamment celui avec l'Union européenne ».

 

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