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Économie - Commerce

Industrie : les nouvelles barrières tarifaires laissent sceptique

Des observateurs estiment notamment que ces mesures n'auront pas d'impact sur les habitudes de consommation.

« Le gouvernement doit penser à rééquilibrer sa balance commerciale dans son ensemble, au lieu de mettre en place des mesures homéopathiques pour chacune des filières industrielles », préconise un ancien conseiller au ministère de l’Industrie. Photo C.Hd

Alors qu'elles ne sont pas encore mises en œuvre, des mesures protectionnistes envisagées par le gouvernement suscitent déjà des interrogations.

Le ministre de l'Économie et du Commerce, Raëd Khoury, et le ministre de l'Industrie, Hussein Hajj Hassan, ont annoncé le 6 juin l'introduction prochaine de nouvelles barrières tarifaires et non tarifaires pour 17 produits considérés comme faisant l'objet d'une concurrence déloyale, une fois que cette liste sera approuvée en Conseil des ministres. La liste, qui a été préparée fin mai par l'Association des industriels du Liban (AIL), inclut le bourghoul, les confiseries, les pâtes, les produits laitiers, les biscuits, la farine, le marbre et le granit, les graines de maïs, les cornflakes, l'aluminium, les produits métalliques, le foie gras, les plombs de chasse, les détergents, la papeterie, les équipements sanitaires et les produits avicoles.

Néanmoins, plusieurs observateurs interrogés par L'Orient-Le Jour remettent en cause l'efficacité d'une telle mesure. D'abord, en ce qui concerne le choix de ces produits. « Pourquoi a-t-on sélectionné ces produits et pas d'autres ? C'est une liste très hétéroclite et non représentative. Il faudrait plutôt prendre en compte le nombre d'usines et d'emplois concernés, et préserver avant tout les industries exportatrices ou ayant des capacités d'export », réagit un économiste ayant requis l'anonymat. « Cette liste ne se base pas sur une réelle étude du secteur industriel libanais, elle comprend uniquement les produits qui ont été identifiés par les industriels produisant leurs équivalents au Liban et qui en ont fait la demande auprès de l'AIL », confie un ancien conseiller au ministère de l'Industrie, également sous le couvert de l'anonymat. Le vice-président de l'AIL, Ziad Bekdache, considère pour sa part que la liste regroupe déjà la plupart des industries victimes de dumping commercial, mais que l'association attend que d'autres se manifestent. « Le secteur industriel emploie plus de 170 000 personnes au Liban, sans compter les saisonniers. Plus de la moitié d'entre eux travaillent dans les usines concernées par les 17 produits inclus dans la liste », poursuit-il.

 

Subventions
D'autres économistes estiment que les barrières tarifaires auxquelles seront soumis ces produits ne suffiront pas à changer les habitudes des consommateurs. « Ces produits ne sont pas des biens de première nécessité. Donc si, par exemple, le prix de vente d'un paquet de cornflakes importé augmente de 2 000 livres, les consommateurs continueront de l'acheter », explique un ancien conseiller au ministère de l'Économie. « C'est aux industriels libanais d'améliorer la qualité de leurs produits et de ne plus compter uniquement sur le marché local », ajoute-t-il.

De leur côté, les industriels libanais font valoir que leurs usines ne peuvent pas bénéficier des mêmes avantages que leurs concurrents. « Pour pouvoir être compétitives, les industries libanaises doivent réduire leurs coûts d'exploitation en augmentant leur production et leurs parts de marché. C'est actuellement impossible tant sur le marché local que sur les marchés internationaux face au dumping des produits importés de Turquie, de Chine ou des pays arabes, qui sont les principaux visés par ces mesures », explique M. Bekdache. « Ces pays subventionnent considérablement leurs industries soit en leur accordant des aides financières comme la Chine ou la Turquie, soit en mettant à leur disposition des terrains comme en Arabie saoudite, soit en leur permettant d'accéder à du carburant à prix extrêmement bas comme en Égypte et dans les pays de coopération du Golfe », dénonce-t-il.

 

Pressions
Selon l'agence al-Markaziya, M. Hajj Hassan a indiqué hier qu'il soulèvera aujourd'hui en Conseil des ministres la question « du coût élevé de l'énergie pour les industriels », avant de réitérer que le « gouvernement n'avait que deux choix : le protectionnisme ou les subventions ».
M. Bekdache souligne par ailleurs que le Liban devra sans doute faire face à des pressions politiques, même si les accords commerciaux signés avec les pays arabes l'autorisent à mettre en place des barrières douanières sur les produits de ses partenaires arabes en cas de dumping commercial. « En 2016, M. Hajj Hassan a déjà dû retirer des barrières douanières sur les chips et l'aluminium quelques mois seulement après leur introduction, suite à une contestation de la part de l'Arabie saoudite », illustre-t-il.

Mais pour l'ancien conseiller au ministère de l'Industrie, « le gouvernement doit penser à rééquilibrer sa balance commerciale dans son ensemble, au lieu de mettre en place des mesures homéopathiques pour chacune des filières industrielles ». « Il faudrait donc s'intéresser au déséquilibre des échanges avec l'Union européenne (UE) puisqu'il est responsable de près de la moitié du déficit commercial global du Liban. L'industrie libanaise y est notamment confrontée à des barrières non tarifaires (normes sanitaires, techniques...) qui sont en réalité des mesures protectionnistes masquées », dénonce-t-il.

En 2016, le Liban a enregistré un déficit commercial avec l'UE de 7 milliards de dollars, soit 45 % de son déficit commercial total. Il importe principalement d'Europe des combustibles minéraux et des lubrifiants ;
des machines et équipements de transport ; et des produits agroalimentaires. « Le gouvernement devrait demander une renégociation de l'accord commercial avec l'UE afin que les bénéfices de ce partenariat soient réciproques », plaide le conseiller précité.

 

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Alors qu'elles ne sont pas encore mises en œuvre, des mesures protectionnistes envisagées par le gouvernement suscitent déjà des interrogations.
Le ministre de l'Économie et du Commerce, Raëd Khoury, et le ministre de l'Industrie, Hussein Hajj Hassan, ont annoncé le 6 juin l'introduction prochaine de nouvelles barrières tarifaires et non tarifaires pour 17 produits considérés comme...

commentaires (3)

LES BARRIERES DOUANIERES TOUT COMME TARIFIERES NE SONT PAS LE REMEDE POUR L,INDUSTRIE... L,APPLICATION DES NORMES RECONNUES ET L,AUGMENTATION DE LA PRODUCTION DONNENT LES RESULTATS ESCOMPTES !

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 04, le 21 juin 2017

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Commentaires (3)

  • LES BARRIERES DOUANIERES TOUT COMME TARIFIERES NE SONT PAS LE REMEDE POUR L,INDUSTRIE... L,APPLICATION DES NORMES RECONNUES ET L,AUGMENTATION DE LA PRODUCTION DONNENT LES RESULTATS ESCOMPTES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 04, le 21 juin 2017

  • accords commerciaux passes a la va vite durant ces derneires decennies= resultat final desolant. le ministre de l'industrie, hier meme declarait qu'aucune decision n'avait encore ete prise , s'agissant de tairfs douaniers, ou autre decision relative a ce probleme. qu'est est il vraiment ?

    Gaby SIOUFI

    10 h 49, le 21 juin 2017

  • la faute a qui ? bien sur aux italiens ! ces super intelligents d'italiens. des accords commerciaux passes a la va vite avec des pays ou la main d'oeuvre coute 10 fois moins que la notre, ou l'industrie est subventionnee, et malgree cela, l'on baisse nos tarifs douaniers, on en annule d'autres ... on ne subventionne pas ! hier meme, le ministre de l'industrie affirme que le gouv, n'a encore RIEN decide a ce propos, ni tarifs releves, ni subventions RIEN encore. ALORS d'ou est ce que les details publies ds cet article sortent ils?

    Gaby SIOUFI

    10 h 29, le 21 juin 2017

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