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Liban - Rencontre

Le cri d’alarme de Hajj Hassan : L’État n’a aucune politique économique !

Hussein Hajj Hassan en compagnie de la délégation de l’ordre des rédacteurs. Photo Dalati et Nohra

Pour le ministre de l'Industrie Hussein Hajj Hassan, 2018 commence sur les chapeaux de roues. Il a décidé de recevoir le conseil de l'ordre des rédacteurs, présidé par Élias Aoun, à la veille du premier Conseil des ministres de l'année, pour protester contre l'absence de vision et de plan économiques du gouvernement, tirant ainsi la sonnette d'alarme sur une catastrophe économique et sociale annoncée...

Le Premier ministre Saad Hariri a renoncé à son « grand déballage », mais c'est le ministre de l'Industrie qui a pris le relais. Devant les membres du conseil de l'ordre, Hussein Hajj Hassan ne mâche pas ses mots pour exprimer son inquiétude face à l'absence de plan économique de la part du gouvernement actuel et des précédents, un peu comme si « l'État ne voulait pas se considérer comme tel et assumer ses responsabilités », selon ses propres termes.

Le ministre précise qu'il a soulevé cette question à plusieurs reprises, et même au début de l'année 2017, lorsqu'il a réclamé la formation d'une commission regroupant les ministères de l'Économie, de l'Industrie, de l'Agriculture, des Affaires étrangères, des Finances, de l'Énergie et du Tourisme, sous la présidence du Premier ministre, pour mettre au point une vision économique, sans grand succès. La commission a été formée, mais elle n'a eu que deux réunions de routine, alors que, selon Hajj Hassan, elle doit prendre des décisions.

« Aujourd'hui, ajoute-t-il, tout le monde est content parce que le Liban est en voie de devenir un pays producteur de pétrole. Mais les pays producteurs de pétrole sont eux-mêmes en crise et cherchent à se doter d'une économie alternative... Le pétrole peut renflouer les caisses de l'État, avec ses recettes, mais si cet argent n'est pas utilisé à bon escient, il ne permettra pas de relancer l'économie du pays qui doit reposer sur des secteurs précis. Or, au Liban, l'industrie et l'agriculture sont totalement délaissées. Et moi, en tant que ministre, je peux dire en toute franchise que j'ignore quelle est la politique économique du gouvernement. »

 

(Pour mémoire : Les industriels libanais dénoncent le manque de soutien à l'export)

 

Le ministre révèle ainsi que, si un industriel lui soumet un projet d'ouvrir une usine au Liban, il ne sait même pas s'il doit l'encourager, car l'État n'a aucune vision économique.

Il avance même quelques chiffres effrayants pour étayer sa thèse. Selon lui, le taux de chômage chez les jeunes atteint 35 %. S'il y avait, auparavant, une politique de les envoyer travailler à l'étranger, aujourd'hui, les pays qui offraient traditionnellement du travail aux jeunes Libanais sont saturés, l'Europe reçoit ainsi les travailleurs des pays d'Europe de l'Est, les pays du Golfe ont des problèmes, et la main-d'œuvre asiatique envahit les marchés du travail mondiaux. Alors qu'au Liban, il y a chaque année 45 000 nouveaux demandeurs d'emplois ! De plus, les importations au Liban sont de 19 milliards de dollars alors que les exportations s'élèvent à seulement trois milliards. Ces chiffres résument d'ailleurs la situation et montrent qu'il n'y a aucune politique claire de la part du gouvernement de protéger et d'encourager la production libanaise, tout en assurant des emplois aux jeunes. Ce qui est pourtant une des principales fonctions de l'État.
Hajj Hassan donne l'exemple du marché de fabrication des meubles au Liban-Nord, jadis florissant et qui absorbait près de 25 000 travailleurs. Aujourd'hui, il ne compte plus que 3 000 car les meubles libanais ne peuvent plus concurrencer ceux qui sont importés d'Extrême-Orient.

Interrogé sur la concurrence de la main-d'œuvre syrienne, Hussein Hajj Hassan précise qu'il s'agit d'une partie du problème. Mais la vraie question réside dans l'absence d'une politique étatique. Selon lui, certaines parties libanaises estiment qu'il faut laisser tomber les secteurs industriels et agricoles, car, pour elles, le Liban est un pays de services, de tourisme et de banques. Mais aujourd'hui, selon lui, aucune économie ne peut se contenter de ces secteurs, surtout pour combattre le chômage et créer des offres d'emplois. Les partisans de la thèse de ne pas renforcer les secteurs agricole et industriel car ce serait une cause perdue d'avance avancent le coût élevé de la production au Liban, qui ne lui permet pas de concurrencer les productions étrangères.

 

(Pour mémoire : Industrie : les nouvelles barrières tarifaires laissent sceptique)

 

À cela, le ministre Hajj Hassan répond que le coût élevé de la production est dû aux prix de l'immobilier, de l'énergie et de la main-d'œuvre. Qu'est-ce qui empêche l'État de donner des facilités aux industriels en matière d'immobilier et d'énergie ? La Grande-Bretagne a, par exemple, créé un fonds spécial pour soutenir la consommation d'énergie dans l'industrie. De même, la plupart des pays protègent leur production face à la concurrence étrangère. Seul le Liban ne le fait pas.
Selon lui, l'Association des industriels fait de son mieux pour attirer l'attention des responsables sur cette question, mais le problème c'est que l'État doit prendre des décisions sur le sujet. Le premier indice sera dans une réunion fructueuse de la commission ministérielle... qui ne semble pas pour bientôt. Même si Hajj Hassan compte soulever cette question au cours du Conseil des ministres prévu aujourd'hui. Il répète que tout le problème est dans la décision de l'État. Veut-il protéger et soutenir la production locale, oui ou non ? S'il ne veut pas, qu'il ait le courage de dire qu'il ne veut pas encourager l'industrie et l'agriculture au lieu de les laisser mourir à petit feu.

Hajj Hassan refuse de dire qu'il est découragé. Il préfère déclarer qu'il n'a pas encore atteint ce qu'il voulait, mais qu'il continuera à travailler dans ce sens, au cours des prochains mois, en se fixant cinq objectifs : la production, la protection, le soutien, la créativité et la création de cités industrielles dans les régions, ayant assuré les fonds nécessaires pour trois d'entre elles.

Il n'est donc pas question pour lui de baisser les bras, et sa devise reste : il n'est pas besoin d'expérimenter pour apprendre, il suffit de lire et de s'inspirer des expériences des autres...

 

 

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Pour le ministre de l'Industrie Hussein Hajj Hassan, 2018 commence sur les chapeaux de roues. Il a décidé de recevoir le conseil de l'ordre des rédacteurs, présidé par Élias Aoun, à la veille du premier Conseil des ministres de l'année, pour protester contre l'absence de vision et de plan économiques du gouvernement, tirant ainsi la sonnette d'alarme sur une catastrophe économique et...

commentaires (4)

toutes les bonnes intentions declarees ,les plans economiques(sic) ne valent que dalle , tant qu'on ne s'attaque pas SERIEUSEMENT aux maux SEULES raisons d'une politique economique ET financiere DESTASTREUSES : corruption, sur-emplois decides par les grands potentats,dilapidation. le reste des problemes suivrons forcement leur voie vers le mieux-sinon le meilleur.

Gaby SIOUFI

10 h 33, le 04 janvier 2018

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Commentaires (4)

  • toutes les bonnes intentions declarees ,les plans economiques(sic) ne valent que dalle , tant qu'on ne s'attaque pas SERIEUSEMENT aux maux SEULES raisons d'une politique economique ET financiere DESTASTREUSES : corruption, sur-emplois decides par les grands potentats,dilapidation. le reste des problemes suivrons forcement leur voie vers le mieux-sinon le meilleur.

    Gaby SIOUFI

    10 h 33, le 04 janvier 2018

  • AVANT HAJJ HASSAN ON S,EST ESQUINTÉ A LE REPETER SUR CE FORUM !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 44, le 04 janvier 2018

  • Comme ce que dit ce ministre est vrai!! On aurait aimé entendre d’autres voix qui se préoccupent du développement d’une économie digne de ce nom.

    Sam

    09 h 38, le 04 janvier 2018

  • Décidément, la communauté chiite est bien agitée en ce moment...

    Marionet

    01 h 13, le 04 janvier 2018

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