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Culture - Sélection

Comment se faire plaisir (par 9) pour Noël

Illustration Ivan Debs

En cette période festive, les traditions sont reines. Il y a les plus évidentes, les plus universelles, comme le sapin, la dinde, le kouglof, qui reviennent avec Papa Noël qui descend du ciel. Mais il y a aussi les traditions plus personnelles suggérées ici, comme les choix de film, vidéoclip, chanson ou livre cultes pour accompagner les soirées en famille. Et cette petite fille aux allumettes qui nous rappelle que le véritable esprit des fêtes se rapporte essentiellement à notre humanité.


Pourquoi un sapin à Noël ?

Entre les années 2 000 et 1 200 avant J.-C., on associait à chaque mois lunaire un arbre. L'épicéa avait été choisi pour le 24 décembre, date attribuée à la renaissance du Soleil. Les rites étaient païens : pas d'anges, ni d'étoile du berger perchée au haut de l'arbre, mais des fruits, des fleurs et du blé. En l'an 300 après J.-C., l'Église choisit la date du 25 décembre pour célébrer la naissance du Christ et pour rivaliser avec les fêtes païennes. Vers la fin du VII siècle, un moine évangélisateur allemand, saint Boniface, a voulu prouver aux druides que le chêne n'était pas un arbre sacré. Il abat un arbre dans la forêt qui écrase tout dans sa chute, sauf un sapin. Désormais, le sapin sera l'arbre de l'Enfant Jésus. D'abord orné de pommes rouges pour symboliser l'arbre du paradis perdu, il devra attendre quelques siècles pour porter des confiseries et de petits gâteaux. C'est au XIIe siècle que la tradition du sapin est apparue en Europe, plus précisément en Alsace. Au XVIIe siècle, on débute l'illumination du sapin parce que, ainsi éclairé, il associe deux symboles religieux, celui de la vie et celui de la lumière. En effet, le sapin demeure vert pendant tout l'hiver alors que le reste de la nature semble mort. Il est donc symbole de vie.
D.M.

La faute à Dickens et à Christophe Colomb !

Vous êtes-vous jamais demandé pourquoi la dinde est incontournable au repas de Noël ? Avant son apparition, on mangeait de l'oie ou du poulet lors des fêtes de la Nativité. On doit ainsi sa découverte à Christophe Colomb qui, en 1492, lors de son arrivée en Amérique, tombe sur cet oiseau inconnu jusque-là et qu'il ramènera en Europe. Comme les colons pensaient avoir accosté en Inde, ils l'ont tout simplement nommée « la poule d'Inde ». C'est plus tard que le nom de dinde a été adopté.
Mais pourquoi la mange-t-on à Noël ? Si on s'en tient à une explication pragmatique, on dirait parce qu'elle est plus grosse que le poulet et moins onéreuse que l'oie, et qu'elle permet donc de réunir toute la famille autour d'une même table et d'un même plat. Selon une autre explication plus poétique, cette tradition est due à l'influence de Charles Dickens et de son très populaire cantique de Noël, dans lequel il cite la dinde qui est devenue la reine indétrônable des menus de Noël.
C.K.

 

(Lire aussi : C’était quoi, ce plus beau souvenir de Noël ?)

 

« Petit Papa Noël » / Tino Rossi

Soigner la nostalgie des Noël de notre enfance avec une playlist qui n'a rien, mais rien à voir, avec les musiques actuelles. Et pourquoi pas, ressortir les vinyles. En commençant, forcément, par le célébrissime Petit Papa Noël. Les moins jeunes d'entre vous savent, sans doute, que le premier interprète de cet hymne a été Tino Rossi en 1946. Mais rares sont ceux qui connaissent les origines de sa création. Il s'agit, en fait, d'une chanson tirée d'une opérette de 1944 dans laquelle un enfant demandait au père Noël le retour de son papa, prisonnier de guerre en Allemagne. La paix revenue, Tino Rossi s'en empare, la réadapte et la réorchestre pour en faire ce titre emblématique de la période des fêtes. Un Petit Papa Noël repris par la suite par Dalida, Mireille Mathieu, Nana Mouskouri, Claude François, entre autres... Et plus près de nous : Céline Dion, Roch Voisine, Josh Groban ou Roberto Alagna. Sans compter la puissante version opératique des trois ténors ou celle, orchestrale, des Chœurs de l'Armée rouge.

Z.Z

 

Love is (always) actually...

Écrit et réalisé par Richard Curtis, sorti en salles en 2003, Love Actually se place parmi les classiques à voir et à revoir, sans modération. Il raconte neuf histoires d'amour qui s'entrecroisent au fil du récit et se déroulent dans les semaines précédant Noël. N'en déplaise à ses détracteurs qui l'accusent d'être une romance facile, souvent absurde ou impossible, le film demeure néanmoins une succession de moments délicieux et touchants. Lorsque Colin Firth, après avoir pris des cours accélérés de portugais, se déplace jusqu'au Portugal pour demander la main de Sienna Guillory et que son futur beau-père, sa future belle-sœur et le village tout entier l'accompagnent au restaurant pour l'entendre formuler sa demande (en portugais), le spectateur n'a qu'une envie, se retrouver parmi les clients qui applaudissent et versent une larme. Et lorsque Andrew Lincoln par un subterfuge créatif dit « je t'aime » à Keira Knightley parce qu'à Noël on se doit de dire la vérité, on a envie de lui piquer son idée ! Et tout ça sur les airs de Christmas Is All Around...

D.M.

 

(Lire aussi : Soyons des gens bien, Un peu plus de Médéa AZOURI)

 

Les clips de « Last » et « All I Want for Christmas »

Si Noël est l'apanage de la musique mainstream et un chouia ringarde, il n'en demeure pas moins qu'on se délecte à l'écoute de ces chansons comme d'un mont-blanc onctueux et bien gras. Deux clips iconiques, 375 millions de vues YouTube pour le premier et 311 pour le second viennent compléter ce plaisir sirupeux. Il y a d'abord All I Want for Christmas de Maria Carey, si absurde qu'il en devient presque subversif, où la chanteuse, accompagnée d'un père Noël hilare et d'un chien déguisé en cerf, déclare que son seul vœu en ces temps de fêtes est « You », en virevoltant dans la neige ou au pied d'un sapin qu'elle décore en solitaire. Puis Last Christmas des Wham !, qui enchante avec son côté kitsch, laqué et foncièrement 80's. On y retrouve, dans toute sa splendeur queer, un George Michael étalant ses regrets envers une ex avec qui il passe des vacances de fin d'année en montagne. Grâce à ce clip, le dernier où l'on peut apercevoir le très boy George sans sa barbe mythique, le duo a tout de même remporté le Brit Award de la meilleure vidéo britannique.
G.K.

 

« La Petite Fille aux allumettes » / H.C. Andersen

C'est aux périodes des fêtes de fin d'année que l'on redevient, l'espace de quelques jours, quelques heures, ou juste quelques minutes pour certains, ce petit être tendre et innocent que l'on a été un jour. Dans ces moments régressifs, se rappeler qu'on a tant pleuré aux malheurs d'une petite fille obligée par son père à vendre des boîtes d'allumettes au cours d'une froide nuit de Noël. Une petite sans abri qui, dans l'indifférence générale, mourait gelée dans la rue pendant qu'on festoyait au chaud dans les foyers. Relire La Petite Fille aux allumettes, ce conte si émouvant imaginé par Hans Christian Andersen, auteur danois du XIXe siècle, et ressentir ce bienfaisant serrement de cœur qui nous rappelle notre humanité. Cette humanité si souvent occultée, même chez les meilleurs d'entre nous, lorsqu'on croise un ou une petit(e) (e)mendiant (e) sans les voir, ni entendre leur douleur... Et notre égoïsme.

Z.Z.

 

(Lire aussi : Et la lumière électrique des sapins fut...)

 

Le kouglof, turban d'un roi mage ?

Brioche à pâte levée dont l'apparence est caractéristique en raison de son moule, qui lui donne une forme haute, cannelée et creusée en son milieu, le kouglof est très apprécié à Noël. Beaucoup de légendes circulent à son propos. La plus délicieuse est celle-ci : cette brioche alsacienne serait originaire de Bethléem. Un roi mage, en sortant de la crèche, y aurait oublié son chapeau, un turban en fil d'or serti de diamants en forme d'amande. À son retour de croisade, ce couvre-chef se serait retrouvé chez un pâtissier strasbourgeois, qui s'en serait servi comme moule. Ainsi serait né le kugelhopf, qui signifierait turban en alsacien.
On dit même que le kouglof serait le père du baba au rhum. Stanislas Leczynski (1677-1766), roi de Pologne et beau-père de Louis XV, avait installé sa cour à Lunéville, en Lorraine. Il trouvait le kouglof local un peu trop sec. Pour le satisfaire, sa pâtissière fit alors tremper le gâteau dans un sirop de sucre additionné de rhum.
C.K.

 

« 50 Words For Snow » – Kate Bush

Parmi les disques de fin d'année dont on s'étonne qu'ils aient échappé à la lumière des projecteurs, figure 50 Words For Snow de Kate Bush, sorti à Noël de l'an 2011. Si la chanteuse avait l'habitude de se faire parcimonieuse, autant dans ses apparitions que ses travaux, il était évident qu'elle choisisse cette période pour présenter un album ayant pour sujet, simplement, la beauté cotonneuse de l'hiver et son charme troublant. Bien qu'elle ait délaissé sur la plupart des titres les acrobaties vocales qui font sa réputation, qu'elle ait osé des duos avec Elton John et des chanteurs classiques, belle manière de se réinventer sans cesse, 50 Words for Snow n'en demeure pas moins une des œuvres majeure de sa carrière. Et surtout l'un des plus beaux disques hivernaux, qui s'écoute en se calfeutrant dans ses longues étendues de piano et se lovant dans son atmosphère langoureuse rythmée de silences magnifiquement habités. La preuve, aussi, que ces temps de fêtes livrent encore des féeries musicales, loin de la cacophonie des usuels standards qu'on a l'habitude de remâcher.
G.K.

 

 

Des histoires à lire et relire

Anthologie à lire et relire, intéressante dans sa variété et ses plumes illustres, Noël, les plus beaux textes de la langue française (Archipel, 226 pages), édité en 2 000, sort des sentiers battus, mais se veut aussi une véritable invitation à la redécouverte du patrimoine français. De Rutebeuf à Proust, de Villon à Rimbaud, de Ronsard à Maupassant, ce livre, préfacé par Michel Tourier, rassemble quelques-uns des plus beaux textes inspirés par l'hiver, Noël et la Nativité, à travers huit siècles de littérature française. Romans, contes, poèmes, tous les genres sont abordés. Chaque texte est précédé d'une courte introduction qui en explique l'originalité en le situant dans la vie, l'œuvre et l'époque de son auteur.
Grand prix du roman de l'Académie française pour son roman Vendredi ou les limbes du Pacifique, prix Goncourt à l'unanimité pour Le Roi des Aulnes, Michel Tournier a par ailleurs rédigé un délicieux conte intitulé Mère Noël. Qu'il est conseillé de ne pas bouder en cette fin d'année morose car l'humour et l'ironie de sa plume sont carrément salvateurs.
M.G.H.

 

 

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commentaires (3)

J aime le dessin d Yvan Debs, ça me rappelle Folon si poétique...merci de ce cadeau.

MIRAPRA

03 h 06, le 28 décembre 2017

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Commentaires (3)

  • J aime le dessin d Yvan Debs, ça me rappelle Folon si poétique...merci de ce cadeau.

    MIRAPRA

    03 h 06, le 28 décembre 2017

  • SUPER ! UNE RARE OFFRANDE DE L,OLJ... MERCI !

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    12 h 05, le 23 décembre 2017

  • Un article d'une rare richesse et d'une beauté digne de Noël... Noël dans tous ses états! Merci à l'équipe de l'OLJ.

    Sarkis Serge Tateossian

    03 h 10, le 23 décembre 2017

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