« Non au musellement des voix. » « Nous refusons le retour aux règnes de Anjar et du Beau Rivage. » « Le Liban est un symbole de liberté et de démocratie. Vous ne pouvez pas changer l'identité du Liban. »
Ils étaient plusieurs dizaines hier à répondre présent à l'appel lancé par des organisations de la société civile pour un sit-in de protestation devant le ministère de la Justice pour dénoncer « la politique de répression et de musellement des voix », défendre « les libertés publiques » et exprimer leur « attachement à la Constitution ». Brandissant des drapeaux libanais et des pancartes sur lesquelles on pouvait lire des slogans dénonçant l'atteinte aux libertés, ils étaient catégoriques : « La guerre menée contre les libertés est perdue d'avance. »
Ce sit-in s'inscrit dans le cadre notamment de l'affaire de Jean Féghali, directeur responsable de la LBCI, et de Marcel Ghanem, journaliste vedette de cette chaîne, poursuivi pour avoir laissé s'exprimer dans son émission Kalam el-Nass deux journalistes saoudiens qui s'étaient livrés à des attaques personnelles contre le chef de l'État, Michel Aoun, le président du Parlement, Nabih Berry, et le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, les accusant d'être « partenaires du Hezbollah dans le terrorisme ». M. Ghanem avait fait l'objet lundi d'un mandat d'amener lancé par le premier juge d'instruction du Mont-Liban.
« Nous sommes au bas de l'échelle des valeurs adoptées par les pays civilisés comme l'environnement, la corruption et les services vitaux que ce soit au niveau de la santé, de l'éducation ou du logement », s'insurge Hayat Arslane, connue pour son action en faveur des femmes. « Le Liban est caractérisé par ses libertés, poursuit-elle. Si nous les perdions, il ne restera plus rien des fondements du Liban. C'est la raison pour laquelle nous refusons toute atteinte aux libertés quels que soient l'excuse ou le prétexte. »
Maha Alameddine, épouse de l'ancien ambassadeur Adib Alameddine, affirme qu'elle a grandi « dans le respect de la Constitution, de la citoyenneté et des lois ». « Aujourd'hui, nous témoignons d'une régression en raison du non-respect des lois par toute la hiérarchie politique, déplore-t-elle. Nous ne devons pas nous taire si nous nous soucions du Liban. L'application des lois civiles et justes constitue notre salut et notre seule garantie. »
(Lire aussi : Les errements liberticides du mandat)
Retour à l'ère de l'occupation syrienne
Les manifestants hier ont dénoncé, à l'unanimité, un retour à l'ère de l'occupation syrienne. Anthony Labaki, partisan des Kataëb, martèle : « Nous refusons de retourner à l'ère de l'occupation syrienne. Ce dont nous témoignons aujourd'hui n'est que le résultat de la mainmise du Hezbollah sur l'État libanais. Malheureusement, la partie qui pratique cette oppression des libertés n'est autre que celle au côté de laquelle nous avons affronté l'État du temps de l'occupation syrienne. Cette partie politique a abandonné ses valeurs depuis qu'elle a accédé au pouvoir. » Même son de cloche chez Gilbert Rizk, directeur du site web des Kataëb, qui affirme que « les puissances au pouvoir essaient vainement de museler les voix ». Pour Béchara Khairallah, journaliste, « la lutte pour les libertés a toujours été difficile, mais n'a jamais été impossible ».
« Nous refusons la politique de répression et nous nous y opposerons par tous les moyens démocratiques », a affirmé de son côté Hanna Saleh, journaliste, qui s'est prononcé au nom des manifestants. « L'État qui s'en prend aux libertés n'hésitera pas à commettre des crimes », a-t-il ajouté.
Claude Kanaan, ancienne secrétaire générale du Bloc national, a affirmé que « les libertés ont toujours constitué la raison d'être du Liban ». « Dans un monde arabe qui a toujours été gouverné par les oppressions, le Liban s'est toujours démarqué par sa tolérance et ses libertés, constate-t-elle. Ce n'est pas aujourd'hui, après le départ de l'occupation syrienne, que nous allons lâcher prise à ce sujet. »
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commentaires (9)
J'en connais quelque chose sous. L'occupation Syrienne. Quand je suis retournée au Liban en 1991 j'étais dans un taxi avec une amie diplomate un soldat syrien arrête le taxi mon amie montre son passeport diplomatique et il nous a laissé passer mais j'ai eu très peur j'avais une sueur froide car j'avais ma carte d'identité Libanaise et le passeport Français, vous vous rendez compte !!!!
Eleni Caridopoulou
21 h 22, le 22 décembre 2017