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L'Iran soutient-il vraiment les rebelles houthis au Yémen ?

Le point en quatre questions.

Des hommes de tribus armés, loyaux aux rebelles houthis, effectuant une danse traditionnelle, le 19 décembre 2017, à Sanaa, au Yémen. Photo REUTERS/Khaled Abdullah

L'Iran soutient-il vraiment activement les rebelles houthis au Yémen comme l'affirment l'Arabie saoudite et les États-Unis, qui accusent Téhéran d'armer ces miliciens ? Le point en quatre questions.

 

De quoi Riyad et Washington accusent-ils l'Iran ?

Les États-Unis et leur allié saoudien accusent depuis des mois l'Iran d'armer les rebelles houthis. Ces combattants ont pris le contrôle de Sanaa fin 2014. Depuis mars 2015, l'Arabie saoudite est engagée dans la guerre au Yémen contre les houthis à la tête d'une coalition arabe. Elle y mène des frappes aériennes avec des avions et des armes "made in USA" et un soutien en renseignement fourni par Washington.

Les houthis, issus d'une minorité longtemps marginalisée, pratiquent le zaïdisme, branche du chiisme qui se distingue du chiisme duodécimain, religion officielle de l'Iran.

Alors que la coalition militaire arabe dirigée par les Saoudiens apparaît enlisée au Yémen, où l'ONU décrit régulièrement une situation humanitaire catastrophique, Riyad et Washington ont intensifié leurs accusations à l'égard de l'Iran en particulier après deux tirs de missiles par les houthis en direction de Riyad, le 4 novembre et le 19 décembre. Ces tirs n'ont fait aucune victime. Pour les Américains et les Saoudiens, ces fusées sont fabriquées en Iran et envoyées par Téhéran aux houthis, avec d'autres armes.

 

Que répond Téhéran ?

Engagée dans une lutte d'influence régionale avec l'Arabie saoudite, monarchie sunnite, la République islamique d'Iran, répète que les rebelles houthis "défendent leur pays" contre une agression extérieure et ne cesse de réfuter ces allégations.
Pour Téhéran, les accusations américano-saoudiennes sont des "mensonges", l'Iran n'envoie pas d'armes au Yémen, le voudrait-il que ce serait impossible compte-tenu du blocus imposé par l'Arabie saoudite, et le ferait-il qu'il aurait le "courage de l'annoncer".

 

(Pour mémoire : L'Iran « dément fermement » fournir des armes aux rebelles)

 

Existe-t-il des preuves incriminant l'Iran ?

Le 14 décembre, parlant devant ce qu'elle a présenté comme les restes du missile tiré par les houthis début novembre, la représentante permanente des États-Unis à l'ONU, Nikki Haley, a affirmé que celui-ci était "irréfutablement" de conception iranienne mais n'a pas été en mesure de dire à quelle date il aurait été livré par Téhéran aux houthis.

Nettement plus circonspecte, l'ONU a indiqué mardi ne pas être "en mesure de confirmer" l'origine iranienne des missiles ayant visé l'Arabie saoudite. Des alliés européens de Washington comme la France et le Royaume-Uni observent la même prudence. Et le Pentagone s'est abstenu de montrer l'Iran du doigt après le nouveau tir de missile mardi.

L'ONU a émis à plusieurs reprise des soupçons à l'égard de l'Iran, estimant qu'il pourrait avoir violé l'embargo sur les armes à destination des houthis décrété par le Conseil de sécurité en 2015. Mais dans leur dernier rapport, publié en janvier 2017, les experts onusiens chargés de surveiller l'application de cet embargo notaient n'avoir pas "vu suffisamment de preuves permettant de confirmer la moindre fourniture directe et à grande échelle d'armes par le gouvernement de la République islamique d'Iran" aux houthis.
Pour Clément Therme, chercheur à l'International Institute for Strategic Studies (IISS), "le pays d'origine des armes n'est qu'un élément parmi d'autres nécessaire pour connaître avec certitude l'identité du fournisseur", ce qui est "très difficile à ce stade".

 

(Pour mémoire : Tir de missile : les houthis haussent le ton)

 

Quelle "politique yéménite" pour l'Iran ?

On peine à trouver trace dans les déclarations officielles iraniennes d'un soutien appuyé au combat des houthis semblable à celui qu'affiche en toutes circonstances la République islamique en faveur de la cause palestinienne. Quand ils s'expriment sur le Yémen, les dirigeants iraniens mettent l'accent sur les accusations à l'égard de l'Arabie saoudite, qui tue des "musulmans" par ses bombardements "incessants".

Pour M. Therme, "le Yémen n'est pas une priorité dans la stratégie iranienne au Moyen-Orient", Téhéran s'efforçant davantage "de construire 'un axe de la résistance' pour jouer un rôle dans le conflit israélo-palestinien". En revanche, dit-il, il y a "instrumentalisation, par la propagande iranienne" du conflit yéménite "pour affaiblir un allié des États-Unis, l'Arabie saoudite" et dénoncer l'alliance entre Riyad et Washington.

Dans un rapport sur "la politique étrangère et de défense de l'Iran" publié en septembre, le Congressional Research Service, centre de recherche chargé d'éclairer les choix des élus du Congrès américain, note que "de nombreux observateurs estiment que l'influence de l'Iran sur les houthis est limitée, que l'insurrection des houthis n'a pas été provoquée par l'Iran et que le soutien iranien aux houthis est très modéré".

 

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Les États-Unis et leur allié saoudien accusent depuis des mois l'Iran d'armer les rebelles houthis. Ces combattants ont pris le contrôle...

commentaires (7)

Bonjour, pourriez-vous partager le lien du rapport de l'ONU sur l'embargo des armes au Yémen ainsi que le document qui permet de dire que l'ONU a affirmé "ne pas être en mesure de confirmer". Cordialement,

Talibi Sarah

12 h 57, le 25 juillet 2019

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Commentaires (7)

  • Bonjour, pourriez-vous partager le lien du rapport de l'ONU sur l'embargo des armes au Yémen ainsi que le document qui permet de dire que l'ONU a affirmé "ne pas être en mesure de confirmer". Cordialement,

    Talibi Sarah

    12 h 57, le 25 juillet 2019

    • Bonjour, Vous trouverez ici le rapport de janvier 2017 dans lequel les experts onusiens chargés de surveiller l'application de l’embargo notaient n'avoir pas "vu suffisamment de preuves permettant de confirmer la moindre fourniture directe et à grande échelle d'armes par le gouvernement de la République islamique d'Iran" aux houthis : https://www.undocs.org/S/2018/193 Et vous trouverez ici le document dans lequel l'ONU indique ne pas être "en mesure de confirmer" l'origine iranienne des missiles ayant visé l'Arabie saoudite : https://dppa.un.org/en/security-council-briefing-implementation-of-security-council-resolution-2231-2015-under-secretary Bien à vous,

      L'Orient-Le Jour

      15 h 43, le 25 juillet 2019

  • Merci d’avoir publié un article AFP rédigé de manière professionnelle au sens journalistique du terme: Des faits, des faits et rien que des faits.

    Sam

    10 h 06, le 22 décembre 2017

  • si vous me permettez messieurs les analystes vous avez quel ages !?! pour connaître les strategies ou tactiques d'un pays n'importe le quel, il faut déjà avoir étudier ce pays en question .. et quand je dis etudier il faut bien connaître la culture, le social et la politique interne et externe et ce pour les 30 a 40 dernieres annees ... dite moi messieurs avions nous vue, entendu ou meme sentis l'envoi d'armes de technologie ou d'entraineur vers le liban dans les annees 79-80-81-82-83 !?!

    Bery tus

    21 h 20, le 21 décembre 2017

  • Alors qu'est ce que ça serait si l'Iran NPR les aidait vraiment ? Incroyable que toute cette bande de poltrons n'y arrivent pas par eux mêmes !!! Avec toutes ces armes ultra modernes et meurtrières ? ??? Incroyable. C'est donc le saint esprit ou le Mehdi mountazer qui les aident ..lol ..

    FRIK-A-FRAK

    21 h 20, le 21 décembre 2017

  • QUELLE QUESTION SANS SENS... POUR NE PAS DIRE LE MOT QUI SIED... ON VA NOUS DIRE QUE C,EST L,AYATOLLAH PAPA NOEL QUI LES SOUTIENT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 21, le 21 décembre 2017

  • Il est remarquable que chaque fois que vous lisez un article sur le Yémen dans les médias grand public, le rôle central de l’Arabie saoudite et des États-Unis dans la tragédie soit occulté ou complètement ignoré. Un récent article du Washington Post explique « comment les choses se sont si mal passées » et que « c’est une histoire compliquée » impliquant « des superpuissances régionales en guerre, le terrorisme, le pétrole et une catastrophe climatique imminente ». Mais c’est plus simple que cela. La tragédie au Yémen est le résultat d’une intervention militaire étrangère dans les affaires intérieures de ce pays. Elle a commencé avec le Printemps arabe, et s’est intensifiée avec l’attaque saoudienne de 2015 contre le pays pour réinstaller le dirigeant préféré de Riyad. Des milliers de civils innocents ont été tués et des millions d’autres sont menacés par la famine et le choléra. Et pourquoi y a-t-il une épidémie de choléra ? Parce que le gouvernement saoudien – avec le soutien des États-Unis – a bloqué tous les points d’entrée pour empêcher que des médicaments essentiels n’atteignent les Yéménites. Les États-Unis soutiennent la guerre saoudienne contre le Yémen en coopérant de toutes les manières possibles avec l’armée saoudienne. Ciblage, renseignement, ventes d’armes etc...

    Fredy Hakim

    19 h 32, le 21 décembre 2017

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