Notre confrère Marcel Ghanem, animateur du talk-show politique Kalam el-Nass, poursuivi en raison des propos, violemment critiques du pouvoir en place, tenus par deux journalistes saoudiens intervenant en duplex dans son émission, est convoqué par la justice aujourd'hui. Interrogé par L'Orient-Le Jour, Marcel Ghanem assure toutefois qu'il ne se rendra pas à l'audience prévue aujourd'hui à midi devant le premier juge d'instruction du Mont-Liban. « Le député Boutros Harb (avocat du journaliste) a présenté des vices de forme sur lesquels le juge devrait plancher aujourd'hui », confie-t-il. « C'est au peuple libanais de suivre cette affaire à l'origine politique, mais dont l'épilogue sera sûrement judiciaire », indique le journaliste vedette, avant d'ajouter sur un ton empreint de détermination : « C'est une question de libertés des médias par excellence. Et nous continuerons de refuser les tentatives de contrôle et de musellement des médias, quel qu'en soit le prétexte. »
Le cas Farès Souhaid
Parallèlement, l'on apprenait hier que le procureur général du Mont-Liban, Ghada Aoun, a reporté à une date ultérieure l'audition, prévue également aujourd'hui, du président du Rassemblement de Saydet el-Jabal, Farès Souhaid. Pour rappel, une procédure judiciaire avait été lancée à l'encontre de M. Souhaid pour un terme insultant résultant d'une faute de frappe dans un tweet posté sur son compte. Cette erreur aurait modifié le tweet dans le sens d'une insulte faite au Hezbollah. Mais l'ancien député de Jbeil n'a pas tardé à s'excuser. En dépit de cela, Wafic Safa, un cadre du parti chiite, aurait demandé au ministre de la Justice, Salim Jreissati, d'adresser une note d'information au parquet dans la mesure où M. Souhaid aurait porté atteinte à « l'entité divine ». Mais, à 48 heures de l'audience, Salim Jreissati a publié un communiqué dans lequel il a démenti avoir adressé une note d'information contre l'ancien député de Jbeil.
Commentant le dossier, Farès Souhaid a fait savoir qu'« à cause d'une faute de frappe, Wafic Safa est entré en contact avec Salim Jreissati pour saisir le parquet. Mais le ministre lui a demandé de patienter, d'autant que j'ai effacé le tweet en question et que je me suis excusé auprès de la base partisane du Hezbollah ». Lors d'une conférence de presse tenue samedi à son domicile à Qartaba, M. Souhaid a ajouté : « Il semble que M. Safa n'a pas été convaincu par le point de vue de M. Jreissati, en dépit de leur appartenance à un même camp politique. Il a donc demandé à des avocats stagiaires de rédiger une note d'information à mon encontre. Le procureur général, Samir Hammoud, s'est saisi de la note et l'a transférée à la juge Ghada Aoun. Cette dernière a demandé à m'entendre, avant de reporter l'audience. » Et l'ancien député de poursuivre : « À chaque fois que la justice me convoquera, les habitants de Jbeil se mobiliseront d'une façon civilisée, parce que nous respectons l'État de droit et lui demandons de nous respecter et de nous traiter comme il traiterait n'importe qui d'autre. » Une allusion à peine voilée au Hezbollah.
Farès Souhaid s'est ensuite adressé au parti chiite en ces termes : « Vous n'êtes pas les gardiens de l'entité divine. Dieu n'appartient pas à un camp ou un parti, mais à tous ceux qui, comme nous, croient en lui, craignent pour leur dignité et respectent la Constitution. » Soulignant que « l'erreur commise ne mérite pas tout ce qui s'est produit récemment », il a appelé tous ceux qui veulent régler leurs comptes avec lui à ne pas faire usage de la justice, mais de lui répondre sur le terrain politique.
À noter également que le réalisateur Ziad Itani, arrêté le 24 novembre dernier pour collaboration avec Israël, est également convoqué aujourd'hui par la justice.
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commentaires (8)
Tout ça est inquiétant le Hezbollah avec l'Iran veulent détruire le Liban , j' espère que les attentants ne reprennent pas
Eleni Caridopoulou
20 h 48, le 18 décembre 2017