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Culture - Billet

« Laissez-les. C’est ce public que j’aime »

Étant de la génération Mademoiselle âge tendre et Salut les copains, je placardais les murs de ma chambre de posters de Johnny Hallyday, Sylvie Vartan, Jacques Dutronc, Françoise Hardy, Sheila, France Gall et Clo Clo. Comme la plupart des mélomanes libanais des années 70, l'époque bénie des yéyés, notre répertoire était principalement français. Pas de Justin Bieber, ni de Michael Jackson. C'est à peine si Elvis ou les Beatles pointaient du nez. Étrangement, Johnny Hallyday n'était pas mon préféré. J'ai appris à mieux le connaître et à aller au-delà de ce masque derrière lequel il cachait sa solitude. Le chanteur s'est bonifié avec le temps grâce à des compositeurs comme Goldman, Berger et De Palmas. Il a su traverser les époques sans altérer son image professionnelle – c'était un gentil au sens vrai du terme - ; sans une égratignure à sa voix, qu'il a gardée intacte jusqu'à son dernier concert des Vieilles Canailles en compagnie de ses copains de toujours, Eddy Mitchell et Jacques Dutronc. Sauf qu'en parallèle, ses blessures de cœur et de corps se multipliaient...

Pourquoi aime-t-on une star ? Quel est ce phénomène qui contribue à la rendre immortelle ? Pourquoi devient-elle un monument de la taille de « la tour Eiffel », une légende, « un géant », comme dit Line Renaud ? Les réponses sont nombreuses. « Cet homme comme les autres, mais pas comme les autres », selon Philippe Labro, n'a jamais eu la grosse tête. Il était d'une épatante simplicité. Il se savait moqué par les Guignols, mais, à son tour, il s'en moquait. Certes, il s'est baladé guitare en main, de femme en femme, de Sylvie Vartan, son premier amour, à Laetitia, son dernier, en passant par Nathalie Baye, maman de Laura Smet. Certes, il a vécu tous les excès, « oubliant parfois de vivre », comme il l'a dit lui-même, se détruisant à plusieurs reprises, mais on appelle cela la « rock and roll attitude ». Tout cela ne l'a jamais empêché d'être près de son public. Généreux, il débordait de ce don de soi. Tant et si bien que ses spectacles au Zénith, à Bercy ou au Parc des Princes étaient un tour de force surtout dans ses entrées spectaculaires où il se mettait en péril.

Si on l'aime, c'est parce que non seulement il n'a pas cessé d'allumer le feu durant soixante ans de carrière, mais parce que sa flamme vivace redonnait la vie à ses nombreux fans de tous les pays. Lorsque le président français Emmanuel Macron dit à l'annonce de la mort du rocker « On a tous en nous quelque chose de Johnny », cela veut dire que chacun de nous a un souvenir différent du chanteur. Ses chansons, décennie après décennie, évoquent pour certains le premier baiser, la première déception, le premier amour, mais aussi des souvenirs de spectacles qui demeurent inextinguibles, comme une flamme vivante. Mon souvenir suprême de Johnny était cette rencontre avec lui en 2003, au Festival de Baalbeck, dans le cadre de sa énième tournée d'adieu. Ayant pris des billets « pas chers », dès son apparition sur scène, nous avons dévalé les gradins pour nous mettre à ses pieds. Les agents de la sécurité essayaient de nous repousser. D'un geste de la main, Johnny les en a empêchés, et de sa voix puissante qui a même fait vibrer les colonnes du temple de Bacchus, il a dit : « Laissez-les. C'est ce public que j'aime. »

 

Portrait 

Johnny Hallyday, "rock'n'roll attitude" à la française

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