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Liban - Décryptage

Le renflouement du gouvernement... et la position saoudienne

Selon la plupart des observateurs, la semaine prochaine devrait mettre définitivement fin au suspense concernant le sort de l'actuel gouvernement, qui oscille depuis le 4 novembre entre la démission annoncée depuis Riyad et « la demande d'un délai » avant de présenter cette même démission au Liban, lancée le 22 novembre à partir de Baabda.

Pour les milieux proches de la présidence de la République, la demande du 22 novembre marque la volonté du Premier ministre de maintenir l'actuel gouvernement, après avoir toutefois redynamisé la déclaration ministérielle, à travers la confirmation de la politique de distanciation, pour sauver la face des différents protagonistes. Toujours selon ces milieux, si le Premier ministre ne voulait pas rester à la tête d'un gouvernement en action, il aurait confirmé la démission présentée à Riyad et le chef de l'État aurait été alors contraint de procéder aux consultations parlementaires contraignantes pour lui désigner un successeur. Dans ce cas de figure, le scénario aurait pu être le suivant : Saad Hariri aurait été désigné de nouveau, mais aurait été dans l'incapacité de former un gouvernement sans le Hezbollah. Il aurait alors été à la tête d'un gouvernement démissionnaire chargé de gérer les affaires courantes jusqu'aux élections législatives.

Toutefois, des sources proches du courant du Futur affirment qu'un tel scénario n'était pas nécessairement celui qui avait le plus de chances d'être adopté, car le plan de « la démission de Riyad » prévoyait aussi le remplacement de Saad Hariri par son frère Baha'. Par conséquent, il s'agissait, d'une manière ou d'une autre, de mettre un terme au rôle politique de Saad Hariri, considéré par certaines parties libanaises et saoudiennes comme « trop conciliant » à l'égard du Hezbollah et du président de la République.

 

(Lire aussi : Crise : Les bavardages libanais font vaciller les chances de compromis)

 

Saad Hariri a donc rapidement réagi et, de concert avec le chef de l'État et le président de la Chambre, il a essayé de trouver une issue acceptable pour maintenir son gouvernement en fonctions, sans braquer les autorités saoudiennes. En principe, le scénario a été mis au point et il consistera dans une déclaration ministérielle officielle pour confirmer la politique dite de distanciation du Liban à l'égard des conflits régionaux. Cette formule aurait obtenu l'aval de la France et des Européens en général, et derrière eux des États-Unis, qui ont exprimé avec force ces derniers jours leur attachement à la stabilité du Liban et leur refus de toute tentative d'y soulever des problèmes sécuritaires ou autres.

Selon des informations diplomatiques, le président français aurait même joué un rôle déterminant dans le retour de Saad Hariri à Beyrouth et il aurait facilité la tournée européenne du ministre libanais des Affaires étrangères pour mobiliser les capitales européennes en faveur du retour de Saad Hariri à Beyrouth.

D'ailleurs, depuis son arrivée au Liban, Saad Hariri a multiplié les déclarations et les entretiens, notamment aux médias français, dans lesquels il a développé une position équilibrée, qui distingue entre le rôle du Hezbollah au Liban, en tant que parti politique (il faut préciser que cette même distinction est faite par l'Union européenne qui a placé le bras armé du Hezbollah sur la liste des organisations terroristes, mais entretient des contacts avec le bloc parlementaire de la résistance), et l'utilisation de ses armes dans les conflits régionaux. De son côté, le secrétaire général du Hezbollah a officiellement annoncé dans son dernier discours que son parti n'a aucune présence, militaire ou autre, au Yémen. Même chose à Bahreïn. En Irak, il compte retirer incessamment ses troupes, et sa participation à la guerre en Syrie touche à sa fin. Autant d'affirmations qui sont destinées à renforcer la position du Premier ministre et à permettre au gouvernement « un retour honorable » au travail.

Toutefois, cette formule conciliante risque de déplaire aux autorités saoudiennes qui avaient voulu isoler le Hezbollah au Liban et le chasser du gouvernement. Dans son entretien avec Thomas Friedman du New York Times, le prince héritier Mohammad ben Salmane a estimé que « le Premier ministre sunnite du Liban ne peut pas continuer à couvrir un gouvernement qui comprend des ministres membres du Hezbollah, dont le parti contrôle pratiquement son action ». De plus, au cours des derniers jours, les rumeurs sur une possible riposte saoudienne à cet arrangement en gestation se sont multipliées. S'il est vrai que leur origine est essentiellement libanaise, elles sont toutefois destinées à semer le trouble dans les esprits et à exercer des pressions sur le Premier ministre.

Ce dernier décidera-t-il au dernier moment que la formule trouvée est insuffisante pour lui permettre de reprendre ses fonctions, ou bien considère-t-il que, dans les circonstances actuelles, le Liban ne peut pas se permettre d'entrer en confrontation directe avec le Hezbollah et qu'il doit donc se satisfaire de mettre des freins à son action ? L'équation est difficile à résoudre et Saad Hariri est incontestablement dans une situation complexe. Il bénéficie toutefois d'un large appui populaire et politique local, notamment celui du chef de l'État, du président de la Chambre et du leader druze Walid Joumblatt, tout comme il a aussi l'aval de la France et de l'Égypte. Reste l'Arabie saoudite qui a envoyé au Liban un nouvel ambassadeur considéré comme faisant partie des proches collaborateurs de l'émir Mohammad ben Salmane. Les déclarations officielles libanaises insistent sur le fait que personne au Liban ne veut une confrontation avec le royaume, bien au contraire. Mais cela suffira-t-il à pousser Riyad à modifier son approche de la situation libanaise ?

 

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Selon la plupart des observateurs, la semaine prochaine devrait mettre définitivement fin au suspense concernant le sort de l'actuel gouvernement, qui oscille depuis le 4 novembre entre la démission annoncée depuis Riyad et « la demande d'un délai » avant de présenter cette même démission au Liban, lancée le 22 novembre à partir de Baabda.
Pour les milieux proches de la présidence...

commentaires (3)

De plus en plus les langues se délient pour remercier H.N d'avoir sauvé la tête de Saad. La chose étonnante c'est que même à l'intérieur de la famille putative de Saad que ce fait est reconnu . Les bensaouds sont définitivement mis de côté dans les affaires de notre LIBAN adoré. La menace du renvoie des libanais du golfe est non seulement une grosse blague mais que SI elle devait avoir lieue les saouds auront coupé le dernier fil qui continue à les lier à notre civilisation. Bon week-end Madame.

FRIK-A-FRAK

12 h 47, le 02 décembre 2017

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Commentaires (3)

  • De plus en plus les langues se délient pour remercier H.N d'avoir sauvé la tête de Saad. La chose étonnante c'est que même à l'intérieur de la famille putative de Saad que ce fait est reconnu . Les bensaouds sont définitivement mis de côté dans les affaires de notre LIBAN adoré. La menace du renvoie des libanais du golfe est non seulement une grosse blague mais que SI elle devait avoir lieue les saouds auront coupé le dernier fil qui continue à les lier à notre civilisation. Bon week-end Madame.

    FRIK-A-FRAK

    12 h 47, le 02 décembre 2017

  • ENFIN UN ARTICLE D,ANALYSE QU,ON PEUT QUALIFIER D,OBJECTIF BIEN QU,UN PEU DE BARATIN Y EST GLISSÉ

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 49, le 02 décembre 2017

  • Ne pouvons pas simplifier toutes ces procédures pour dénouer les crises politiques à répétition ? Tantôt par les caprices de certains tantôt par la volonté de pays tiers ... Notre patrie est constamment sujet a des déstabilisations !

    Sarkis Serge Tateossian

    08 h 48, le 02 décembre 2017

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