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Liban - Éclairage

Avec le retour de Hariri à Beyrouth, l’heure de vérité sonnera aujourd’hui

La dynamique diplomatique française s'intensifie pour soutenir le processus politique local.

Illustration de Hady Sy, intitulée "Indépendance où es-tu ?", pour L'Orient-Le Jour

Dans les milieux politiques libanais, on se veut rassurant : le ton conciliant adopté par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, dans son discours télévisé lundi montre que ce dernier serait prêt à faciliter l'émergence d'un nouveau compromis politique, alors que le Premier ministre démissionnaire, Saad Hariri, a regagné Beyrouth hier soir peu avant minuit – après une visite- éclair au Caire où il s'est entretenu avec le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, et une escale à Chypre – et qu'il doit expliquer aujourd'hui même au président Michel Aoun, les circonstances politiques et de sécurité entourant sa démission qui avait fait voler en éclats, le 4 novembre, le compromis ayant permis d'élire le général Aoun à la tête de l'État et de former un gouvernement d'entente nationale.

Les contacts locaux engagés par le chef de l'État, le président de la Chambre, Nabih Berry, et le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, pour circonscrire les effets potentiellement dévastateurs de la démission-surprise à l'échelle interne, ont été non seulement couronnés de succès, mais ont apparemment permis de dégager une multitude d'idées qui pourraient servir d'assise pour l'élaboration d'une nouvelle entente politique sur base de laquelle un nouveau gouvernement devrait être formé.

 

(Lire aussi : La dignité, mais ensuite ?, l'éditorial de Issa GORAIEB)

 

Ce matin, Saad Hariri, aux côtés de Michel Aoun et de Nabih Berry, doit assister au défilé militaire de l'Indépendance, avenue Chafic Wazzan, dans le centre-ville, puis à la cérémonie officielle traditionnelle de Baabda au terme de laquelle il doit avoir une réunion de franche explication avec le président au sujet de sa démission qu'il devrait lui remettre officiellement, ouvrant ainsi la voie à des discussions autour d'une nouvelle étape politique.

Ces discussions porteront en principe sur les grandes lignes de l'entente qui devrait donc favoriser la mise en place d'une nouvelle équipe ministérielle – ou peut-être un retour sur la démission ? – et permettre au Liban de réorienter sa politique, sans renoncer à ses constantes, afin de pouvoir atténuer la pression régionale et internationale qui commence à lui peser, surtout après la conférence ministérielle de la Ligue arabe qui a pris soin dimanche de rappeler que le Hezbollah, classé organisation terroriste, est partie prenante au gouvernement.

À Paris, où il a suivi le discours télévisé du leader du Hezbollah, Saad Hariri paraissait plutôt satisfait du ton qu'il a entendu et qui a été interprété dans les milieux politiques comme le signe d'une volonté de dialogue. Les préparatifs de ce dialogue ont été lancés depuis plusieurs jours sous la houlette du chef de l'État qui, dit-on, a élaboré une série de propositions qui représentent autant de portes de sortie à la crise, dans laquelle la démission surprise de M. Hariri avait plongé le pays. Que ce soit à Baabda, à la Maison du Centre, à Aïn el-Tiné ou dans la banlieue sud de Beyrouth, on se garde cependant bien de donner le moindre détail au sujet des solutions envisagées qui tendent soit à renflouer le compromis politique interne, soit à lui trouver une nouvelle formule s'articulant autour du concept de la distanciation, que le Hezbollah semble prêt à aborder sans qu'on ne sache exactement l'interprétation qu'il lui en donne, Hassan Nasrallah ayant défendu lundi aussi bien l'engagement militaire de sa formation en Syrie que la fonction – de défense – de ses armes. Moins de vingt-quatre plus tard, c'est le président iranien, Hassan Rohani, qui tenait le même discours au sujet des armes du Hezb, lors d'un entretien avec son homologue français, Emmanuel Macron.

 

(Lire aussi : Aoun : « Le Liban n’est pas un pays ouvert à tous les vents »)

 

Ces différences d'interprétation de la politique de distanciation, apparues clairement à la faveur de la dynamique diplomatique internationale qui a suivi la démission de Saad Hariri et qui s'est intensifiée à la veille de son retour à Beyrouth, sont de nature à compliquer une solution, si l'on tient compte du fait que Saad Hariri a posé comme condition à son retour sur sa démission que le Hezbollah cesse d'intervenir dans les affaires des pays arabes.

À moins que la dynamique diplomatique internationale, dont Emmanuel Macron est le pivot, ne se poursuive avec la même intensité afin de soutenir le processus local appelé à être lancé avec le retour de Hariri, pour en favoriser le succès, suivant les conditions posées par Saad Hariri évidemment. M. Macron multiplie depuis quelques jours les contacts au sujet du Liban. Il a eu hier, pour la seconde fois en quatre jours, un entretien téléphonique avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. Il a aussi conféré avec son homologue iranien, Hassan Rohani. Avec les deux, il a insisté sur la nécessité de « préserver la stabilité et la souveraineté du Liban » et a expressément demandé à Téhéran d'aider à faciliter une solution qui tiendrait le pays du Cèdre à l'abri des conflits dans la région.

 

 

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Dans les milieux politiques libanais, on se veut rassurant : le ton conciliant adopté par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, dans son discours télévisé lundi montre que ce dernier serait prêt à faciliter l'émergence d'un nouveau compromis politique, alors que le Premier ministre démissionnaire, Saad Hariri, a regagné Beyrouth hier soir peu avant minuit – après...

commentaires (5)

Heureux de ce retour du premier ministre.

Sarkis Serge Tateossian

12 h 43, le 22 novembre 2017

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Commentaires (5)

  • Heureux de ce retour du premier ministre.

    Sarkis Serge Tateossian

    12 h 43, le 22 novembre 2017

  • Avec le retour de Hariri à Beyrouth, l’heure de vérité sonnera aujourd’hui SONNE LA NUIT VIENNE L'HEURE LES JOURS S'EN VONT LA BÊTISE DE NOS DIRIGEANTS FAIT TOUJOURS PEUR

    Henrik Yowakim

    12 h 29, le 22 novembre 2017

  • nous autres, communs des mortels citoyens libanais, faisons face a un phenomene tres grave : NOUS sommes sur une toute autre longueur d'onde que les politiques chez nous NOUS comprenons LA VERITE autrement qu'eux. NOUS divergeons de 100% de leur comprehension d'une nation. ALORS, L'HEURE DE LA VERITE , sonnnant ou pas sonnant : NOUS en restons ou nous sommes : NULLE PART .

    Gaby SIOUFI

    11 h 24, le 22 novembre 2017

  • HN "serait prêt à faciliter l'émergence d'un nouveau compromis politique", mais comme il n'a pas respecté le précédent (pas plus, d'ailleurs qu'aucun autre de ses engagements), on ne voit pas très bien à quoi un nouveau dialogue avec lui pourrait servir.

    Yves Prevost

    07 h 25, le 22 novembre 2017

  • L,HEURE DE VÉRITÉ A SONNÉ ! DEVANT LE PRÉCIPICE ET DERRIÈRE LE TSUNAMI... PERSONNE NE VOUDRAIT ETRE A LA PLACE DE HARIRI !

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 10, le 22 novembre 2017

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