Le président iranien, Hassan Rohani, a insisté sur l'importance du Hezbollah, le mouvement chiite libanais politique et armé, que soutient Téhéran, et assuré, lors d'un entretien téléphonique avec son homologue français, Emmanuel Macron, que son pays "ne cherche pas à dominer" le Moyen-Orient.
"Le Hezbollah fait partie du peuple libanais, il est très populaire dans ce pays et son armement est défensif et sert à contrer d'éventuelles attaques contre le Liban", a insisté M. Rohani, selon le compte-rendu de l'entretien diffusé par la présidence iranienne. Et de poursuivre : "Nous devons maintenant faire en sorte que les mouvements libanais forment un gouvernement en toute sécurité pour le bien de leur pays".
Emmanuel Macron a de son côté souligné la nécessité à ses yeux de "préserver la stabilité et la souveraineté du Liban", lors de son entretien avec le président iranien ainsi que lors d'un autre entretien téléphonique avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a annoncé la présidence française.
Le Liban traverse une profonde crise politique depuis que le Premier ministre Saad Hariri a annoncé sa démission, le 4 novembre depuis Riyad, en dénonçant la "mainmise" de Téhéran sur le Liban et "sur le destin des pays de la région" par le truchement du Hezbollah. La démission intervient dans un contexte de fortes tensions sur plusieurs dossiers entre les deux poids lourds de la région, l'Arabie saoudite sunnite, qui soutient M. Hariri, et l'Iran chiite, grand allié du Hezbollah. Les deux puissances régionales sont farouchement opposées sur des questions comme la Syrie, le Yémen et le Liban, où elles soutiennent des camps adverses.
Dimanche 12 novembre, alors qu'il s'exprimait pour la première fois depuis l'annonce de sa démission dans le cadre d'une interview accordée à Future TV, dont il est propriétaire, M. Hariri avait évoqué la possibilité de revenir sur sa démission, à condition que le Hezbollah cesse d'intervenir dans les conflits régionaux. Il avait mentionné le Yémen, où les forces saoudiennes luttent depuis mars 2015 contre les rebelles chiites houthis, soutenus par Téhéran, et la Syrie où le Hezbollah combat aux côtés des forces de Bachar el-Assad.
M. Hariri devrait être de retour mercredi pour la fête de l'Indépendance, après une médiation de la France. "Je ferai connaître ma position après m'être entretenu avec le président Michel Aoun, avait-il affirmé samedi depuis Paris. Vous savez que j'ai présenté ma démission et on en discutera au Liban". Un appel reçu favorablement lundi soir par le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah. "Nous sommes ouverts à tout dialogue, toute discussion dans le pays".
(Lire aussi : Nasrallah aux pays de la Ligue arabe : Laissez le Liban tranquille !)
L'Iran "ne cherche pas à dominer" la région
Hassan Rohani a par ailleurs affirmé à Emmanuel Macron que l'Iran "ne cherche pas à dominer" le Moyen-Orient, quelques jours après que la France s'est inquiétée des "tentations hégémoniques" de Téhéran au dans la région.
"Notre présence en Irak et en Syrie est à l'invitation des gouvernements de ces pays pour lutter contre le terrorisme (...). L'Iran ne cherche pas à dominer (...) la région", a répondu le président iranien au chef de l'Etat français. "Notre objectif est d’œuvrer pour la paix et la sécurité et d'éviter le démembrement des pays de la région", a-t-il assuré. Après Daech (acronyme en arabe du groupe État islamique), il faut aussi lutter contre les autres groupes terroristes".
"La France, en préservant son indépendance d'esprit et la place qu'elle a dans la région, peut avoir un rôle constructif en faisant preuve de réalisme et d'impartialité", a ajouté M. Rohani alors que Paris tente de se poser en médiateur des crises et conflits qui secouent le Moyen-Orient.
Le président iranien s'est par ailleurs indigné de "l'aventurisme de certains princes de la région", en allusion au prince héritier d'Arabie, Mohammad ben Salmane. "Nous sommes contre l'aventurisme et la création de divisions dans la région et nous croyons que la France, en gardant une voix indépendante et en maintenant sa position dans la région, peut, avec une approche réaliste et impartiale, jouer un rôle positif", a-t-il estimé.
(Lire aussi : L'Iran déclare la "victoire" sur l'Etat islamique)
Cessation "des bombardements" au Yémen
Sur la crise au Yémen, où l'Iran soutient les rebelles houthis et dénonce les bombardements quotidiens de l'Arabie saoudite et de ses alliés arabes sur ce pays, M. Rohani a plaidé auprès de M. Macron pour la fin du "blocus" imposé par Riyad ainsi que la cessation "des bombardements". Les Iraniens souhaitent "un dialogue inter-yéménite pour ramener la sécurité dans ce pays".
"Notre principale inquiétude est la situation de millions de Yéménites qui sont en train de mourir faute de médicaments et de produits alimentaires" en raison du blocus, a expliqué M. Rohani.
Il a par ailleurs salué les "efforts de la France et de l'Union européenne pour renforcer l'accord" international sur le nucléaire iranien de 2015 remis en cause par les États-Unis. "L'application complète et stricte de cet accord est un test pour d'autres coopérations au niveau international. Ajouter ou enlever des parties à cet accord le fera effondrer", a-t-il souligné.
Tout en plaidant pour la poursuite de l'application de cet accord destiné à éviter que l'Iran se dote de la bombe atomique, M. Macron a semblé à plusieurs reprises se rapprocher de la position américaine en demandant l'ouverture d'un dialogue avec l'Iran sur son programme de missiles et ses actions extérieures.
La France souhaite que "l'Iran ait une stratégie régionale moins agressive" et que soit clarifiée "sa politique balistique", a déclaré vendredi le président Français, qui a annoncé mi-octobre son intention de se rendre en Iran en 2018.
Lire aussi
Le Hezbollah, qui se considère « victorieux », ne va pas faire de concessions
"Le Hezbollah fait partie du peuple libanais, il est très populaire dans ce pays et son...
commentaires (8)
LES CHIITES LIBANAIS FONT PARTIE DU PEUPLE LIBANAIS ! LES MERCENAIRES... QUI QU,ILS SOIENT... ONT UNE AUTRE APPARTENANCE !
LA LIBRE EXPRESSION
07 h 44, le 22 novembre 2017