L'ancien ministre libanais de la Justice, Achraf Rifi, a critiqué dimanche le ministre de l'Intérieur Nohad Machnouk qui avait demandé le retrait des portraits du prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane des rues de Tripoli, dans le nord du Liban. Avec cette décision, "Nohad Machnouk a remis ses lettres de créance au Hezbollah pour la prochaine étape", a-t-il accusé.
Samedi, les deux hommes s'étaient déjà affrontés sur Twitter après qu'un portrait du prince héritier saoudien placardé à l'entrée de la ville de Tripoli a été brûlé.
"La destruction du portrait de Mohammad Ben Salmane est criminelle et préméditée. Le coupable est connu. Le ministère de l'Intérieur doit l'arrêter sans tarder pour le juger", avait déclaré M. Rifi sur son compte Twitter. Ce portrait restera accroché à Tripoli car il reflète la relation amicale et historique entre le Liban et le royaume", avait-il poursuivi.
حرق صورة الأمير محمد بن سلمان مُدان ومفتعل ومشبوه والفاعل معروف ، وعلى وزارة الداخلية أن توقفه دون إبطاء لمحاسبته . هذه الصورة ستبقى مرفوعة في طرابلس لأنها تمثل علاقة الصداقة التاريخية بين لبنان والمملكة .
— General Ashraf Rifi (@Ashraf_Rifi) November 11, 2017
Ce à quoi M. Machnouk avait répondu, après avoir condamné cet acte : "Nous, le portrait de Mohammad Ben Salmane, nous l'accrochons sur notre poitrine, et pas dans les rues, pour éviter qu'un rancunier ne vienne la brûler".
Son message a ensuite été effacé.
L'ancien ministre Rifi, fortement implanté à Tripoli, a répondu : "Au ministre de l'Intérieur, nous disons : Il n'y a pas de rancunier là où nous avons accroché le portrait. Mais si vous voulez enlever des portraits, commencez par la route de l'aéroport. Lorsque le tour de Tripoli arrivera, on en reparlera".
لوزير الداخلية نقول : محل ما منعلِّق صور ما في حاقد يوصلها ، وإذا بدك تشيل الصور بلِّش من طريق المطار وبس توصل عطرابلس ... منحكي
— General Ashraf Rifi (@Ashraf_Rifi) November 11, 2017
M. Rifi faisait ainsi référence aux portraits des dirigeants iraniens, notamment l'ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la République islamique, qui longent la route menant à l'aéroport international de Beyrouth, dans la partie sud de la capitale.
Dimanche après-midi, l'ancien ministre a appelé ses partisans et les habitants de Tripoli à ne pas improviser de manifestations pour protester contre l'incendie du portrait du prince héritier saoudien, annonçant l'organisation prochaine d'un "rassemblement pacifique".
Cette montée de tension intervient une semaine après l'annonce de la démission à Riyad du Premier ministre Saad Hariri, qui a déstabilisé la rue sunnite au Liban dans un contexte d'une grande tension entre l'Arabie saoudite et l'Iran. Aucune date n'a été fixée pour son retour au Liban afin d'y présenter sa démission officiellement. Et ce malgré les appels unanimes de la classe politique libanaise, y compris de la part du Courant du Futur, le parti de M. Hariri, à ce qu'il rentre au Liban. Dans ce contexte, nombreux sont ceux qui estiment que le Premier ministre est retenu contre son gré à Riyad.
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commentaires (4)
Il y a quelques jours je commentais ainsi : Attention, nous sommes en orient, chaque mot de travers, de plus ou de moins, peut déclencher une querelle dont on ne connait pas son dénouement. Finalement l'exemple est venu du haut ...des ministres considérés (en principe) l'élite du pays Pauvre Liban
Sarkis Serge Tateossian
16 h 51, le 12 novembre 2017