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Liban - Congrès

Une majorité d’Arabes insatisfaits des performances environnementales publiques

Pour son dixième rapport annuel, l'AFED a présenté hier à Beyrouth les résultats d'un sondage panarabe axé sur la perception de l'action des gouvernements par leurs administrés.

Michel Pharaon prononçant le mot du Premier ministre Hariri au cours de la séance inaugurale du congrès de l’AFED, hier. Photo AFED

Qui s'étonnerait de savoir qu'au Liban, près de 92 % des sondés estiment que l'environnement a connu une dégradation notable durant les dix dernières années ? Ou encore que près de 99 % des sondés (98,96 % pour être précis) estiment que leur gouvernement ne fait pas assez d'efforts pour se préparer aux conséquences du changement climatique ? Certes, le contraire aurait été surprenant, mais l'intérêt du grand recensement panarabe effectué par le Forum arabe pour l'environnement et le développement (AFED), qui a produit les chiffres cités plus haut, a le mérite d'apporter une preuve par les statistiques d'un malaise existant.

Ces chiffres, que l'on retrouve dans le dixième rapport annuel de l'AFED présenté hier au cours d'un grand congrès à Beyrouth, placent le Liban parmi les pays très affectés par la dégradation environnementale, et dont la population exprime sans détour une insatisfaction notable concernant la prestation des officiels du pays. Parmi les autres peuples se plaignant d'une dégradation environnementale importante sont les Syriens (95,92 %) et les Yéménites (90,24 %), deux pays en guerre. Les autres sondés arabes ont produit des résultats plus mitigés à cette question, mais globalement négatifs, puisque plus de 60 % des Arabes notent une dégradation de l'environnement dans leur pays, et près de 75 % trouvent leur gouvernement peu performant en la matière.

Pour ce qui est des efforts gouvernementaux en matière de lutte contre le changement climatique, il faut noter la réponse significative des Libyens (100 % de non), et celle du Yémen (90,24 % de non). Ou encore celle de Djibouti (100 % de réponses favorables aux autorités pour les deux questions...).

 

La détérioration, pour 85 % des sondés
« Le présent rapport montre que l'état de l'environnement dans les pays arabes sur les dix dernières années s'est caractérisé par des disparités », explique Najib Saab, secrétaire général de l'AFED, dans la préface de l'étude. « Alors que les progrès sont lents et que la situation s'est dégradée à plusieurs niveaux, il y a eu certaines avancées à d'autres niveaux, surtout concernant la gouvernance et les engagements par rapport aux traités internationaux, notamment sur le changement climatique », ajoute-t-il. M. Saab souligne que les pays en crise et en guerre souffrent plus que d'autres, et que certains sont désormais sur une voie plus durable. Il évoque également la diversification économique vers des méthodes plus durables, remarquant que celle-ci vient souvent en réponse à des problèmes d'approvisionnement en ressources comme l'eau, l'alimentation ou l'énergie, bien plus qu'elle n'intervient dans le cadre de plans stratégiques pensés à long terme. L'urgence supplante donc encore la transition en douceur. Sept pays arabes ont néanmoins intégré les principes de l'économie verte dans leurs plans nationaux ces dernières années.

En vue d'une comparaison plus précise, les questions posées sont les mêmes que celles dans le cadre d'une étude précédente, effectuée en 2006. Les résultats sont toujours aussi sombres : 80 % des sondés pensent que la situation s'est détériorée, alors que 95 % se disent convaincus de l'insuffisance de la prestation de leur gouvernement. L'aspect positif, toujours selon Najib Saab, est que les sondés expriment plus volontiers leur volonté de respecter les législations environnementales et de s'engager dans des actions pour la protection de l'environnement. Pour preuve, sur une question concernant l'engagement des sondés en faveur de l'environnement, 27 % affirment vouloir prendre part à des campagnes de sensibilisation, 25 % se conformer aux réglementations environnementales, 24 % s'engager dans des ONG écologiques, 17 % indiquent qu'ils ne rechigneraient pas à payer des taxes supplémentaires et 7 % se disent prêts à faire des donations.

Par ailleurs, plusieurs résultats de ce sondage montrent que les populations arabes sont bien plus sensibilisées aux questions d'environnement qu'on pourrait le penser : respectivement 95 % et 90 % des sondés sont convaincus du fait que le changement climatique est dû à l'activité humaine, et qu'il représente un « sérieux problème ». Quelque 83 % savent identifier les objectifs de développement durable, 95 % sont convaincus qu'une gestion environnementale saine est un prélude au développement économique et 97 % pensent que nos modes de consommation affectent l'environnement.

 

« Nous n'avons pas le luxe d'attendre »
Le congrès 2017 de l'AFED, qui se poursuit aujourd'hui à Beyrouth, est placé sous le parrainage du Premier ministre Saad Hariri. Celui-ci était représenté, à la séance inaugurale, par le ministre Michel Pharaon. « Ce dixième rapport annuel vient nous rappeler que la protection de l'environnement et la gestion équilibrée des ressources naturelles sont un devoir, pas un choix », a déclaré M. Pharaon, lisant le mot du Premier ministre. « Il est vrai que nos pays font face à des défis liés à la pression due à la crise des réfugiés sur les infrastructures, la reconstruction et la sécurité, mais il demeure essentiel d'intégrer la gestion environnementale dans tous ces aspects, parce que nous n'avons pas le luxe d'attendre », a-t-il ajouté.

 

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