L'invitation à rentrer chez eux adressée par le secrétaire général du Hezbollah aux réfugiés syriens a retenu l'attention des milieux politiques et diplomatiques. C'est la première fois que nous entendons Hassan Nasrallah tenir ce discours, ont relevé les représentants de grandes puissances accréditées au Liban, qui se demandent si ces propos seraient suivis d'effet, ou bien s'ils donneraient lieu à une stratégie collective de retour, dans le cas où les réfugiés demeurent passifs.
Dans son discours, le secrétaire général du Hezbollah a dit être conscient des craintes éprouvées par les opposants au régime, affirmant qu'elles ne sont pas insurmontables et qu'il est possible d'en parler ; mais il s'est également étonné de ce que les déplacés venus de zones pacifiées et contrôlées par l'armée syrienne n'aient pas encore pris l'initiative de songer à un retour.
On peut se demander pour quelle raison le secrétaire général du Hezbollah soulève la question des déplacés en ce moment même.
Selon un responsable politique, le secrétaire général du Hezbollah aurait reçu des informations confidentielles au sujet d'un plan visant à fixer les déplacés dans les pays où ils ont trouvé refuge, dans le cadre d'une redistribution démographique et d'un réarrangement des frontières des pays de la région. Pour cet observateur, ces données confidentielles confirment indirectement la réticence des Nations unies à mettre au point un plan de retour cohérent pour ces populations. Elles rejoignent aussi la récente déclaration du président américain qui, enfonçant des portes ouvertes, vient d'affirmer que les déplacés doivent être « réinstallés » dans les pays limitrophes de leur patrie d'origine, sans préciser ce que le mot « réinstallation » signifie, ni sa durée hypothétique.
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L'autre signe de convergence, sinon de connivence, est la mauvaise grâce dont les pays donateurs font preuve, dans l'arrivée des aides multiformes aux déplacés. Des réticences que le chef de l'État n'a pas hésité à signaler dans son discours devant l'Assemblée générale de l'ONU.
Une chose est sûre, toutefois, c'est que le discours de Hassan Nasrallah s'inscrit franchement dans le cadre de la politique tracée par le chef de l'État de programmer le retour des réfugiés aussi rapidement que possible et de lui fixer même un calendrier. Et les sources diplomatiques de souligner que les paroles du chef du Hezbollah sont généralement étudiées et crédibles, et qu'elles cachent très souvent un plan concret d'exécution. Certes, il n'aura pas recours à la force, estiment ces sources, mais il pourrait bien coordonner ce retour et s'en faire l'intermédiaire auprès des autorités libanaises et syriennes, comme cela s'est déjà fait une première fois.
Par ailleurs, les sources diplomatiques citées se demandent ce que cache la fermeté dont le secrétaire général du Hezbollah a fait preuve en ce qui concerne les caméras cachées et parfois piégées que placent les Israéliens en territoire libanais. Elles s'interrogent sur la possibilité de mesures libanaises réciproques en territoire israélien, pour mette en garde toutefois contre leur gravité, en cas d'incident violent.
Enfin, la mise en garde contre la partition de certains pays a certainement retenu l'attention des milieux diplomatiques, ainsi que l'avertissement lancé à certains pays, comme l'Arabie saoudite, de jouer le jeu de la partition ou de l'indépendance de certains États de la région, avec le risque de voir les apprentis sorciers – tous les apprentis sorciers – pris à leur propre jeu.
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Nonobstant toutes autres considérations, si Hassan Nasrallah respecte sa parole qui est de coopérer pour le retour de tous les déplacés syriens chez eux, cela sera une bonne nouvelle pour tous les Libanais ainsi qu'à toutes les composantes politiques de notre pays.
Un Libanais
14 h 15, le 04 octobre 2017