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Liban - Syrie-Arabie

« Notre pays ne sera pas sous mandat saoudien », martèle Nawwaf Moussaoui

Joumblatt n'écarte pas la possibilité de relations « amicales » avec un régime « démocratique » à Damas.

Dimanche, Walid Joumblatt a organisé à Moukhtara une cérémonie en l’honneur d’officiers de l’armée à la retraite, en présence de son fils Taymour et de cadres du PSP.

La résurgence des divisions politiques au Liban sur des questions aussi délicates que les rapports avec la Syrie et avec l'Arabie saoudite ne peut pas être dissociée de la perspective d'un règlement politique en Syrie qui peut entraîner une redistribution des centres de pouvoir dans la région, ponctuée en amont d'une véritable épreuve de force entre les différents acteurs régionaux et internationaux, s'accorde-t-on à expliquer dans divers milieux politiques.
Les divergences de vues locales autour de l'appel répété du Hezbollah et du CPL de Gebran Bassil à établir un dialogue officiel avec Damas pour régler le dossier des réfugiés syriens, puis récemment autour de la visite des leaders des Forces libanaises, Samir Geagea, et des Kataëb, Samy Gemayel, à Riyad, doivent être placées dans le cadre de l'épreuve de force engagée autour de la Syrie, entre l'Iran et l'Arabie saoudite, laquelle n'est pas près de laisser la voie libre devant Téhéran pour asseoir son influence dans la région. Le Liban ayant toujours servi de caisse de résonance aux conflits régionaux, il était presque normal que le bras de fer entre Riyad et Téhéran se transpose au pays du Cèdre, où la polémique risque de s'envenimer après la visite du roi Salmane d'Arabie, jeudi, en Russie. Si Téhéran et Moscou ont mené ensemble la bataille, politique et militaire, pour le maintien de Bachar el-Assad à la tête du pouvoir en Syrie, leurs objectifs à long terme ne sont pas les mêmes. Dans ce contexte, les objectifs de Moscou peuvent, à terme, se recouper davantage avec ceux de Riyad, hostile comme son interlocuteur russe à un accroissement de l'influence iranienne dans la région, via ses bras armés.
Au cours du week-end, le Hezbollah et, de manière plus générale, des personnalités du 8 Mars ne se sont pas privés de critiquer vivement la visite de MM. Geagea et Gemayel à Riyad, n'hésitant pas à dénoncer « une convocation » dans laquelle ils ont vu « une atteinte à la souveraineté libanaise ». « Le fait que notre ministre des Affaires étrangères s'entretienne à l'ONU avec son homologue syrien est-il moins ou plus grave qu'une convocation (de personnalités libanaises) à Riyad pour qu'elles se présentent devant le prince (héritier) ? Qui porte atteinte à l'intérêt du Liban dans ce cas ? Est-ce celui qui applique une politique générale de l'État fondée sur l'entretien de bonnes relations avec les États frères, et notamment avec les voisins avec lesquels nous devons prendre langue soit pour rapatrier les déplacés syriens, soit pour contribuer à la reconstruction de leur pays ? Ou est-ce celui qui va à Riyad, sachant que ces visites au royaume (wahhabite) sont directement liées aux prochaines législatives ? » a fait valoir Nawwaf Moussaoui, député du Hezbollah, lors de la commémoration de la Achoura à Tyr. « Les Libanais redoutent que les élections parlementaires ne représentent pas une occasion pour hisser leurs représentants réels à la Chambre, mais soient un moyen d'élire des agents locaux à l'hégémonie saoudienne au Liban », a poursuivi M. Moussaoui avant de conclure : « Nous assurons que notre pays ne sera pas sous mandat saoudien, qu'une personnalité ou cent autres visitent l'Arabie. Le pouvoir de décision du Liban restera aux mains de ses fils libres et non pas aux mains de ceux qui se présentent comme étant les agents locaux de l'étranger. »
Pendant que le secrétaire général adjoint du Hezb, Naïm Kassem, expliquait, toujours lors d'un rassemblement de la Achoura à Tyr, que son parti a un problème avec le royaume wahhabite, « à cause de ses choix politiques », un autre député hezbollahi, Nawwar Sahili, insistait sur le fait que « l'axe de la Résistance a gagné ». « Le président et le gouvernement syriens resteront en place. Les grandes puissances en sont convaincues aussi. Pourquoi les Libanais veulent-ils être plus royalistes que le roi ? » s'est-il interrogé en proposant, « si le Premier ministre ne souhaite pas coordonner avec le gouvernement syrien, que le ministre des Affaires étrangères ou quiconque souhaite régler le dossier des réfugiés s'en charge ».
Parallèlement, le député Nabil Nicolas du bloc parlementaire du Changement et de la Réforme a fait valoir, dans une interview à la radio, que « les invitations saoudiennes adressées à des personnalités libanaises suscitent de nombreuses interrogations ». Laconique, il a exprimé l'espoir que l'initiative saoudienne « sera dans l'intérêt du Liban ».

Joumblatt : L'ami et l'ennemi
Dans le camp opposé, l'accent était plutôt mis sur l'insistance hezbollahie à vouloir pousser le gouvernement à prendre langue avec le régime syrien, une option que plusieurs députés du 14 Mars ont de nouveau écartée, dans leurs déclarations au cours du week-end, mais que le chef du PSP, Walid Joumblatt, ne rejette pas dans l'absolu, mais avec un autre régime. Le chef du PSP, qui a organisé deux cérémonies en l'honneur d'officiers à la retraite et de cadres de son parti, a cependant défini le cadre d'éventuels rapports officiels libano-syriens. « Les divergences sont importantes au sujet de la notion d'ennemi et d'ami, a-t-il déclaré. L'ennemi est Israël et l'ami est la Syrie. Oui, la Syrie est l'amie, mais dans l'espoir – et c'est mon opinion personnelle qui ne contraint personne – d'un nouveau régime et d'un nouvel horizon qui redonneront au peuple syrien sa liberté et sa dignité », a-t-il dit, en estimant que cela est « bien entendu tributaire des développements et de l'évolution du conflit des nations qui se déroule en Syrie ».
M. Joumblatt a plaidé pour « une armée forte, protectrice de la démocratie et des libertés », et s'est dit surpris par l'annulation de la fête qui était supposée se dérouler place des Martyrs pour célébrer la victoire des forces régulières contre les jihadistes du groupe terroriste État islamique dans les jurds du Qaa et de Ras Baalbeck. « La route est longue avant d'atteindre nos objectifs de justice et d'égalité, prévoyant une armée forte qui détiendra, seule, la décision de guerre et de paix (en allusion au désarmement du Hezbollah) et des rapports amicaux avec un régime syrien démocratique. La route est longue aussi au vu des nombreuses échéances politiques qui nous attendent », a-t-il ajouté.

La résurgence des divisions politiques au Liban sur des questions aussi délicates que les rapports avec la Syrie et avec l'Arabie saoudite ne peut pas être dissociée de la perspective d'un règlement politique en Syrie qui peut entraîner une redistribution des centres de pouvoir dans la région, ponctuée en amont d'une véritable épreuve de force entre les différents acteurs régionaux et...

commentaires (4)

Et vous aussi en rêvez pas ... il ne sers jamais sous mandat iranien !! Vous pouvez en être sure

Bery tus

13 h 56, le 03 octobre 2017

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • Et vous aussi en rêvez pas ... il ne sers jamais sous mandat iranien !! Vous pouvez en être sure

    Bery tus

    13 h 56, le 03 octobre 2017

  • a chacun a son tour dit l'adage ! ILS SONT TOUS convoques un jour ou l'autre . je dis TOUS cela veut dire ABSOLUMENT TOUS .( ceux qui ont du ""poids" ) alors que bassil le 1er de son nom a lui-meme "exige" une reunion avec walid le syrien ! VOILA COMMENT AGIT UN HOMME D'ETAT !

    Gaby SIOUFI

    11 h 07, le 03 octobre 2017

  • NI SOUS MANDAT FAKIHISTE IRANIEN !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 48, le 03 octobre 2017

  • Quelques remarques: - Pas de mandat saoudien sur le Liban. Bien sûr, il est rejeté par les libanais, comme l'a été le mandat syrien et l'est actuellement le mandat iranien. - "les invitations saoudiennes adressées à des personnalités libanaises suscitent de nombreuses interrogations". Sans doute. Exactement comme celles adressées précédemment par la Syrie. Sauf que dans le premier cas, il s'agit de personnes parfaitement libres d'y répondre, alors que dans l'autre cas, il s'agissait de ministres qui ne peuvent agir qu'avec l'accord du gouvernement auquel ils appartiennent. - " des rapports amicaux avec un régime syrien démocratique". Oui, bien sûr! Quand ce régime sera devenu démocratique, comme tous l'espèrent, et quand aura été réglé le contentieux issu des presque trente ans d'occupation, et notamment le sort des prisonniers libanais dans les geôles du pays "frère".

    Yves Prevost

    07 h 22, le 03 octobre 2017

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