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Liban - Éclairage

Pour le Hezbollah, la normalisation avec la Syrie ne devrait pas se faire aux dépens de la stabilité interne

Les hauts responsables au sein du courant du Futur et des Forces libanaises attendent impatiemment le retour du chef de l'État, Michel Aoun, et du ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, de Paris, pour mettre au clair les développements qui ont récemment eu lieu à New York, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, plus particulièrement la réunion entre le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Moallem, et M. Bassil, à la demande de ce dernier. Cette initiative a suscité une série de protestations dans les milieux souverainistes libanais.

Dans ces milieux, on considère cette initiative, qui a été prise à titre personnel et en dehors de tout accord gouvernemental, comme étant en violation de l'accord conclu autour de la présidentielle qui a abouti à l'élection de M. Aoun à la tête de l'État et à la désignation de Saad Hariri à la tête du gouvernement, une entente qui portait également sur la distanciation du Liban par rapport aux crises dans la région. Or, estime-t-on dans les milieux du courant du Futur et des FL, la réunion Bassil-Moallem trahit un alignement clair du sexennat sur l'axe irano-syrien, alors que le nouveau mandat était censé rester confiné dans une position de neutralité, loin du brasier régional.

 

(Lire aussi : Geagea et Gemayel en Arabie saoudite « parce que le Liban ne gravite pas dans l'orbite iranienne »)

 

C'est dans ce contexte qu'il faut comprendre la décision du chef des FL, Samir Geagea, de dépêcher le ministre de l'Information, Melhem Riachi, auprès du ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, en signe de solidarité avec les positions en flèche affichées par ce dernier. M. Machnouk avait stigmatisé, dimanche, l'entretien qui avait eu lieu à New York, le qualifiant d'« agression politique » contre le chef du gouvernement libanais. Le ministre de l'Intérieur a, dès lors, préféré boycotter le voyage de M. Aoun qu'il était censé accompagner à Paris, en signe de protestation contre une décision « prise unilatéralement » et qui engage le Liban sur une voie politique que l'exécutif n'avait pas bénie.

Le courant du Futur et les FL sont revenus à la charge pour stigmatiser une fois de plus ce qu'ils considèrent être une tentative de normalisation des relations avec la Syrie. Ils ont estimé que quels que soient les arguments ou explications avancés, cette question représente une ligne rouge à ne pas dépasser. Pour ces deux formations, les justifications apportées par M. Bassil à ce propos – le ministre avait indiqué que sa réunion avec M. Moallem s'inscrivait dans un processus normal et qu'il s'était réuni avec lui, mais aussi avec d'autres responsables – ne sont point convaincantes. Selon eux, l'organisation du retour des réfugiés syriens chez eux, argument également avancé par le ministre des Affaires étrangères pour justifier ses entretiens avec son homologue syrien, est une décision qui doit émaner de la communauté internationale qui doit s'assurer de la présence de garanties relatives à leur rapatriement dans des conditions sécurisées, ce qui n'est toujours pas le cas actuellement.

Cette décision ne saurait par conséquent être négociée de manière unilatérale avec le régime syrien, laisse-t-on entendre.

 

(Lire aussi : Déplacés syriens : la priorité reste à la cohésion du gouvernement, le décryptage de Scarlett Haddad)

 

Mais en dépit de l'escalade verbale observée depuis quelques jours, le risque de voir le consensus présidentiel et l'entente politique remis en cause est inexistant. C'est la thèse soutenue par certains ministres qui restent convaincus que personne n'a intérêt à torpiller cette entente, chacun pour des considérations et des calculs personnels. Même le Hezbollah, qui n'a cessé de pousser dernièrement en direction d'une normalisation avec la Syrie, n'est pas près de changer de position à l'égard du consensus politique et reste attaché à la culture du compromis. Celle-ci consiste notamment à mettre de côté les dossiers dits litigieux, dont la participation du parti chiite à la guerre en Syrie. Sa stratégie en matière d'ingérence non seulement en Syrie, mais aussi en Irak, au Yémen et à Bahreïn, ne changera pas, du moins pour le moment, d'autant que son implication dans ces pays a pour objectif d'imposer un nouveau rapport de force. Mais sa tactique consiste à appliquer une politique de grignotage destinée à imposer au final une normalisation avec Damas sans pour autant mettre en danger la stabilité politique et sécuritaire au Liban, encore moins la cohésion gouvernementale. Selon certaines sources ministérielles, le parti chiite n'a aucun intérêt aujourd'hui à miner la stabilité. Selon ces sources, le Hezb a d'autant moins intérêt à une déstabilisation politique que le Congrès américain pourrait adopter, le mois prochain, une loi renforçant les sanctions contre le parti chiite.

Par conséquent, précisent les sources, ce qui se passe aujourd'hui n'est pas nouveau, mais devrait être interprété comme une nouvelle tentative de la part du Hezbollah d'imposer un nouveau fait accompli illustré par la normalisation graduelle des relations avec le voisin syrien.

 

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commentaires (2)

LA REUNION BASSILO/MOU3ALLEM... ET TOUTES LES GAFFES ECHAPPEES CHEZ L,ONCLE SAM ? PEUT-ON DIRE QUE LE HEZB POUR UNE FOIS PENSE LOGIQUE ?

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 43, le 28 septembre 2017

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Commentaires (2)

  • LA REUNION BASSILO/MOU3ALLEM... ET TOUTES LES GAFFES ECHAPPEES CHEZ L,ONCLE SAM ? PEUT-ON DIRE QUE LE HEZB POUR UNE FOIS PENSE LOGIQUE ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 43, le 28 septembre 2017

  • et j'ajouterai : pour le hezb TOUT passe en 2nd vis a vis de la stabilite interieure.... apres tout le hezb a le temps, aussi bien que les armes pour le rendre TRES PATIENT en attendant mieux

    Gaby SIOUFI

    10 h 27, le 28 septembre 2017

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