Quelques jours après des communiqués publiés par nombre d'ambassades occidentales à Beyrouth, invitant leurs ressortissants à « rester vigilants » face à d'éventuels attentats terroristes, certaines informations ont circulé hier dans les médias selon lesquelles les services de renseignements américain et français auraient informé l'ancien ministre de la Justice, Achraf Rifi, de tentatives d'assassinat contre lui, dans une volonté manifeste de porter atteinte à la stabilité (relative) du pays.
Interrogé à ce sujet hier par L'Orient-Le Jour, M. Rifi confirme avoir reçu des informations concernant des risques d'attentat contre sa personne. « Depuis l'assassinat de Wissam el-Hassan (ancien chef des SR des Forces de sécurité intérieure), je suis conscient du danger qui m'entoure », confie l'ancien ministre de la Justice, avouant qu'il a renforcé ses mesures de sécurité et réduit ses déplacements, en guise de précaution, suite à des informations en provenance de sources sûres.
Mais les nouvelles mesures sécuritaires prises par Achraf Rifi ne semblent modifier en rien sa détermination à faire face à ce qu'il appelle le projet du Hezbollah, consistant à édifier un mini-État et entraîner le Liban vers l'axe syro-iranien. « Je porte une cause noble et je continuerai à la défendre même si cela me coûtera la vie. Je suis prêt à la sacrifier pour le Liban », déclare-t-il sans détour, indiquant que tous ses alliés qui se sont ralliés au compromis politique qui a donné le coup d'envoi au sexennat Aoun regretteront cela.
Se voulant beaucoup plus clair, sans pour autant accuser ouvertement le Hezbollah, M. Rifi lance : « Nous faisons face à des criminels et un parti qui ne croit pas en la démocratie. Bien au contraire. Cette formation ne trouvera aucun problème à se débarrasser de tous ceux qui s'opposent à elle. » D'autant que, pour Achraf Rifi, « les assassins de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, de l'ancien ministre Pierre Gemayel, des journalistes Samir Kassir et Gebran Tuéni, ainsi que de tous les autres martyrs du 14 Mars n'auront pas du mal à liquider d'autres personnalités qui leur sont hostiles ».
L'ancien ministre et chef des FSI estime, d'ailleurs, que la vague d'attentats perpétrée entre 2005 et 2013 contre de grandes figures de l'alliance souverainiste du 14 Mars n'était autre qu'un mot d'ordre iranien exécuté par le Hezbollah et le régime syrien.
Interrogé sur un éventuel lien entre les avertissements qu'il a reçus et le retrait des jihadistes du groupe État islamique, en vertu de l'accord conclu entre le parti de Hassan Nasrallah, le régime de Bachar el-Assad et le groupement terroriste, Achraf Rifi souligne que « la formation dirigée par Hassan Nasrallah a traité les ennemis du Liban comme des amis ». « L'issue de la bataille n'est pas pour déplaire à Daech (acronyme arabe de l'EI) », dit-il, notant qu'« il est intolérable que l'État libanais récupère ses otages dans des cercueils, alors que le Hezbollah exhorte la coalition internationale à laisser passer les bus transportant les jihadistes à la frontière libano-syrienne ».
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commentaires (6)
C'est triste d'en arriver là !
Sarkis Serge Tateossian
23 h 51, le 19 septembre 2017