Le gouvernement, réuni jeudi au Grand Sérail sous la présidence du Premier ministre, Saad Hariri, a reporté l'examen du dossier de Gloria Abou Zeid, directrice générale des coopératives au sein du ministère de l'Agriculture, et son éventuel remplacement.
"Bras de fer"
Ce report a été demandé par le ministre de l'Agriculture, Ghazi Zeaïter, selon plusieurs médias locaux.
Pour rappel, le litige a débuté lorsqu'en février dernier, Mme Abi Zeid avait refusé d'apposer sa signature sur des attestations de création de deux coopératives d'habitation, qu'elle jugeait illégales. M. Zeaïter a alors ignoré le refus de la fonctionnaire, allant même jusqu'à lui interdire, en mars, d'exercer ses fonctions. "Nous nous attendons à un bras de fer sur ce dossier", avait déclaré le ministre d'État à la Planification, Michel Pharaon, avant le début du Conseil des ministres, précisant que la personne pressentie pour remplacer Mme Abou Zeid est membre de la famille Aoun. "Y a-t-il encore des membres de la famille Aoun qui n'ont pas été placés ?", a ironisé le ministre des Travaux publics, Youssef Fenianos, dans une pointe adressée au chef de l'Etat, Michel Aoun. Avant le début de la séance, le ministre de l'Agriculture avait refusé de s'exprimer sur ce dossier.
Par ailleurs, le ministre de l'Information, Melhem Riachi, a indiqué que le dossier des lignes à haute tension a été soulevé par le ministre de l'Energie, César Abi Khalil. Des habitants de Mansourieh et de Aïn Saadé, dans le Metn, ont poursuivi aujourd'hui leur sit-in pour protester contre l'installation de lignes aériennes à haute tension dans leur secteur. Les riverains ont réussi à stopper dans la matinée les travaux d'installation, que les techniciens d’Électricité du Liban avaient entamés mercredi à l'aube après plusieurs années d'interruption.
(Pour mémoire : Les démêlés avec le ministre de l’Agriculture ne sont pas finis)
Sujets brûlants
Selon la chaîne locale LBCI, le gouvernement a examiné le dossier de la grille des salaires pour la fonction publique et a décidé de ne pas la mettre en place si les mesures fiscales devant la financer étaient retoqués par le Conseil constitutionnel. Mardi, le ministère avait publié une circulaire ordonnant la suspension des taxes devant financer la grille des salaires, en application de la décision du CC, prise le 31 août, de geler la mise en application de ces mesures fiscales.
Les dossiers des navires-centrales devant produire de l'électricité et des élections législatives partielles n'ont pas été évoqués. Avant le début de la séance, le ministre de l'Intérieur, Nohad Machnouk, avait, sur la question des partielles, appelé "toutes les parties concernées à prendre leurs responsabilités", sans plus de précisions. M. Machnouk a annoncé à plusieurs reprises qu'il soumettrait cette question en Conseil des ministres, mais cela n'a toujours pas été fait. Mardi, le chef des Kataëb, Samy Gemayel, avait adressé une question écrite sur ce dossier au Premier ministre, Saad Hariri, et au ministre de l'Intérieur.
Pour rappel, les sièges de Michel Aoun (Kesrouan), Badr Wannous (Tripoli), décédé le 5 janvier 2017, et Robert Fadel (Tripoli), qui a présenté sa démission le 30 mai 2016, sont toujours vacants. L'article 41 de la Constitution stipule qu'une partielle doit être organisée dans un délai de deux mois en cas de vacance d'un siège à la Chambre, sauf si l'on se trouve à moins de six mois des élections générales. Celles-ci sont prévues en mai 2018.
(Lire aussi : Les évêques maronites appellent l’État à annuler les échelons exceptionnels ou à payer la différence)
Hariri : Le Liban ne fait partie d'aucun axe
En début de séance, M. Hariri est revenu sur la journée de deuil national de vendredi, décrétée après l'annonce des résultats des tests ADN confirmant que les dépouilles mortelles récupérées après la bataille contre l'EI sont celles des militaires libanais kidnappés par le groupe jihadiste en août 2014 à Ersal, dans la Békaa.
"Cette occasion doit être celle de l'unité nationale et ne doit pas être l'objet de divisions politiques", a déclaré le chef du gouvernement, appelant tous les responsables à "se mettre à la hauteur de nos héros" et à "éviter les surenchères politiques" car "le responsable de ce crime, c'est Daech (acronyme arabe de l'EI). Une enquête sur les circonstances de l'enlèvement et la mort des soldats ex-otages a été ouverte. Certains responsables politiques ont pointé les responsabilités du pouvoir de l'époque.
Le Conseil des ministres a respecté en début de séance une minute de silence en hommage aux soldats.
Par ailleurs, le chef du gouvernement a déclaré que "le Liban ne fait partie d'aucun axe mais est un membre actif de la coalition internationale contre le terrorisme". "Le Liban et les Libanais ont intérêt à éviter les tensions avec les pays amis et frères", a-t-il ajouté. "L'Etat libanais agit pour son peuple, ses frontières et sa souveraineté grâce à ses forces de sécurité", a-t-il ajouté.
Une semaine après la fin de la bataille de "L'Aube des jurds" menée par l'armée libanaise à la frontière avec la Syrie, qui s'est soldée par l'évacuation des jihadistes du groupe État islamique du territoire libanais, en vertu d'un accord tripartite conclu entre le Hezbollah, le régime syrien et l'EI, l'Arabie saoudite a tiré à boulets rouges sur le parti chiite, invitant pratiquement les Libanais à choisir entre le royaume wahhabite et le parti dirigé par Hassan Nasrallah.
Sur un autre plan, le Premier ministre a appelé la communauté internationale à se mobiliser pour la minorité musulmane des Rohingyas en Birmanie.
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Pour...
Rohingas? Ah oui il faut s'en occuper parceque entre-temps tout nos problèmes domestiques, des moindres aux plus monumentaux, sont résolus vu que les 18 sectes, milliers de factions et les quelques illuminés se sont tous finalement mis d'accord. Pas certain, quand meme, sur quoi. Bien sûr les prisonniers libanais du régime du frérot oeuyiste peuvent attendre la prochaine visite de Hassan à Damas pour leur arranger un convoi de retour au pays.
18 h 33, le 07 septembre 2017