Rechercher
Rechercher

Lifestyle - Anniversaire - Quarante ans après, Elvis plein de grâce...

Le premier métrosexuel

Il avait l'habitude de terminer ses concerts sur un morceau musical emphatique de Strauss, « Ainsi parlait Zarathoustra »... Et pour que les fans, hirsutes et affolés, ne le suivent pas dans les coulisses, les organisateurs annonçaient : « Elvis has left the building. » Aujourd'hui, 40 ans après sa mort, le King continue de ne rien quitter : ni les esprits ni les tympans de ses fans.

Photo tirée du site officiel de Elvis Presley.

Quand, en 1953, le petit studio Sun Records retient sa version rockabilly de That's all right Mama, la carrière d'Elvis Presley est lancée. Il lui faut désormais construire son image. Il est encore cet enfant pauvre de Memphis qui doit tout inventer de zéro. Sa pauvreté est une page blanche.

À cette époque, la mode masculine est encore sobre et digne, passe-muraille, à l'image d'un monde qui se remet doucement du traumatisme des deux guerres mondiales. Mais le succès d'Elvis le met en position d'influenceur. Il appartient à une génération avide de vivre et de tourner le dos à la morosité de ses prédécesseurs. La mode qu'il invente fait de lui le premier métrosexuel.

 

Premières personnalisations
Ne trouvant pas son bonheur sur un marché trop guindé pour la vision qu'il a de lui-même, Elvis fait rebroder ces vêtements classiques par sa grand-mère Minnie Mae. Ensemble, ils inventent des motifs à la gloire du prodige, comme des initiales en guirlande entourant un disque en vinyle sur une chemise militaire. Plus tard, il s'entendra avec le bijoutier Lowell pour faire réaliser une série de chaînes et anneaux personnalisés portant le sigle « TCB » pour « Taking Care of Business », qu'il fera porter aussi à tout son entourage.

 

Banane
La coiffure « Pompadour » d'Elvis Presley est favorisée par la gomina. L'un des premiers dérivés pétroliers introduit dans l'industrie cosmétique, ce gel sculptant a de plus la propriété de briller sous les projecteurs. On laisse pousser les cheveux qu'on rabat sur le devant, on les enroule autour d'un bigoudi, à moins de les crêper, et on s'arrange pour que leur volume tienne tout seul. Compliquée à réaliser, cette coiffure que tout le monde se met à imiter est sexy pour une raison qui n'a rien à voir avec le look : indice de coquetterie, elle souligne l'image d'un homme soigné, qui cherche à plaire, ce qui fait fondre les femmes. Elvis est blond et se laisse convaincre de teindre ses cheveux en noir, nuance plus attirante pour son public féminin américain. Un dinosaure à crête, le cryolophosaure, est rebaptisé « Elvisaurus ».

 

Rose masculin
À Memphis, se trouve un grand magasin de vêtements, Lansky Brothers, dont l'un des propriétaires, Bernard Lansky, se découvre avec Elvis une vocation de styliste. Il sait que le rockeur fait vendre, il l'utilise comme mannequin. C'est lui qui, la première fois, redresse le col classique du King de manière à lui conférer cette allure majestueuse que l'on voit sur les portraits royaux des siècles passés. Plus les pattes du col sont longues et plus il est grand, plus il en jette. Plus tard, Elvis soulignera ce col de grosses rouflaquettes.

Lansky osera aussi faire porter à la star une chemisette rose à col barré de bandes marines. Le rose est alors une couleur strictement féminine, mais cette initiative fait boule de neige. Les Cadillac se teignent de rose et le motif flamant rose envahit les imprimés. Au gré de ses albums et concerts, il lancera tour à tour la chemise hawaïenne, le blouson de cuir à grands motifs de couleurs, la marinière rayée et le pantalon pattes d'éléphant. Il ne portera le jeans, souvenir de son enfance pauvre, que pailleté. Amoureux des couleurs, il n'admettra la cravate de papa qu'en coloris électriques.

 

Combinaisons pailletées
L'enfant pauvre de Memphis a forcément un côté nouveau riche. Il faut que son succès se montre et se voie. À son retour de deux ans de service militaire en Allemagne, il fait un come-back spectaculaire, histoire de se rappeler à la mémoire des fans qu'il a laissés derrière. Sur la couverture de l'album 50 000 000 Elvis fans can't be wrong, il porte un costume entièrement doré. Plus que jamais, la scène lui appartient. Elvis est ceinture noire de karaté. Il entend montrer ce talent dans ses shows et, pour ce faire, il a besoin de costumes qui rendent ses mouvements plus aisés. D'où les combinaisons rebrodées de paillettes et les larges ceintures qui achèvent de construire son image définitive.

Quand il rencontre le président Nixon en 1970, ce dernier lui dit : « You dress kind of strange, don't you ? » (Vous vous habillez de manière un peu étrange, n'est-ce pas ?). À quoi le King répond : « Well, Mr President, you got your show and I got mine » (Eh bien, Monsieur le Président, vous avez votre show et j'ai le mien).
Tant d'outrance vestimentaire donnera lieu, dans les années 60, à un retour au style clergyman. Mais la joyeuse fantaisie qu'Elvis a créée une décennie plus tôt reviendra sous d'autres formes dans les années 70 et 80.

 

Lire aussi

Quelque chose en nous de (Graceland) Tennessee

Sa fureur de vivre

The King and I

7 choses (de plus) à savoir sur Elvis

Quand, en 1953, le petit studio Sun Records retient sa version rockabilly de That's all right Mama, la carrière d'Elvis Presley est lancée. Il lui faut désormais construire son image. Il est encore cet enfant pauvre de Memphis qui doit tout inventer de zéro. Sa pauvreté est une page blanche.
À cette époque, la mode masculine est encore sobre et digne, passe-muraille, à l'image d'un monde...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut